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  | Wong Kar-Wai 2046 (Hong-Kong, 2004) |  |
 |  | Date de sortie française : 20 oct. 2004 |  | |
'2046' est né en 1999 pendant le tournage
de 'In
the mood for love'. Wong Kar-Wai (WKW) en
avait d'ailleurs tourné quelques plans (non retenus) en même temps.
L'achèvement
de 2046 aura pris du temps pour diverses raisons. Citons une gestion du planning
des acteurs problématique (dont l'épisode le plus retentissant
aura été le désengagement
de Maggie
Cheung remplacée par Gong
Li), l'indécision (légendaire) et le perfectionnisme
du réalisateur,
effets spéciaux commandés tardivement à une société qui
n'aura pas pu faire des miracles vu les délais (du coup ces séquences étaient
plus des ébauches de 3D
en filaire et sans les textures qui seront appliquées pour la version
finale) ... Le dernier épisode rocambolesque aura été l'arrivée
très tardive (in extremis
!) au palais des bobines arrivées en jet privé des studio parisiens
qui assuraient les sous-titres. Le festival a du annuler les séances en
journée (et bien sûr
de la veille pour la presse) et utiliser les deux grandes salles du palais pour
une projection au même horaire ("Debussy" pour la presse,
et "Lumière" pour les autres). Inutile de préciser la
confusion et l'agitation qui régnait alors !
Mais revenons au film. 1966, Chow Mo-Wan (Tony
Leung) est de retour à Hong
Kong dans la chambre voisine de la '2046' de l'hôtel qu'il occupait quelques
années auparavant pour écrire des romans d'aventures chevaleresques avec Su
Li-Zhen (Maggie Chung dans 'In
the mood for love').
Il écrit désormais des romans pornos pour vivre. Chow Mo-Wan mène
une vie de débauche, fréquentant les clubs privés et multipliant les conquêtes
féminines. Après la fille cadette du propriétaire de l'hôtel (qui fugue par la
suite), la fille aînéeWang Jing-Wen (Faye
Wong) succombe à Chow. Elle
l'aide à écrire ses romans "de genre" et lui inspire un personnage d'un roman
plus personnel, un roman de science fiction, '2046'. Elle y incarne wjw1967 une
androïde aux émotions décalées, vivant dans un train qui ne s'arrête jamais.
Ses occupants sont venu y retrouver leurs souvenirs perdus, et ne peuvent plus
s'en échapper, sauf le double de l'écrivain (Chang
Chen)
... Chow s'interessera également
à sa voisine de chambre, Bai
Ping (Zhang Yiyi), une
prostitué que son ami Ah
Ping veut séduire. En voulant aider son ami, Chow tombe
amoureux de sa
voisine ... Vient ensuite un nouvel épisode Su Li-Zhen (Gong
Li) dans un tripot.
Son personnage est assez mystérieux, à l'image de son gant noir qu'elle porte
toujours à une seule main. Elle lui paiera ses dettes de jeu et l'entretiendra
un temps ...
Vous le voyez les spectateurs séduits par le (faux) romantisme de 'In
the mood for love' seront surpris. Chow passe du statuts
d'amant non déclaré à celui d'homme à femmes. Comment interprété cette évolution
du personnage. Faut il revoir 'In the mood for love' avec un autre oeil. Ou simplement
Chow ne veut il pas fuir son passé avec ces nombreuses conquêtes (qui redoute
la solitude surtout les soirs de 24 décembre ... ). Et comme le dit WKW,
plus on essaye d'oublier, plus on se rappelle, à l'image de ce train '2046' dont
on ne s'échappe pas. Finalement '2046' rejoint 'In the mood
for love', l'amour est
malheureux pour les personnages qui ne le vivent pas en même temps. Tous les
personnages souffrent de ce même syndrome, cette fois ci à la puissance trois
!
Il faut bien l'avouer, la déception a primé à la fin de la projection. On
attendait beaucoup du film, toutes les rumeurs circulaient autour. On parlait
même d'un film très orienté science-fiction. Déception également dû en partie
par le côté "copie de travail" de la version présentée (la 3D bâclée, la mauvaise
qualité du son, du souffle accompagnant de nombreuses scènes etc). On en voulait
également à WKW d'avoir
réalisé un film esthétiquement très proche (mêmes costumes, même photo - certes
de qualité assurée par Christopher Doyle, même fil rouge musical hispanique,
ici 'Siboney' [ "Yo te quiero,
Yo me muero por tu amor..." ] interprétée
par Connie Francis, évocateur
de Singapour, colonie espagnole d'où est originaire la mère de WKW,
mêmes ralentis etc ). Mais cette déception est atténuée par des éléments originaux,
comme l'étrange pièce du train où les voyageurs vont tantôt chercher leur souvenir,
tantôt confier des secrets auprès d'une espèce de coquillage géant. Les androïdes
aux émotions décalées sont une très bonnes trouvailles et très emblématiques
du thème récurant de WKW (vivre en même temps
l'amour). Il faut aussi parler de la musique signée Peer
Raben,
compositeur des musiques des films de R.W. Fassbinder.
La déception
estompée, on voit différemment'2046' qui se révèle une
fausse suite, et révèle tout son intérêt. Finalement WKW est
comme son personnage masculin, pour oublier et s'échapper de 'In the
mood for love', il ne fallait
pas le fuir mais le revisiter. WKW peut
désormais maintenant passer à autre chose !
PS : cette version n'est peut être pas la version définitive, les producteurs
accordent encore du temps au réalisateur pour un nouveau montage ... à suivre
! 
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