 John Porcellino - Moon lake trails (Ego Comme X, USA, 2006)
John
Porcellino édite depuis 1989 les 'King-Cat'
comics, avec plus de soixante numéros à ce jour.
Outre le caractère autobiographique, on est
frappé par sa sensibilité. Il possède
le sens de l'observation et de sa restitution. Des petits riens (titre
du blog dessiné de Lewis
Trondheim), prennent une tout autre dimension dans
ses récits, des petits riens qui éclairent sur
ses relations avec son environnement, humain et nature. La nature est
en effet un élément central de ses histoires
(voir également 'diary of a mosquito abatement man'
édité par La Mano, prix
Ignatz 2005 aux USA dans la catégorie anthologie). Il se
dégage une poésie unique de ce travail sans fin,
servi par un trait simple et figuratif, parfois incomplet (une main
isolée sans le reste du corps, pour marquer son
rôle), dans la même veine que Kochalka
(autre amoureux de la nature dont Ego comme X
prépare la traduction de 'American Elf')
ou Ron
Rege Jr.
C'est tout ceci que nous retrouvons dans 'Moon
lake trails' édité par Ego
comme X dans notre langue (traduit par Alban R.
de feu Stereoscomic),
habillé de brun sur papier ivoire. Ce recueil regroupe
plusieurs histoires où John
Porcellino enfant passe dans l'adolescence, avec
de nombreuses références musicales (Bob Dylan, Woody Guthrie,
R.E.M.,
Hüsker Dü
de Bob Mould...).
Il aura fallu dix ans pour relire John
Porcellino en français :
c'était en 1995 dans le fanzine le Simo
(édité par Joëlle
Manix et Nylso)
que Lolmède
nous présentait son travail issu de 'King-Cat'.
On l'avait aussi vu dans le 'set M' des 2
Watts Box de Bülb.
Je
recommande aux familiers de la langue anglaise, de vous fournir
directement à la source : le poète dessinateur John Porcellino
autoédite via son site la quasi-totalité de sa
production à tout petit prix, après s'être régalé de
cette version française bien entendu ! [29 Juin 06, Jean-Marc] 
|
 Collectif (revue) - Rhinocéros contre éléphant n.Pi (Tanibis, France, 2006)
Ce n'est pas un n°4 qui
succède au n°3 de 'Rhinocéros
contre éléphant', mais un
n° Pi. La revue des éditions lyonnaises Thot
l'Ibis (devenues Tanibis en
2005) avait reçu l'Alph'Art fanzine à Angoulême
pour son n°3. Ce n° Pi est
entièrement consacré aux
mathématiques, une première dans le 9e. Art. La
revue adopte le papier glacé et un dos carré avec
120 pages en noir et blanc, quelques une en bichromie,
feuilles de calque ou sérigraphiées ; du bel
ouvrage bien mis en valeur avec une mise en pages soignée.
Une vingtaine d'auteurs a fait le tour de la
question (Pi*R). Le sommaire accueille également des
photographes et des nouvellistes. Côté
dessinateurs, on trouve bien entendu des traductions
graphiques des mathématiques, comme un monsieur
zéro qui navigue jusqu'à l'infini chez Fafé
(Groinge),
ou encore l'illustration de la réunion, appartenance,
inclusion, intersection et implication de Laure Del Pino,
un système de numérotation à base de corps humains
pour Thierry Van Hasselt (du Frémok
Nord). Les occupants de l'immeuble de Guillaume Long
s'expriment en langage mathématique. Ivan Brun
déroule une démonstration graphique sur un
thème social. On trouve également quelques
énigmes mathématiques : Ibn
Al Rabin (un vrai spécialiste en la
matière, on le retrouve aussi dans la contribution de Baladi)
avec un thriller autour de racine de deux, Hervé
Carrier sur la longue histoire du
théorème de Fermat longtemps resté une
énigme, ou encore la construction des pyramides
égyptiennes chez Claude Amauger.
Oubliez vos mauvais souvenirs scolaires, laissez
les calculettes de côté, ouvrez votre nouveau
manuel de mathématiques, 'Rhinocéros
contre éléphant n°Pi'
!
[20 Juin 06, Jean-Marc] 
|
|
 Collectif - Ethique ? (Drozophile, Suisse, 2006)
Plutôt que de traduire "thinking ethics", une
réflexion issue de débats, répartie
en cinq domaines, la consultante Beth Krasna a fait appel à cinq
auteurs genevois pour une version française
dessinée.
Chacun s'est donc vu attribuer un domaine :
Nadia Raviscioni nous
livre sa vision de la performance et lexique, à savoir si la performance
ne se situe pas dans le long terme...
La conscience est le thème de Wazem, illustré par
Mr Smith, un bonhomme (cousin graphique de l'inspecteur Moroni de Guy Delisle)
rempli de bons sentiments... problème il n'a pas toujours conscience de
ses actions, pas toujours bonnes...
C'est un discours entre un personnage et sa mauvaise
conscience incarnée par un petit ange diabolique (ou diable angelot)
qu'utilise
Tom Tirabosco pour
nous parler de désobéissance...
Isabelle Pralong avait
pour mission d'illustrer éthique et direct, elle présente les dérives
d'un blog au départ
flatteur qui devient ravageur...
Le pasticheur genevois (voir son personnage Zinzin...),
Exem se voit confier le domaine de la connaissance. Des animaux (aux noms pastichés
: Soft Bill, Volartis...) se disputent la découverte de l'étang
magique.
L'éthique est un thème à la mode, des conseillers vendent
grassement des expertises aux sociétés en mal d'image... Mais
ce livre présente bien le sujet dans sa complexité et sa globalité et
pose des questions (ne pas oublier le '?' du titre !) .
L'aborder avec les cinq histoires et les cinq regards différents permet
aussi de mettre cette fameuse éthique en situation. Voilà un collectif
passionnant que nous livre le Drozophile, en bousculant les habitudes
puisqu'il est imprimé en offset, mais la couleur et la fabrication restent éthique ! [09 Juin 06, Jean-Marc] 
|
 Hope Larson - Gray horses (Oni press, USA, 2006)
Noémie quitte la France pour
étudier les Arts en Indiana, à Onion City,
ville jumelée à sa ville de Dijon. Elle
emménage dans un petit appartement sur Montpelier avenue.
Elle fait la connaissance de Anna à l'univesrité. Anna vit
près de chez elle, au-dessus de la boulangerie familiale. Le jour,
Noémie découvre son nouvel environnement,
elle croise souvent un mystérieux photographe. La
nuit, elle devient le cheval du papier peint de sa chambre, ce cheval
vient à l'aide de Marcy, une petite fille qui fuit un
incendie...
Dans ce 2e. ouvrage, rêve et
réalité interagissent,
révèlent et construisent le destin de
Noémie. Hope
Larson nous parle également du
dépaysement. Elle respecte la langue
utilisée par Noémie : anglais pour communiquer ;
français dans ses pensées et ses rêves
(avec dans ce cas, la traduction en double [nb : une
traduction assurée en partie par Mr. Hinah...]).
Comme dans 'Salamender's dream', le lecteur
sent les éléments (le soleil, le froid, le vent,
le bruit d'une fontaine...) par des indications visuelles ou par des
onomatopées. 'Gray horses'
est publié en bichromie, orange pâle et noir (et mauve pour la
couverture nocturne), des plus réussi. Hope Larson
maîtrise l'art de son récit, conjuguant onirisme
et réalité avec un dessin qui respire ses propos.
A vous de chevaucher ce 'Grey horses', et de savoir s'il influencera
vos rêves. C'est aussi une très bonne occasion pour ceux qui seraient
frileux à
l'idée de lire un ouvrage en anglais de
franchir le pas .
[31 Mai 06, Jean-Marc] 
|
|