 George Clooney - Good night and good luck (USA, 2005)
'Good night, and good luck'
était la formule de clôture de
l'émission "see it now" de Edward
R. Murrow sur CBS dans les années 50. Le
journaliste y dénoncait les abus du maccarthisme, une
chasse menée par le sénateur Mc
Carthy contre les communistes en pleine guerre froide au
mépris des règles des droits de l'homme. George Clooney
connaît son sujet puisque son père
était présentateur de
télévision (pour son 1er film, 'confession
d'un homme dangereux', il s'était
intéressé à un autre personnage du
petit écran, Chuck Barris), et il avait
lui même entamé des études de
journalisme. On retrouve aussi l'ambiance guerre froide dans ses
débuts à la réalisation avec 'Fail
safe' (voir par
ici) un film
réalisé pour le petit écran
tourné dans les conditions du direct.
George
Clooney nous plonge dans les studios
de la CBS dans les années 50. Il confie le rôle du
présentateur à David
Strathairn très convainquant
(récompensé à Venise), et endosse le
second rôle, le producteur de l'émission
d'investigation. Le casting entier est très
soigné, on retrouve par exemple Jeff
Daniels ('la Rose pourpre du Caire'). Le
travail sur les ombres et lumières en noir et blanc est
magnifique. Le film digère très bien les images
d'archives, tout comme est intégrée de belle
manière la musique : on rejoint
régulièrement la chanteuse Dianne Reeves
et un groupe de jazz dans un studio de la CBS.
Le film nous parle des travers du pouvoir au nom
de la sécurité d'un pays qui a peur (comme le 'patriot
act' de l'administration Bush), le
courage de journalistes pour les dénoncer et les
démontrer sans utiliser une idéologie mais par
des faits (la stratégie de E.R. Murrow
est très bien rendue), mais aussi le déclin du
petit écran ... un film aux multiples enseignements donc.
[17 Janv. 06, Jean-Marc] 
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 Steve Buscemi - Lonesome Jim (USA, 2005)
On connaît bien l'acteur Steve Buscemi, il suffit
d'évoquer
le nom de mister pink de Reservoir Dogs (Quentin Tarantino) pour
raviver les souvenirs de ses autres rôles ('Mystery Train' de Jim Jarmush,
'Fargo', 'Big
Lebowski', 'Barton
Fink' des frères Coen, 'Ghost world' de Terry Zwigoff ou encore les
Sopranos à la télévision). Il vient de réaliser son
3ème film, 'Lonesome Jim'
Son personnage principal est interprété par
Casey Affleck (acteur et co-scénariste de 'Gerry' de Gus
Van Sant, et le
frère de Ben Affleck, "acteur hollywoodien" ...). Jim, 27 ans renonce à vivre à New
York où il espérait devenir écrivain (ses maîtres à penser
ont tous mal terminé ...) et
retourne dans une ville perdue de l'Indiana chez ses parents. Il partage la maison
avec sa mère
plus que présente,
un père presque absent, et Tim son frère, père célibataire
de 30 ans. Jim se serait bien vu déprimer tranquillement, mais c'est
Tim qui passe à l'action en voulant mettre fin à ses jours après
une discussion entre frères. Du coup, Jim se retrouve à l'usine
familiale (d'échelles métalliques), heureusement une bonne nouvelle
contrebalance son quotidien, il fait connaissance de Anika
(Liv Tyler), infirmière qu'il rencontre le soir de son retour.
Le film est réalisé avec une économie
de moyens, filmé en grande partie en DV pour un budget total de 500 000$.
On retrouve deux acteurs fidèles déjà présent sur
'Trees Lounge' (1996) et 'Animal factory' (2000) ,
Seymour Cassel (une des dernières
légendes de la famille Cassavetes parenté évidente
de Buscemi), et Mark
Boone Junior (qui joue un oncle déjanté, un second
rôle
hilarant, seconds rôles que connaît bien Buscemi l'acteur).
Le regard de Steve
Buscemi sur
ces personnages est très attachant sans les épargner et
tout en nous posant une question pas évidente,
à savoir comment fuire la déprime (l'affronter dans sa maison
familiale ? se fondre dans une grande ville ? l'écrire ? la fuire loin
? ...).
L'avenir de Steve Buscemi se
conjugue derrière
et devant la caméra,
il réalisera un remake d'un film de Théo
Van Gogh réalisateur
néérlandais assassiné (projet collectif avec Stanley
Tucci et Bob
Balaban), et on le verra dans 'Art school confidential' de Terry
Zwigoff et Daniel
Clowes.
[21 Nov. 05, Jean-Marc] 
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 David Cronenberg - Cycle cinémathèque française (Cinémathèque Française, Canada, 2005)
La cinémathèque
française fraîchement
installée à Bercy (Paris 10ème) consacre un cycle au travail
de David
Cronenberg ce
mois de novembre (du 2 au 27). Tous ses films seront projetés,
des films fantastiques à petit budget des années 70 à 'Spider' (
'History of violence', adapté d'une bande dessinée
du même nom était lui présenté hors cycle, avant sa
sortie nationale le 2 nov.)
en passant par 'la
mouche' réalisé à Hollywood
avant qu'il ne se démarque des grands studios (la reconnaissance des critiques
hors-genre est venue avec 'faux semblant', un film charnière
dans sa carrière, grand
prix au festival du film fantastique d'Avoriaz en 1988). Le travail du réalisateur
canadien est atypique, marqué par des questionnements sur
les mutations humaines qu'elles soient organiques ou psychologiques, avec un
oeil très visionnaire.
La cinémathèque projettera
également certains films de télévision ou court-métrages
(comme 'the italian machine' ou 'letter from Michelangelo') comme
l'avait fait le festival cinéma tout-écran de
Genève en
2001. Autre bonus, on pourra voir sur grand écran le documentaire
de la série
'Cinéma,
de notre temps' 'I
have to make the world be flesh' réalisé par André S.
Labarthe. [28 Oct. 05, Jean-Marc] 
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 Lodge Kerrigan - Keane (USA, 2005)
Dans
la grande gare routière de New York, un homme demande avec insistance
aux guichetiers de l'aide pour retrouver sa fille égarée
en ces lieux six mois plus tôt. L'homme s'appelle William Keane,
divorcé,
sans emploi, sa
seule obsession est de retrouver sa fille. Il est au bord du gouffre, le gouffre
de la folie, un personnage border-line. L'hôtel dans lequel il s'est établit
est un lieu de transit pour personnes en attente de jours meilleurs ... Il y
rencontre une femme et sa fille qui doivent rejoindre le père de famille
parti travailler dans une autre ville. William Keane mérite
t-il la confiance de cette femme qui lui confie sa fille le temps de régler
ses problèmes
...
La caméra qui suit William Keane (plus
exactement l'acteur anglais Damian Lewis)
est celle du new-yorkais Lodge
Kerrigan qui signe son 3ème film ('Claire Dolan' en
98 et 'clean
shaven' en 94). On ne pourra s'empêcher de penser aux travaux des
frères
Dardenne et
en particulier à 'Rosetta' (William
Keane se répète
aussi "je m'appelle ... "), on retrouve le même procédé de
caméra fixée sur son personnage principal, une absence totale de
musique, un générique qui tombe en silence absolu etc. Le
réalisateur revendique des influences anglaises, avec le cinéma
social de Mike Leigh et de Ken
Loach. L'approche
cinéma vérité renvoi
aussi à son aîné new-yorkais John
Cassavetes.
Le cinéma est fait d'influences par delà les frontières
(dans le cas présent l'Atlantique).
Keane n'en
reste pas moins un film original et unique, un film fort qui saisira le spectateur au
delà de ses 90 minutes. [14 Oct. 05, Jean-Marc] 
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