André Téchiné - Les témoins (France, 2007)
Été 1984, le
jeune Manu (Johan
Libéreau) débarque
à Paris chez sa soeur (Julie
Depardieu). Il fait la connaissance d'un
médecin Adrien (Michel
Blanc) dans un lieu de rencontres.
Malgré le désir d'Adrien, la
relation restera d'amitié. Lors d'un week-end
près de Marseille, Manu rencontre Mehdi
(Sami Bouajila),
un filc des moeurs, marié à Sarah
(Emmanuelle Béart)
une romancière pour enfant en une crise de
maternité et en crise d'écriture ...
Pas facile de se retourner 20 ans en
arrière
pour parler d'un sujet aussi sensible et complexe que l'irruption du
virus du sida. André
Téchiné y parvient
magistralement, avec un scénario irréprochable
(co-écrit avec Laurent
Guyot), en calant au millimètre. On
entend ainsi la chanson 'Marcia baila' des Rita Mitsouko
au coin d'un juke-box à la période exacte. Il
faut aussi
parler des seconds rôles, là aussi toujours
à bon
propos (comme Jacques Nolot
['sous
le sable'] en tenancier maquereau d'un
hôtel et Xavier
Beauvois en éditeur
littéraire, réalisateur de 'N'oublie pas
que tu vas mourir' autour du même sujet). A travers
la médecine, la loi
et la littérature, 'les témoins'
est une
histoire où le centre bouge constamment (pour reprendre les
propos d'un
protagoniste du film) sans que le spectateur ne soit perdu, il reste
toujours un témoin privilégié chez Téchiné.
[19 Mars 07, Jean-Marc]
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Cinémathèque Française - Comédie à l'italienne (France, 2006)
La cinémathèque française propose
un cycle "comédie à l'italienne" cet été.
Ces comédies acides décortiquaient les travers de la nature humaine
et dénonçaient des injustices sociales. La sélection proposée
couvre 60 ans, de 1937 ('Monsieur Max' de Mario
Camerini) à 1997
('Mais qui a tué Tano ?' de Roberta Torre),
programme complet sur le site de l'institution.
Tous les maîtres
du genre sont à l'affiche : Dino Risi ('le
fanfaron', 'parfum
de femme', 'fou de guerre' avec Michel Colucci alias Coluche...), Mario
Monicelli ('le pigeon', 'casanova 70'...), Pietro
Germi ('Divorce à l'italienne'), Ettore
Scola ('Affreux sales et méchants', 'nous nous sommes
tant aimés', 'drame de la jalousie'...), Luigi
Comencini ('pain
amour et jalousie'). C'est aussi l'occasion de retrouver une pléiade
d'immenses acteurs qui jouaient ces bouffons : Vittorio
Gassman, Nino
Manfredi, Alberto Sordi, Marcello
Mastroianni et leur père à tous Toto.
Photo : Marcello Mastroianni dans 'divorce à l'italienne' [28 Juin 06, Jean-Marc]
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Shohei Imamura - Décès... (Japon, 2006)
Shohei
Imamura s'est
éteint à l'âge
de 79 ans. Il commence comme assistant avec entre autres Yasujiro
Ozu dans
les années
50, avant de passer à la
réalisation en 1958. Il a signé plus de vingt
longs métrages,
son dernier étant 'de
l'eau tiède sous un pont rouge'
(2001) et avait participer
au collectif '11'09'01, 11
septembre' en 2002.
Il était
un des rares réalisateurs (ils sont en tout cinq : Emir
Kusturica,
les frères
Dardenne, le danois Bille
August et Francis
Ford Coppola) à avoir
remporté à deux
reprises la palme d'or au Festival de Cannes : en 1983 pour
'la
ballade de Narayama' et en 1997 pour 'l'anguille'
(partagé avec 'le
goût de la cerise' de Abbas
Kiarostami). On se souviendra également
de son témoignage sur la tragédie de Hiroshima
avec 'pluie
noire' (1989), qu'il avait vécu en 1945
(voir sur ce même
sujet 'H Story' de Nobuhiro
Suwa). Shohei
Imamura laisse désormais Nagisa
Oshima seul réalisateur vivant de la
nouvelle vague nippone.
[30 Mai 06, Jean-Marc]
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Perry Ogden - Pavee Lackeen (Grande-Bretagne, 2006)
Perry
Ogden s'intéresse depuis 15 ans aux
Irish
travellers, une communauté minoritaire au mode de vie
nomade, dont les origines
remontent au moyen âge. Il avait
réalisé un reportage photographique ('poney
kids') sur des enfants travellers qui s'occupaient d'un haras
laissé à l'abandon. Plus tard il assistait avec
son co-scénariste Mark
Venner à des audiences au tribunal
des enfants de Dublin où comparaissent de nombreux enfants
traveller.
Le photographe passant pour la
première fois à la
réalisation déclare avoir puisé
dans les films 'Los olvidados' (1950) de Luis Buñuel
à Mexico et 'Streetwise' (1980)
à Seattle de Martin
Bell lui-même inspiré par
une série de photos de Mary
Ellen Mark. Le résultat est
à la
frontière du documentaire, un documentaire qui nous
décrirait le quotidien de Winnie, une jeune fille traveller.
Si 'Pavee Lackeen' n'est pas
formellement un documentaire, les acteurs sont quasiment tous issus de
la communauté traveller et non professionnels à
quelques exceptions près, et le récit met en
exergue l'exclusion dont est victime ces gens du voyage. Sans
jamais tomber dans le misérabilisme, Perry Ogden
saisit les personnages avec son oeil de photographe. Le spectateur vit
au rythme des espoirs et des désillusions de
Winnie... 'Pavee
Lackeen' a été
remarqué dans de nombreux festivals, Venise, Toronto et
récompensé à Londres (meilleur premier
film) et à Manheim où il a reçu le
prix Fassbinder.
[16 Mai 06, Jean-Marc]
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