'Les climats'se
déroule en trois
temps : le temps d'une rupture d'un couple, le temps de la
séparation et le temps d'une tentative de
reconquête. Mais
Nuri Bilge Ceylan
nous parle de
bien d'autres temps. Il y a bien sûr le temps qu'il fait, le
film
s'ouvre sous le soleil de plomb de la côte turque et se
termine
sous la neige dans l'est du pays. Le temps des relations
d'amitié est également
évoqué, avec la
question "depuis combien de temps ne nous étions
pas revu ?". Les
personnages évoluent dans plusieurs temps, le temps des
vacances
et du travail, le temps historique avec les ruines d'un temple, un
temps coupé de la modernité quand une charrette
à
cheval traverse l'écran... D'autres temps plus fugace
jalonnent
le film, celui d'une cigarette, celui d'une décision, celui
du
rêve, ou encore celui d'une boîte à
musique.
Il faut parler de l'esthétique du film
: les
différents lieux sont magnifiquement
photographiés, aux
couleurs chaudes ou froides selon les saisons, selon le temps. Il faut
dire que N.B.C.
pratique la photographie, à l'image des personnages qu'il
incarne à l'écran depuis 'nuages de mai'.
Les scènes sont posées avec une minutie que l'on
retrouve
chez d'autres réalisateurs photographes (comme Abbas
Kiarostami).
Le réalisateur turc ne néglige pas le son, comme
la
dernière scène où tout s'estompe sous
la neige
sauf les aboiements de chiens au loin.
On pourrait trouver quelques parentés
avec Nanni
Moretti pour la manière de se mettre en
scène à l'écran (voir Woody Allen,
naviguant sur une large palette du dramatique au comique, ce
dernier étant plus tragique que 'Uzak'), Ingmar Bergman
pour la matière psychologique ou encore avec Théo Angelopoulos
pour le travail sur la matière du temps. Mais
l'oeuvre de Nuri Bilge
Ceylan est unique, qui se construit au fil de
ses films ('les climats' est le
4e.), à vous désormais de lui consacrer un peu de
temps.
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