Michel Simon - Rétrospective au Reflet Médicis - Paris (Suisse, 2005)
Michel Simon est né avec
l'invention des frères Lumière,
en 1895 à Genève. A l'occasion des trente ans de sa disparition,
le cinéma Reflet
Médicis du quartier latin de Paris lui rend hommage avec une
rétrospective de 30 films, pour redécouvrir les multiples visages
de cet acteur hors du commun. Tout sauf commun (l'homme avait vécu
avec une guenon durant une période), Michel
Simon soignait un mystérieux mal-être dans le
monde qui l'entourait par le cinéma.
Parmi les 30 films projetés, on le verra en père
Jules dans "l'Atalante" de Jean
Vigo, chez Jean Renoir en Boudu
(sauvé des
eaux), un
film qu'il a produit, ou encore dans "drôle de
drame"
face à Louis Jouvet lors
de la fameuse scène "bizarre
..., vous avez dit bizarre..." (une scène obtenue après
de nombreuses prises pour une lutte de "pouvoir" entre les deux acteurs), ainsi
que dans les films de Sacha
Guitry, Marcel
Carné, Julien
Duvivier, René Clair ou
encore de Dreyer (une
de ses premières apparition, à l'époque du muet).
Voilà une
rétrospective (qui sera relayée dans quelques villes de province,
surveillez vos programmes) pour essayer de percer une partie du mystère Michel
Simon. [07 Avr. 05, Jean-Marc]
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Jean-François Amiguet - Au sud des nuages (Suisse, 2005)
Tout commence par une description quasi ethnologique des personnages,
cinq amis vivants accrochés aux pentes du Val d'Hérens dans le Valais suisse
: scène de chasse au chamois, raclette, alcool de gentiane et combat de reines
(une race de vache). Léon décide ses camarades de faire
leur voyage annuel en train pour regagner Pekin via le transmogolien (Sion -
Berlin - Moscou - Ulan-Bator - Pekin). Son meilleur ami Adrien (Bernard
Verley) est le plus décidé à partir
malgré la perte de son troupeau atteint par la maladie. Le vétérinaire déclare
forfait et c'est Roger (François Morel)
, le neveu de Léon (qualifié
de benêt par les autres) parti à la ville (Genève) qui prend sa place. Petit
à petit, le groupe se réduit : Léon malade
du coeur, les frères Pralong s'inquiètant de leur chien fugueur. A partir de
Moscou, Adrien doit
supporter la seule compagnie de Roger qu'il n'apprécie guère
...
Ce rail-movie est construit autour du mutisme d'Adrien et
de l'avancée inexorable du train. La destination n'est pas celle que l'on croit,
c'est le secret d'Adrien : dans ses nuages. Le film atteind
lui aussi son but final malgré son tout petit budget, la réalisation de Jean-François
Amiguet et l'interprétation de Bernard
Verley touchent au plus juste.
Le film depuis sa sortie a voyagé dans de nombreux
festivals, à commencer par Locarno et il est plutôt rare de voir un film suisse
à l'affiche dans l'hexagone (hors mis ceux de JLG [à noter que François
Musy,
fidèle de JLG, signe le son de ce film]), autant de bonnes raisons d'aller le
voir. [28 Mars 05, Jean-Marc]
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Raymond Depardon - Profils paysans, le quotidien (France, 2005)
2ème chapitre de Profils paysans,
une trilogie qui se clôturera en 2009, "le quotidien"
poursuit le travail de "l'approche",
avec les mêmes paysans quelques années plus tard, chaque chapitre couvrant une
période de 4 ans. Le lien entre les 2 chapitres est un enterrement, symptomatique
de cette agriculture de moyenne montagne (Lozère, Ardèche et Haute Loire) que
filme Raymond Depardon. Le cinéaste
photographe pose sa caméra au bon endroit, interroge sans en absuser : le film
est toujours à la bonne distance, même avec les personnes qu'il connaît de plus
longue date. Parfois amusant (les courses de la semaine en tracteur), mais jamais
moqueur, émouvant mais jamais larmoyant, le ton est toujours juste.
"Il
faut donner la parole à des timides, à des silencieux ..." déclare Depardon.
La parole passe parfois par des silences (parfois douloureux de sens), toujours
du bon sens (une personne âgée qui répond à une dame [étrangère au village] s'interrogeant
"pourquoi je suis filmée ?", "parce que vous
êtes là ! ") ou encore des gestes quotidiens (car
le travail de la terre et des bêtes l'exige). Ce 2ème chapitre
est accompagné d'un court-métrage, "quoi
de neuf au Garet",
où il interroge son frère en train de se séparer d'une partie de la ferme familiale
déjà sujet d'un ouvrage en 1993, "la
ferme du Garet" (éd. Actes Sud), point de départ
de ses portraits de paysans. [15 Mars 05, Jean-Marc]
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Hubert Sauper - Le cauchemar de Darwin (France - Autriche - Belg., 2005)
Un poisson prédateur détruisant les autres espèces,
introduit par erreur (cela reste un mystère) dans le lac Victoria ('berceau
de la civilisation') cause des dégâts au delà de la catastrophe écologique.
La perche du Nil, cet énorme poisson est devenu un eldorado pour les
populations du pays et attire pécheurs et prostitués. Le sida décime
d'autant plus vite ces populations, laissant de nombreux orphelins qui sniffent
les emballages de poissons pour oublier leur quotidien. Les usines de conditionnement
de poisson ont fleuri aidées par les subventions de l'union européenne,
production exportée à 100% dans des avions cargos pilotés
par des équipages russes, avions qui s'écrasent parfois au mieux
dans le lac, au pire aux portes de villages. La logique voudrait qu'ils apportent
de l'aide humanitaire (le nord de la Tanzanie est victime d'une famine), mais
c'est un tout autre chargement que l'équipage avoue amener à demi
mot, des armes. Quel que soit leur niveau et lien direct ou indirect, chaque
participant de cette curieuse macro-économie se masque les yeux sur la
catastrophe écologique,
préférant tirer le profit immédiat (parfois spirituel
comme l'Eglise ...) de cette situation affligeante, devenant lui aussi un prédateur
...
La force de ce documentaire est de placer le spectateur en témoin direct, avec des images brutes de commentaires (hors mis quelques chiffres et faits indiqués en texte à l'écran), et des témoignages captés par Hubert Sauper et son équipe réduite. Ce documentaire prend au plus profond avec des images parfois insoutenables. Mais au delà des images, ce sont la situation et ses imbrications qui sont insoutenables. [08 Mars 05, Jean-Marc]
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