 Joseph Morder - El cantor (Shellac, France, 2006)
William (Luis Rego)
accueille son cousin excentrique Clovis (Lou Castel)
qu'il n'a revu depuis plus de 30 ans, depuis son départ pour l'Amérique
du Sud puis New York. Les raisons de son retour en Europe
sont
obscures et inquiètent Elizabeth (Françoise Michaud),
la femme de William, qui vient de perdre son
père.
Ces raisons apparaîtront au fur et
à mesure dans le film. Le cantor
interprète des chants yiddish religieux et profanes. Les
cantors
ont connu leur âge d'or à l'époque du
phonographe,
période évoquée dans le film chez un
disquaire havrais (puisque le film se déroule dans la ville
portuaire du
Havre, personnage significatif dans le film, un autre lieu
révélé à la fin
étant aussi
primordial... ). Le grand-père de Clovis
était un
cantor, tout comme son père, cette tradition se
perpétuant au fil des générations...
mais Clovis ne suit pas la lignée et
semble en souffrir (ainsi que les oreilles de ses voisins lorsqu'il
essaye de chanter !). La particule hispanisante
renvoie à l'Equateur où Clovis
s'est exilé un temps ; c'est aussi le pays où est
né le réalisateur Joseph
Morder.
Joseph
Morder réalise son 1er long
métrage
de fiction, après de nombreux documentaires et oeuvres
vidéos (comme son journal filmé depuis 1967, ou
'mémoires d'un juif tropical'). Il
emploie ici le burlesque, en
revendiquant un couple façon Laurel
et Hardy avec Luis
Rego et
Lou Castel
(tous deux acteurs chez Philippe
Garrel). On entre dans
le film par des télégrammes et un voyage en
transatlantique, symboles d'un temps oublié dans notre
époque contemporaine. Le sujet du film tourne autour de
l'oubli
(avec des scènes poignantes issues d'autres films
vidéo
de Joseph Morder)
et autour d'une rupture dans une culture
traditionnelle ... De la gravité donc, que le
réalisateur
sait présenter habillée de burlesque, avec des
acteurs passants magistralement de l'un à l'autre.
[13 Avr. 06, Jean-Marc] 
|
 Nanni Moretti - Le Caïman (Italie, 2006)
Après un film purement dramatique, 'la chambre
du fils' auréolé de la palme d'or en 2001, Nanni
Moretti revient à un
cinéma à caractère politique. Les prises de position politique
marquent une bonne partie de sa filmographie et n'épargne aucun des différents
camps. On
se souvient de ses interrogations sur le parti communiste italien dans 'Palombella
rossa' (1989), de son interprétation d'un politicien corrompu dans
'le porteur de serviette' (1991) de Daniele Luchetti sur
les dérives
de Bettino Craxi (socialiste),
ou encore le climat politique entre la victoire de Silvio Berlusconi en
1994 et sa défaite en 1996 décrit dans 'Aprile' (98) , 2ème
volet de son 'journal intime' (94).
'Le caïman' raconte les difficultés
d'une réalisatrice (Jasmin Trinca)
et de son producteur (Silvio
Orlando) à monter
un film autour de Silvio Berlusconi. Ils partent à la recherche
d'un acteur qui accepterait de jouer ce rôle. Nanni
Moretti apparaît
lui même en candidat acteur. Le
film pamphlétaire est sorti en Italie deux semaines avant les élections
du 9 et 10 avril. Il faudra attendre le 17 mai pour le voir de ce côté-ci
des Alpes en période de festival de Cannes où il devrait
faire partie de la sélection ... [1er Avr. 06, Jean-Marc] 
|
|
 Festival Sundance - Edition 2006 (USA, 2006)
Le festival Sundance s'est achevé fin janvier et révèle
comme chaque année
son lot de surprises indépendantes américaines.
En
2005, Jeff Fuerzeig était récompensé dans
la catégorie
documentaire avec
'the
devil and Daniel Johnston' [site
web]. Après s'être
intéressé dans
un précédent film aux Half Japanese,
ce réalisateur
nous présente Daniel Johnston, malade
mental notoire et musicien non moins notoire (également dessinateur, la
galerie Art's Factory l'exposait à Paris
l'année dernière). Le film sort actuellement aux USA, et reste
pour l'instant sans distributeur hexagonal, on souhaite que cette situation évolue.
On se rappelle du parcours d'un documentaire sur un autre artiste
"underground", Robert Crumb, 1ère
réalisation de Terry
Zwigoff.
Justement, Terry
Zwigoff était présent à l'édition
Sundance 2006 avec
'Art school confidential' [site
web] coécrit avec Daniel
Clowes. Le film
sortira dans les salles américaines fin avril, précédé par
la sortie d'un livre chez Fantagraphics,
et devrait connaître une sortie française plus tard.
On reste avec Daniel
Clowes qui participe à l'élaboration
du scénario du prochain film de Michel
Gondry, 'Master of
Space and Time', une adaptation du roman de science-fiction de Rudy
Rucker.
Retour au festival Sundance, cette édition
2006 proposait hors compétition, un film avec Will
Oldham acteur.
Le musicien folk quitte sa planche de surf et les plages de sable (voir le sujet
sur 'Sprout')
pour les forêts de l'Oregon où se déroule 'Old joy' [site
web]. Le film est réalisé par
Kelly Reichardt, et s'annonce comme un 'Gerry' (Gus
Van Sant) des montagnes. La
bande-son est-elle signée
par Yo
la Tengo. On espère
voir le film bien entendu, mais aussi cette bande originale éditée sur
disque comme l'avaient été les morceaux composés pour les
films de Jean
Painlevé avec 'the sounds of the sounds of the silence'. A
noter que Kelly
Reichardt avait joué dans 'the unbelieable truth' de Hal
Hartley,
que l'on sait amateur du groupe du New Jersey (ils figurent aux génériques
de quelques-uns de ses films et avaient
participé à 'the
book of life').
Voilà donc un petit tour au Sundance qui nous aura fait
passer du cinéma à la musique en passant par la bande dessinée,
un métissage de disciplines que vous propose régulièrement
le zata !
[06 Mars 06, Jean-Marc] 
|
 Philippe Faucon - La trahison (France, 2006)
Philippe Faucon adapte à l'écran 'la
trahison', un
roman autobiographique de Claude Sales,
sous
lieutenant durant la guerre d'Algérie. Roque dans le film (Vincent
Martinez), commande
une section chargée
d'évacuer
les populations et de les regrouper en camp contrôlé, pour asphyxier
les commandos F.L.N. traqués par les commandos paras. Quatre appelés
"français
de souche
nord-africaine" (F.S.N.A., à ne pas confondre avec les engagés
d'origine algérienne, les harkis), dont Taïeb (Ahmed
Berrhama)
le protégé du
sous-lieutenant, font
partie du groupe. Roque est prévenu par son commandement que ces
quatre hommes préparent son élimination pour se racheter auprès
de leurs frères de sang ...
Le réalisateur né au Maroc en 1958, d'un père
militaire et d'une mère née en Algérie ne raconte pas l'Histoire
de la guerre d'Algérie, mais un épisode au travers le microcosme d'une
section. C'est aussi une histoire humaine qui est montrée ; les rapports
entre Roque et Taïeb passent du respect et de la confiance à la
suspicion puis la trahison. Philippe Faucon filme
le piège qui
se referme sur ces appelés contraints à trahir les leurs (l'un
d'eux déclare
avoir vu sa propre mère dans le visage d'une femme rejetée du camp
... ). Les trahisons sont multiples et dans chaque "camp", le film n'est en rien
manichéen dans un conflit qui ne l'était pas plus. Voilà un
film courageux, sur une période peu abordée dans le cinéma
français, on citera juste 'la bataille d'Alger' (1966) de Gillo
Pontecorvo récemment
ressorti ainsi qu' 'Avoir 20 ans dans les Aurès' (1972) de René Vautier avec
notamment Jean-Michel
Ribes et Philippe Léotard. [12 Fev. 06, Jean-Marc] 
 1 autre article sur Philippe Faucon : • Dans la vie 1 article connexe : • Morvandiau "D'Algérie"
|
|
|