Shohei Imamura - Décès... (Japon, 2006)
Shohei
Imamura s'est
éteint à l'âge
de 79 ans. Il commence comme assistant avec entre autres Yasujiro
Ozu dans
les années
50, avant de passer à la
réalisation en 1958. Il a signé plus de vingt
longs métrages,
son dernier étant 'de
l'eau tiède sous un pont rouge'
(2001) et avait participer
au collectif '11'09'01, 11
septembre' en 2002.
Il était
un des rares réalisateurs (ils sont en tout cinq : Emir
Kusturica,
les frères
Dardenne, le danois Bille
August et Francis
Ford Coppola) à avoir
remporté à deux
reprises la palme d'or au Festival de Cannes : en 1983 pour
'la
ballade de Narayama' et en 1997 pour 'l'anguille'
(partagé avec 'le
goût de la cerise' de Abbas
Kiarostami). On se souviendra également
de son témoignage sur la tragédie de Hiroshima
avec 'pluie
noire' (1989), qu'il avait vécu en 1945
(voir sur ce même
sujet 'H Story' de Nobuhiro
Suwa). Shohei
Imamura laisse désormais Nagisa
Oshima seul réalisateur vivant de la
nouvelle vague nippone.
[30 Mai 06, Jean-Marc]
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Perry Ogden - Pavee Lackeen (Grande-Bretagne, 2006)
Perry
Ogden s'intéresse depuis 15 ans aux
Irish
travellers, une communauté minoritaire au mode de vie
nomade, dont les origines
remontent au moyen âge. Il avait
réalisé un reportage photographique ('poney
kids') sur des enfants travellers qui s'occupaient d'un haras
laissé à l'abandon. Plus tard il assistait avec
son co-scénariste Mark
Venner à des audiences au tribunal
des enfants de Dublin où comparaissent de nombreux enfants
traveller.
Le photographe passant pour la
première fois à la
réalisation déclare avoir puisé
dans les films 'Los olvidados' (1950) de Luis Buñuel
à Mexico et 'Streetwise' (1980)
à Seattle de Martin
Bell lui-même inspiré par
une série de photos de Mary
Ellen Mark. Le résultat est
à la
frontière du documentaire, un documentaire qui nous
décrirait le quotidien de Winnie, une jeune fille traveller.
Si 'Pavee Lackeen' n'est pas
formellement un documentaire, les acteurs sont quasiment tous issus de
la communauté traveller et non professionnels à
quelques exceptions près, et le récit met en
exergue l'exclusion dont est victime ces gens du voyage. Sans
jamais tomber dans le misérabilisme, Perry Ogden
saisit les personnages avec son oeil de photographe. Le spectateur vit
au rythme des espoirs et des désillusions de
Winnie... 'Pavee
Lackeen' a été
remarqué dans de nombreux festivals, Venise, Toronto et
récompensé à Londres (meilleur premier
film) et à Manheim où il a reçu le
prix Fassbinder.
[16 Mai 06, Jean-Marc]
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Festival de Cannes - Le menu 2006 (Cannes, 2006)
Le rideau s'est
levé sur le programme du prochain festival
de Cannes, du 17 au 28 mai, 59e du nom,
présidé par Wong
Kar Waï, avec entre autres à
ses côtés, les
réalisateurs Elia
Suleiman ('intervention divine')
et Lucrecia
Martel ('la niña santa').
Les différentes
sélections, les officielles, hors compétition et
un certain regard ont été
dévoilé depuis peu, en voici un tour d'horizon
non exhaustif des 19 films en compétition, autant hors
compétition et 25 dans 'un certain regard' (nb : les dates
de sorties concernent la France).
Commençons par les
habitués récompensés, en premier lieu Nanni
Moretti, le seul à avoir reçu
la palme d'or en 2002 pour 'la chambre du fils' qui
revient avec 'le caïman'
déjà présenté dans ces
colonnes (sortie le 22 mai). L'espagnol Pedro
Almodovar présentera 'Volver'
(sortie le 17 mai). Doublement récompensé en 2003
avec 'Uzak', le turc Nuri
Bilge Ceylan revient avec son 4e film, 'les
climats' (sortie 17 janvier 2007). On se souvient la
polémique autour de 'l'humanité'
de Bruno Dumont
et son prix d'interprétation féminine. Son 4e
film s'appelle 'Flandres' (sortie
le 30 août). Le finlandais Aki
Kaurismäki, grand prix en 2002 pour 'l'homme
sans passé', avec cette fois-ci 'Les
lumières du faubourg' (sortie 1er nov.).
Le vétéran anglais Ken
Loach sera présent avec 'le
vent se
lève' sur le conflit de
l'indépendance irlandaise en
1919.
Ceux-ci ont déjà connu la
sélection officielle mais sans récompenses. Lou
Ye
présentera 'Palais
d'été' sur la contestation
étudiante chinoise du début des années
90 (sortie inconnue). L'italien Paolo
Sorrentino sera de retour avec 'L'ami
de la famille'.
D'autres accèdent à la
compétition officielle après d'autres
sélections cannoises. Sofia
Coppola, découverte par la quinzaine
avec 'Virgin suicides', présente son 3e opus, 'Marie-Antoinette'
(sortie 24 mai), film tourné en costumes en grande partie
à Versailles. Un certain regard avait
présenté 'Casa de lava', Pedro
Costa vient cette année avec 'En avant
jeunesse !' (sortie inconnue), tourné
dans le quartier cap-verdien de Fontainhas dans la banlieue de
Lisbonne. L'argentin Adrian Caetano accède
en dernière minute (il était prévu dans un certain regard) à la
sélection
officielle avec 'Cronica
de una fuga'.
Richard
Linklater fait coup double avec 'Fast food nation'
(sortie inconnue, basé sur un roman d'Eric Schlosser)
en compétition officielle et avec 'A
scanner darkly' présenté dans
un certain regard, adapté lui d'un roman de Phillip K. Dick,
rotoscopé comme l'était 'Waking life'.
Le belge Lucas Belvaux,
dont ont se souvient sa trilogie sortie
(quasi)simultanément, présentera 'la
raison du plus faible' (sortie 19 juillet).
De nombreux films seront
présentés hors compétition, de
nombreuses grosses productions américaines que nous tairons
ici, mais signalons dans cette catégorie, 'Transylvania'
de Tony
Gatlif (sortie le 4 oct.) et de 'Volevo
solo vivere' de Mimmo
Calopresti. Parlons également brièvement
de la sélection 'Un certain regard' avec un oeil sur le tadjik Djamshed
Usmonov, acteur dans 'la route' de Darejan
Omirbaev. On y verra également un film
collectif de 20 réalisateurs sur les 20 arrondissements
parisiens, 'Paris je t'aime'
(sortie le 21 juin). Retrouvez certains films dans les photos
présentées ici.
[02 Mai 06, Jean-Marc]
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Joseph Morder - El cantor (Shellac, France, 2006)
William (Luis Rego)
accueille son cousin excentrique Clovis (Lou Castel)
qu'il n'a revu depuis plus de 30 ans, depuis son départ pour l'Amérique
du Sud puis New York. Les raisons de son retour en Europe
sont
obscures et inquiètent Elizabeth (Françoise Michaud),
la femme de William, qui vient de perdre son
père.
Ces raisons apparaîtront au fur et
à mesure dans le film. Le cantor
interprète des chants yiddish religieux et profanes. Les
cantors
ont connu leur âge d'or à l'époque du
phonographe,
période évoquée dans le film chez un
disquaire havrais (puisque le film se déroule dans la ville
portuaire du
Havre, personnage significatif dans le film, un autre lieu
révélé à la fin
étant aussi
primordial... ). Le grand-père de Clovis
était un
cantor, tout comme son père, cette tradition se
perpétuant au fil des générations...
mais Clovis ne suit pas la lignée et
semble en souffrir (ainsi que les oreilles de ses voisins lorsqu'il
essaye de chanter !). La particule hispanisante
renvoie à l'Equateur où Clovis
s'est exilé un temps ; c'est aussi le pays où est
né le réalisateur Joseph
Morder.
Joseph
Morder réalise son 1er long
métrage
de fiction, après de nombreux documentaires et oeuvres
vidéos (comme son journal filmé depuis 1967, ou
'mémoires d'un juif tropical'). Il
emploie ici le burlesque, en
revendiquant un couple façon Laurel
et Hardy avec Luis
Rego et
Lou Castel
(tous deux acteurs chez Philippe
Garrel). On entre dans
le film par des télégrammes et un voyage en
transatlantique, symboles d'un temps oublié dans notre
époque contemporaine. Le sujet du film tourne autour de
l'oubli
(avec des scènes poignantes issues d'autres films
vidéo
de Joseph Morder)
et autour d'une rupture dans une culture
traditionnelle ... De la gravité donc, que le
réalisateur
sait présenter habillée de burlesque, avec des
acteurs passants magistralement de l'un à l'autre.
[13 Avr. 06, Jean-Marc]
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