Festival de Cannes - Le menu 2006 (Cannes, 2006)
Le rideau s'est
levé sur le programme du prochain festival
de Cannes, du 17 au 28 mai, 59e du nom,
présidé par Wong
Kar Waï, avec entre autres à
ses côtés, les
réalisateurs Elia
Suleiman ('intervention divine')
et Lucrecia
Martel ('la niña santa').
Les différentes
sélections, les officielles, hors compétition et
un certain regard ont été
dévoilé depuis peu, en voici un tour d'horizon
non exhaustif des 19 films en compétition, autant hors
compétition et 25 dans 'un certain regard' (nb : les dates
de sorties concernent la France).
Commençons par les
habitués récompensés, en premier lieu Nanni
Moretti, le seul à avoir reçu
la palme d'or en 2002 pour 'la chambre du fils' qui
revient avec 'le caïman'
déjà présenté dans ces
colonnes (sortie le 22 mai). L'espagnol Pedro
Almodovar présentera 'Volver'
(sortie le 17 mai). Doublement récompensé en 2003
avec 'Uzak', le turc Nuri
Bilge Ceylan revient avec son 4e film, 'les
climats' (sortie 17 janvier 2007). On se souvient la
polémique autour de 'l'humanité'
de Bruno Dumont
et son prix d'interprétation féminine. Son 4e
film s'appelle 'Flandres' (sortie
le 30 août). Le finlandais Aki
Kaurismäki, grand prix en 2002 pour 'l'homme
sans passé', avec cette fois-ci 'Les
lumières du faubourg' (sortie 1er nov.).
Le vétéran anglais Ken
Loach sera présent avec 'le
vent se
lève' sur le conflit de
l'indépendance irlandaise en
1919.
Ceux-ci ont déjà connu la
sélection officielle mais sans récompenses. Lou
Ye
présentera 'Palais
d'été' sur la contestation
étudiante chinoise du début des années
90 (sortie inconnue). L'italien Paolo
Sorrentino sera de retour avec 'L'ami
de la famille'.
D'autres accèdent à la
compétition officielle après d'autres
sélections cannoises. Sofia
Coppola, découverte par la quinzaine
avec 'Virgin suicides', présente son 3e opus, 'Marie-Antoinette'
(sortie 24 mai), film tourné en costumes en grande partie
à Versailles. Un certain regard avait
présenté 'Casa de lava', Pedro
Costa vient cette année avec 'En avant
jeunesse !' (sortie inconnue), tourné
dans le quartier cap-verdien de Fontainhas dans la banlieue de
Lisbonne. L'argentin Adrian Caetano accède
en dernière minute (il était prévu dans un certain regard) à la
sélection
officielle avec 'Cronica
de una fuga'.
Richard
Linklater fait coup double avec 'Fast food nation'
(sortie inconnue, basé sur un roman d'Eric Schlosser)
en compétition officielle et avec 'A
scanner darkly' présenté dans
un certain regard, adapté lui d'un roman de Phillip K. Dick,
rotoscopé comme l'était 'Waking life'.
Le belge Lucas Belvaux,
dont ont se souvient sa trilogie sortie
(quasi)simultanément, présentera 'la
raison du plus faible' (sortie 19 juillet).
De nombreux films seront
présentés hors compétition, de
nombreuses grosses productions américaines que nous tairons
ici, mais signalons dans cette catégorie, 'Transylvania'
de Tony
Gatlif (sortie le 4 oct.) et de 'Volevo
solo vivere' de Mimmo
Calopresti. Parlons également brièvement
de la sélection 'Un certain regard' avec un oeil sur le tadjik Djamshed
Usmonov, acteur dans 'la route' de Darejan
Omirbaev. On y verra également un film
collectif de 20 réalisateurs sur les 20 arrondissements
parisiens, 'Paris je t'aime'
(sortie le 21 juin). Retrouvez certains films dans les photos
présentées ici.
[02 Mai 06, Jean-Marc]
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Joseph Morder - El cantor (Shellac, France, 2006)
William (Luis Rego)
accueille son cousin excentrique Clovis (Lou Castel)
qu'il n'a revu depuis plus de 30 ans, depuis son départ pour l'Amérique
du Sud puis New York. Les raisons de son retour en Europe
sont
obscures et inquiètent Elizabeth (Françoise Michaud),
la femme de William, qui vient de perdre son
père.
Ces raisons apparaîtront au fur et
à mesure dans le film. Le cantor
interprète des chants yiddish religieux et profanes. Les
cantors
ont connu leur âge d'or à l'époque du
phonographe,
période évoquée dans le film chez un
disquaire havrais (puisque le film se déroule dans la ville
portuaire du
Havre, personnage significatif dans le film, un autre lieu
révélé à la fin
étant aussi
primordial... ). Le grand-père de Clovis
était un
cantor, tout comme son père, cette tradition se
perpétuant au fil des générations...
mais Clovis ne suit pas la lignée et
semble en souffrir (ainsi que les oreilles de ses voisins lorsqu'il
essaye de chanter !). La particule hispanisante
renvoie à l'Equateur où Clovis
s'est exilé un temps ; c'est aussi le pays où est
né le réalisateur Joseph
Morder.
Joseph
Morder réalise son 1er long
métrage
de fiction, après de nombreux documentaires et oeuvres
vidéos (comme son journal filmé depuis 1967, ou
'mémoires d'un juif tropical'). Il
emploie ici le burlesque, en
revendiquant un couple façon Laurel
et Hardy avec Luis
Rego et
Lou Castel
(tous deux acteurs chez Philippe
Garrel). On entre dans
le film par des télégrammes et un voyage en
transatlantique, symboles d'un temps oublié dans notre
époque contemporaine. Le sujet du film tourne autour de
l'oubli
(avec des scènes poignantes issues d'autres films
vidéo
de Joseph Morder)
et autour d'une rupture dans une culture
traditionnelle ... De la gravité donc, que le
réalisateur
sait présenter habillée de burlesque, avec des
acteurs passants magistralement de l'un à l'autre.
[13 Avr. 06, Jean-Marc]
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Nanni Moretti - Le Caïman (Italie, 2006)
Après un film purement dramatique, 'la chambre
du fils' auréolé de la palme d'or en 2001, Nanni
Moretti revient à un
cinéma à caractère politique. Les prises de position politique
marquent une bonne partie de sa filmographie et n'épargne aucun des différents
camps. On
se souvient de ses interrogations sur le parti communiste italien dans 'Palombella
rossa' (1989), de son interprétation d'un politicien corrompu dans
'le porteur de serviette' (1991) de Daniele Luchetti sur
les dérives
de Bettino Craxi (socialiste),
ou encore le climat politique entre la victoire de Silvio Berlusconi en
1994 et sa défaite en 1996 décrit dans 'Aprile' (98) , 2ème
volet de son 'journal intime' (94).
'Le caïman' raconte les difficultés
d'une réalisatrice (Jasmin Trinca)
et de son producteur (Silvio
Orlando) à monter
un film autour de Silvio Berlusconi. Ils partent à la recherche
d'un acteur qui accepterait de jouer ce rôle. Nanni
Moretti apparaît
lui même en candidat acteur. Le
film pamphlétaire est sorti en Italie deux semaines avant les élections
du 9 et 10 avril. Il faudra attendre le 17 mai pour le voir de ce côté-ci
des Alpes en période de festival de Cannes où il devrait
faire partie de la sélection ... [1er Avr. 06, Jean-Marc]
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Festival Sundance - Edition 2006 (USA, 2006)
Le festival Sundance s'est achevé fin janvier et révèle
comme chaque année
son lot de surprises indépendantes américaines.
En
2005, Jeff Fuerzeig était récompensé dans
la catégorie
documentaire avec
'the
devil and Daniel Johnston' [site
web]. Après s'être
intéressé dans
un précédent film aux Half Japanese,
ce réalisateur
nous présente Daniel Johnston, malade
mental notoire et musicien non moins notoire (également dessinateur, la
galerie Art's Factory l'exposait à Paris
l'année dernière). Le film sort actuellement aux USA, et reste
pour l'instant sans distributeur hexagonal, on souhaite que cette situation évolue.
On se rappelle du parcours d'un documentaire sur un autre artiste
"underground", Robert Crumb, 1ère
réalisation de Terry
Zwigoff.
Justement, Terry
Zwigoff était présent à l'édition
Sundance 2006 avec
'Art school confidential' [site
web] coécrit avec Daniel
Clowes. Le film
sortira dans les salles américaines fin avril, précédé par
la sortie d'un livre chez Fantagraphics,
et devrait connaître une sortie française plus tard.
On reste avec Daniel
Clowes qui participe à l'élaboration
du scénario du prochain film de Michel
Gondry, 'Master of
Space and Time', une adaptation du roman de science-fiction de Rudy
Rucker.
Retour au festival Sundance, cette édition
2006 proposait hors compétition, un film avec Will
Oldham acteur.
Le musicien folk quitte sa planche de surf et les plages de sable (voir le sujet
sur 'Sprout')
pour les forêts de l'Oregon où se déroule 'Old joy' [site
web]. Le film est réalisé par
Kelly Reichardt, et s'annonce comme un 'Gerry' (Gus
Van Sant) des montagnes. La
bande-son est-elle signée
par Yo
la Tengo. On espère
voir le film bien entendu, mais aussi cette bande originale éditée sur
disque comme l'avaient été les morceaux composés pour les
films de Jean
Painlevé avec 'the sounds of the sounds of the silence'. A
noter que Kelly
Reichardt avait joué dans 'the unbelieable truth' de Hal
Hartley,
que l'on sait amateur du groupe du New Jersey (ils figurent aux génériques
de quelques-uns de ses films et avaient
participé à 'the
book of life').
Voilà donc un petit tour au Sundance qui nous aura fait
passer du cinéma à la musique en passant par la bande dessinée,
un métissage de disciplines que vous propose régulièrement
le zata !
[06 Mars 06, Jean-Marc]
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