 Festival Sundance - Edition 2006 (USA, 2006)
Le festival Sundance s'est achevé fin janvier et révèle
comme chaque année
son lot de surprises indépendantes américaines.
En
2005, Jeff Fuerzeig était récompensé dans
la catégorie
documentaire avec
'the
devil and Daniel Johnston' [site
web]. Après s'être
intéressé dans
un précédent film aux Half Japanese,
ce réalisateur
nous présente Daniel Johnston, malade
mental notoire et musicien non moins notoire (également dessinateur, la
galerie Art's Factory l'exposait à Paris
l'année dernière). Le film sort actuellement aux USA, et reste
pour l'instant sans distributeur hexagonal, on souhaite que cette situation évolue.
On se rappelle du parcours d'un documentaire sur un autre artiste
"underground", Robert Crumb, 1ère
réalisation de Terry
Zwigoff.
Justement, Terry
Zwigoff était présent à l'édition
Sundance 2006 avec
'Art school confidential' [site
web] coécrit avec Daniel
Clowes. Le film
sortira dans les salles américaines fin avril, précédé par
la sortie d'un livre chez Fantagraphics,
et devrait connaître une sortie française plus tard.
On reste avec Daniel
Clowes qui participe à l'élaboration
du scénario du prochain film de Michel
Gondry, 'Master of
Space and Time', une adaptation du roman de science-fiction de Rudy
Rucker.
Retour au festival Sundance, cette édition
2006 proposait hors compétition, un film avec Will
Oldham acteur.
Le musicien folk quitte sa planche de surf et les plages de sable (voir le sujet
sur 'Sprout')
pour les forêts de l'Oregon où se déroule 'Old joy' [site
web]. Le film est réalisé par
Kelly Reichardt, et s'annonce comme un 'Gerry' (Gus
Van Sant) des montagnes. La
bande-son est-elle signée
par Yo
la Tengo. On espère
voir le film bien entendu, mais aussi cette bande originale éditée sur
disque comme l'avaient été les morceaux composés pour les
films de Jean
Painlevé avec 'the sounds of the sounds of the silence'. A
noter que Kelly
Reichardt avait joué dans 'the unbelieable truth' de Hal
Hartley,
que l'on sait amateur du groupe du New Jersey (ils figurent aux génériques
de quelques-uns de ses films et avaient
participé à 'the
book of life').
Voilà donc un petit tour au Sundance qui nous aura fait
passer du cinéma à la musique en passant par la bande dessinée,
un métissage de disciplines que vous propose régulièrement
le zata !
[06 Mars 06, Jean-Marc] 
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 Philippe Faucon - La trahison (France, 2006)
Philippe Faucon adapte à l'écran 'la
trahison', un
roman autobiographique de Claude Sales,
sous
lieutenant durant la guerre d'Algérie. Roque dans le film (Vincent
Martinez), commande
une section chargée
d'évacuer
les populations et de les regrouper en camp contrôlé, pour asphyxier
les commandos F.L.N. traqués par les commandos paras. Quatre appelés
"français
de souche
nord-africaine" (F.S.N.A., à ne pas confondre avec les engagés
d'origine algérienne, les harkis), dont Taïeb (Ahmed
Berrhama)
le protégé du
sous-lieutenant, font
partie du groupe. Roque est prévenu par son commandement que ces
quatre hommes préparent son élimination pour se racheter auprès
de leurs frères de sang ...
Le réalisateur né au Maroc en 1958, d'un père
militaire et d'une mère née en Algérie ne raconte pas l'Histoire
de la guerre d'Algérie, mais un épisode au travers le microcosme d'une
section. C'est aussi une histoire humaine qui est montrée ; les rapports
entre Roque et Taïeb passent du respect et de la confiance à la
suspicion puis la trahison. Philippe Faucon filme
le piège qui
se referme sur ces appelés contraints à trahir les leurs (l'un
d'eux déclare
avoir vu sa propre mère dans le visage d'une femme rejetée du camp
... ). Les trahisons sont multiples et dans chaque "camp", le film n'est en rien
manichéen dans un conflit qui ne l'était pas plus. Voilà un
film courageux, sur une période peu abordée dans le cinéma
français, on citera juste 'la bataille d'Alger' (1966) de Gillo
Pontecorvo récemment
ressorti ainsi qu' 'Avoir 20 ans dans les Aurès' (1972) de René Vautier avec
notamment Jean-Michel
Ribes et Philippe Léotard. [12 Fev. 06, Jean-Marc] 
 1 autre article sur Philippe Faucon : • Dans la vie 1 article connexe : • Morvandiau "D'Algérie"
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 Cristi Puiu - La mort de Dante Lazarescu (Bac films, Roumanie, 2006)
Mr Lazarescu, Dante
Remus Lazarescu, un homme de 63 ans vivant avec ses chats, ne
se sent pas bien ce soir-là. Il essaye de convaincre la
réceptionniste des ambulances que ce ne sont pas les effets
de l'alcool absorbé la journée. Les voisins sont
tout aussi sceptiques jusqu'à ce que les symptômes
soient plus inquiétants. Une ambulancière le
prend alors en charge pour l'amener à l'hôpital,
mais ce n'est que le début d'une longue nuit. Dante
Lazarescu va passer d'hôpital non
spécialisé en hôpital
surchargé d'accidentés de la route en passant par
des docteurs très procéduriers. Il
connaîtra moins de 9 hôpitaux
différents, mais cela ressemble fort aux 9 cercles de
l'enfer ... et contrairement à ses chats, il
possède moins de 9 vies ...
Puisque nous parlons chiffres, Christian Puiu
se lance dans une réplique aux 6 contes moraux d'Eric Rohmer
en débutant une série de 6 films se
déroulant dans les banlieues de Bucarest. Il aborde avec ce
1er volet, récompensé du prix 'un
certain regard' à Cannes en 2005, le
thème de l'amour du prochain. Dante Lazarescu
est balloté entre différentes mains qui essayent
de s'en séparer au plus vite, seule la
brancardière fait office d'ange gardien en s'accrochant
à son patient. D'autres références
bibliques sont présentes dans le film, avec le Dr
Anghel ou encore le brancardier Virgile. Christian Puiu,
réalisateur hypocondriaque déclare que tout le
monde connaît l'épisode de Lazare
ressuscité, mais personne ne connaît sa mort.
Le film se déroule dans une
unité de temps (une seule nuit, avec peu de coupes) avec des
acteurs dont on voit l'état évoluer en
même temps que les aiguilles des horloges des
hôpitaux. Le film dénonce l'absence
d'humanité qui tend à se
généraliser ; une humanité bien malade
... qu'il faut aller voir à son chevet.
nb : l'affiche est signée Dupuy
& Berberian.
[1er Fev. 06, Jean-Marc] 
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 George Clooney - Good night and good luck (USA, 2005)
'Good night, and good luck'
était la formule de clôture de
l'émission "see it now" de Edward
R. Murrow sur CBS dans les années 50. Le
journaliste y dénoncait les abus du maccarthisme, une
chasse menée par le sénateur Mc
Carthy contre les communistes en pleine guerre froide au
mépris des règles des droits de l'homme. George Clooney
connaît son sujet puisque son père
était présentateur de
télévision (pour son 1er film, 'confession
d'un homme dangereux', il s'était
intéressé à un autre personnage du
petit écran, Chuck Barris), et il avait
lui même entamé des études de
journalisme. On retrouve aussi l'ambiance guerre froide dans ses
débuts à la réalisation avec 'Fail
safe' (voir par
ici) un film
réalisé pour le petit écran
tourné dans les conditions du direct.
George
Clooney nous plonge dans les studios
de la CBS dans les années 50. Il confie le rôle du
présentateur à David
Strathairn très convainquant
(récompensé à Venise), et endosse le
second rôle, le producteur de l'émission
d'investigation. Le casting entier est très
soigné, on retrouve par exemple Jeff
Daniels ('la Rose pourpre du Caire'). Le
travail sur les ombres et lumières en noir et blanc est
magnifique. Le film digère très bien les images
d'archives, tout comme est intégrée de belle
manière la musique : on rejoint
régulièrement la chanteuse Dianne Reeves
et un groupe de jazz dans un studio de la CBS.
Le film nous parle des travers du pouvoir au nom
de la sécurité d'un pays qui a peur (comme le 'patriot
act' de l'administration Bush), le
courage de journalistes pour les dénoncer et les
démontrer sans utiliser une idéologie mais par
des faits (la stratégie de E.R. Murrow
est très bien rendue), mais aussi le déclin du
petit écran ... un film aux multiples enseignements donc.
[17 Janv. 06, Jean-Marc] 
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