Ce numéro de Bile Noire
est
spécial à plus d'un titre. Il suffit de regarder
le bel
objet rose et noir pour noter son embonpoint (plus de 200 pages) et sa
taille XL (pour gaspiller moins de papier chez l'imprimeur [1],
apprend-on dans l'édito). Spécial, car Atrabile
souffle
les 10 bougies de sa revue. Seize numéros (enfin
plutôt 17
: tout a commencé avec un numéro zéro)
en 10 ans,
c'est peu me direz vous ... Daniel, oncle porte
parole des éditions vous dira
dans
son édito qu'une revue mobilise beaucoup
d'énergie (les
appels à contributions, les relances, la fabrication...)...
Energie qui n'est pas transformée en finances sonnantes
trébuchantes, mais en seul plaisir d'éditeur (et
de
lecteur !). D'où la maxime au sujet de sa
périodicité en fin d'ours, 'paraît
quand on peut' (un peu comme sa grande soeur parisienne 'Lapin'
de l'Association
née en 1994).
Si Atrabile
pouvait
réunir la quasi-totalité des contributeurs lors
des vernissages des premiers numéros (voir ce petit
sujet
du zata {le zatapathique illustré alors !}), la chose serait
coûteuse en transport pour cette nouvelle cuvée.
Oui, Bile Noire recrute bien au
delà de la place genevoise, et accueille ainsi Chihoi
de Hong-Kong (qui revient dans une revue francophone après
feu 'Stereoscomic'),
le coréen Kim
Su-Bak (à suivre chez Atrabile en
2007...), le canadien Annable
Grahamm, et l'américain Nilsen
Anders (pages initialement sorties dans la revue
Mome
de Fantagraphics).
Les auteurs de la maison sont aussi
présents, avec l'italien Manuele
Fior, le nordique Jason,
les français Peggy
Adam, François
Olislaeger et Nicolas
Presl. Kaze
Dolemite nous raconte la naissance (accidentelle)
du scratch dans
le Bronx en 1977, Helge
Reumann nous emmène dans les bois (et
vous n'y
retournerez plus comme avant ... surtout si vous croisez des
bûcherons
...), Frederik
Peeters, Baladi,
Ibn
Al Rabin et une histoire biblique
(le stratagème d'Abraham et sa femme Sarah
pour traverser l'Egypte) et
Wazem
avec un sujet 'très délicat et
compliqué' à raconter, fort bien
abordé (contrairement à ce que peut dire sa
petite fille ...).
Une revue est toujours l'occasion de
découvertes, et ce numéro ne
déçoit pas, avec Benjamin
Chaumaz, Iris
et David
Richard (qui signe la superbe couverture).
La couleur, qui avait
déjà fait
quelques apparitions dans les numéros récents,
occupe une
bonne partie de ce numéro ; comme le rose de Baladi
déjà vu en couleur dans les galeries Hinah, ou F. Olislaeger
jouant avec le bleu pour nous montrer l'invisible...). La revue
accueille toujours un petit supplément dirigé par
Andréas
Kündig ('vévévéyé'
pour rêve éveillé, un concept entre Fernando
Pessoã et Gaston Lagaffe, avec
une participation de Guillaume
Long) ainsi que des contributions à
la bande dessinée abstraite lancé par Ibn
Al Rabin.
Voilà donc un copieux
numéro
pour satisfaire
notre appétit aiguisé par sa longue attente. A
vous de
donner un peu d'énergie pour récompenser ce
nouveau tour
de force !
[1] l'industrie papetière travaille avec
de grands rouleaux
au
format standard qui sont ensuite découpés,
pliés ;
l'origine des albums formatés 48 pages vient de cette
contrainte
: il
est décomposé en 3 'cahiers' de 16 pages
taillés
dans les rouleaux sans perdre de papier.
L'Association utilisait les bandes 'perdues' des
couvertures des pattes de mouche originelles pour y imprimer les 'images
chocolats' (à coller dans 'mon album').

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