Blanquet - La vénéneuse aux deux éperons (Cornélius, France, 2007)
Blanquet
a récemment ouvert sa panse (titre d'une exposition), et
l'on peut dire que son univers est torturé,
peuplé de personnages masqués,
enfermés ou fantomatiques
(à ce sujet, 'le fantôme des autres'
sera
réédité au Drozophile
cette année
avec ses encres luminescentes) ... 'La
vénéneuse aux deux éperons'
ne nous dépayse pas. Le lecteur devra relire plusieurs fois
le
livre pour remettre de l'ordre dans les différents
éléments. Le mystère du dessin, on y
reviendra, est
décuplé par un récit labyrinthique
à
plusieurs niveaux ; on se retrouve ainsi parfois dans un conte que lit
un
personnage.
Le dessin est dans la lignée de 'la
nouvelle aux pis',
tout en lumières et en ombres, noir ou blanc pas
d'intermédiaires. Le récit est
entièrement graphique ; comme son
prédécesseur ce nouvel ouvrage est muet.
Le lecteur se
retrouve devant un théâtre d'ombres muettes. Cette
approche nous
renvoie aux papiers découpés des tableaux
traditionnels confectionnés durant les longues
soirées d'hiver en Suisse, plus particulièrement
par les
paysans dans 'le pays d'en haut', mettant en scène leurs
vaches.
Le bestiaire de Blanquet
penche lui plus du côté porcin, un
bestiaire dont vous ne ressortirez pas indemne...
[03 Avr. 07, Jean-Marc]
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Mahler - Flaschko 2 (L'Association, Autriche, 2007)
L'homme à la
couverture chauffante [qu'il ne quitte jamais], Flaschko
est de retour. Son quotidien se limite au salon au décor
minimaliste mais autosuffisant pour notre homme à savoir sa
couverture branché à une prise
électrique, son
fauteuil, sa télévision et sa maman (en fait, il
se
passerait volontiers de ce dernier élément). Vous
croyiez
avoir fait le tour de ses aventures trépidantes,
c'était
mal connaître Mahler
son géniteur dessinateur. Dans ces nouveaux
épisodes, la mère de Flaschko
découvre son journal intime (qu'il a
arrêté au bout
de trois jours). Elle doit quitter son fiston pour une intervention
à l'hôpital, que l'on suivra plus tard
à son retour
dans le salon : décor unique, je vous disais !
Mahler
dessine le
minimum, mais l'effet est maximum et vous risquez la crise
d'hilarité à sa lecture. Flaschko
a raison : une couverture chauffante suffit ...
enfin dans les mains de Mahler,
expert en drôleries, et en personnages aux grands nez, qui
dépasse de sa couverture pour son héros
nihiliste. Le
dessinateur autrichien nous livrera bientôt
'poèmes'
à sortir chez la Pastèque,
une série d'illustrations habillées d'un seul
titre, du haïku graphique !
[08 Mars 07, Jean-Marc]
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Dupuy & Berberian - Istanbul - Carnets (Cornélius, France, 2007)
Dupuy & Berberian sont
allés croquer la ville d'Istanbul,
après New York, Barcelone, Lisbonne et Tanger. Cette
nouvelle escale nous emmène aux portes de l'Orient,
mais nous restons en Méditerranée. Charles
Berberian nous apprend que ses grands-parents y
ont
vécu avant de fuir la région
inhospitalière pour les arméniens.
D'autres anecdotes plus
légères sont relatées, comme celle des
vendeurs de mouchoirs et vous serez tout sur l'instrument de musique
appelé saz (ou tanburi). Bien sûr on retrouve de
superbes vues de la ville à travers les crayons, feutres et
aquarelles de nos guides dessinateurs, le tout imprimé en
bichromie couleur châtain. L'ambiance de la ville est
magnifiquement
rendue, on sent ses odeurs, on entend son agitation et les sons de la
vie quotidienne (on entend ainsi sonner le vieux tramway à
rame unique en le voyant). Les spectateurs de 'Uzak'
et 'les climats' de Nuri
Bilge Ceylan
ne seront pas dépaysés en revoyant certains
quartiers ou certains éléments de
décor urbain (les bancs en bordure de jetée par
exemple).
Nos deux reporters dessinateurs sont partis avec
deux autres compagnons de voyage, et ils nous ainsi
rapporté quelques images vidéos visibles sur le
site web duber.net
(à voir aussi
les photos de l'exposition organisée par l'institut
français d'Istanbul en février).
On attend avec impatience le prochain voyage,
où poseront-ils leurs crayons ? Resteront-ils en
Méditerranée ? Beyrouth, Athènes,
Jérusalem ... ? La région est vaste et les
possibilités
sont nombreuses, pour notre grand bonheur !
[22 Fev. 07, Jean-Marc]
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Sylvie Fontaine - Le poulet du Dimanche (Tanibis, France, 2007)
Sylvie
Fontaine décompose et recompose son
sujet d'étude, le genre humain. Sa série de
mutations
n'épargne pas (la plupart du temps) ses cobayes. Certaines
se déroulent en famille, à table, d'où
le titre 'le poulet du Dimanche'.
En page de garde de ces
planches, on découvre un dessin
élément constituant un flip-book (à
découvrir en
feuilletant rapidement, donc !). L'ouvrage rassemble
également
quelques dessins pleine page toujours sur le thème de la
mutation humaine ou des dissections.
Sylvie Fontaine a débuté
dans l'éphémère mensuel 'Bachi-Bouzouk'
et sur le site Du9 {web}
(où
sévissait aussi Kaze
Dolemite). On l'a
vu dans bon nombre de collectifs et autres revues (dont 'Rhinocéros
contre éléphant' des mêmes
éditions Tanibis). Elle a
publié quelques ouvrages essentiellement à la
Cafetière et prépare un album
pour la Boîte à Bulles.
Son style graphique emprunte différents visages, parfois
proche
de la peinture abstraite, hachuré,
tramé ou encore
'ligne claire'. Certains styles recoupent parfois certains
travaux
de Killoffer,
Placid
ou encore Mokeït
(au passage éphémère dans
le 9e. Art travaillant
désormais sur le format peinture). L'influence majeure et
originelle serait à chercher du côté de
Moebius,
qui signe la préface, une filiation consentante donc !
[13 Fev. 07, Jean-Marc]
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