Yarvuz Turgul - Gönül Yarasi (les blessures du coeur) (Too Cool distribution, Turquie, 2005)
'Gönül Yarasi' met
en scène des personnages de générations, mais aussi d'origines sociales différentes.
Nazim, un instituteur idéaliste revient à Istanbul pour sa retraite
après avoir enseigné dans un village d'Anatolie. Pour arrondir une maigre retraite,
il conduit le taxi de son ami d'enfance durant la nuit. C'est ainsi qu'il fait
la connaissance de Dünya une jeune chanteuse / entraîneuse de cabaret, qui fuit
avec sa fille son ex-mari psychopathe qui n'a cesse de la retrouver ...
Voilà un bien curieux film mélangeant comédie douce et drame avec des questionnements
philosophiques (entre rationalisme et fatalisme ...). Les sentiments amoureux
mais aussi des affaires familiales sont au coeur de la trame principale des 2h18
du film porté par des acteurs généreux, avec quelques intermèdes musicaux (une
magnifique chanson kurde, 'Darhejiroke' [tu es un figuier]). Yavuz
Turgul fait
partie des réalisateurs anciens journalistes de cinéma, et signe ici son 6ème
film. Le film a rencontré un grand succès dans son pays d'origine. Too
Cool,
son distributeur hexagonal compte bien élargir son public au delà de la communauté
turque, 'les blessures du coeur' sont universelles. [14 Fev. 05, Jean-Marc]
|
Ronit & Shlomi Elkabetz - Prendre femme (Sophie Dulac distribution, Israël, 2005)
Haïfa, Israël en 1979 (période de paix politique
au moyen orient), un concile de famille réunit Viviane et
ses frères. Ils lui conseille
de renouer avec son mari Eliahou. Les arguments des frères
tournent autour du respect du mari et de la famille. Viviane écoute silencieusement
mais bouillonnanteà l'intérieur, le regard déterminé tout
en fumant cigarette sur cigarette. Réconciliation
il y aura, et la triste routine quotidienne reprendra
de plus belle, délimitée par les traditions religieuses. Mais Eliahou a
de plus en plus de mal à assurer le rôle de chef de famille tel
qu'il l'entend. Les enfants prennent des libertés et sa femme est devenue
indépendante grâce à son
travail de coiffeuse à la maison. Les rêves de Viviane reviennent également
avec le retour d'Albert un ancien amour...
Délimité dans le temps (les 3 jours qui
précèdent le début du Shabbat), le
film l'est aussi dans l'espace, souvent confiné dans l'appartement et
particulièrement
la cuisine de cette famille juive immigrée du Maroc. Cette famille est
celle de Ronit et Shlomi
Elkabetz (soeur et frère),
scénaristes et réalisateurs de "prendre femme".
Le film est un film d'acteurs,
Ronit s'est fait connaître
en France par 'Mariage
tardif' (puis 'Alila' et dernièrement
'mon trésor') et interprète ici Viviane.
Sa performance d'actrice / réalisatrice est dans la veine de John
Cassavetes, avec un cinéma
de personnages forts qui prennent le spectateur au plus profond. Son frère Shlomit après
une courte période d'acteur reste désormais du côté de
l'écriture. Ils ont fait appel à deux acteurs français pour
les deux personnages masculins, Simon
Abkarian ('Ararat')
et Gilbert Melki ( 'les
temps qui changent ',
trilogie Lucas Belvaux). [07 Fev. 05, Jean-Marc]
1 autre article sur Ronit & Shlomi Elkabetz : • Les sept jours
| • Sophie Dulac Distribution
|
|
|
John Cassavetes - Minnie et Moskowitz / Husbands (USA, 2005)
En 1970, John Cassavetes réalise son 1er
film en couleurs,
"Husbands", l'histoire de trois copains (John
Cassavetes, Ben Gezzara et Peter
Falks) en crise après l'enterrement
d'un ami. Un an plus tard il réalise "Minnie
et Moskowitz" avec Gena Rowlands et Seymour
Cassel (avec des moustaches de gaulois!) .
Moskowitz impulsif et fougueux et sans grande éducation quitte
New York pour le soleil de Los Angeles. Il y fait la rencontre de Minnie une
femme cultivée et intelligente ... Rares sont ceux qui sont parvenus comme John
Cassavetes à
filmer la force de l'amour.
Ces deux films ressortent actuellement en salle
, à voir ou à revoir, l'occasion de redécouvrir la "famille" Cassavetes (ses
acteurs, mais aussi sa maison, lieu de tournage commun à nombreux de ses films,
mais aussi Mme Cassavetes et Mme Rowlands mères qui jouent les rôles des
mères de Minnie et Moskowitz). Une sortie qui
laisse présager d'une prochaine édition dvd ... [26 Janv. 05, Jean-Marc]
|
Hayao Miyazaki - Le château ambulant (Ghibli studio, Japon, 2004)
Adapté d'un roman anglais de Diana Wynne Jones, "le château ambulant" reprend tout l'univers imaginaire de Hayao Miyazaki, naturaliste, et baroque (une ville au style hollandais du XIXème, comme dans "Kiki la sorcière" où accostent des bateaux de guerre au style futuriste). L'écran déborde de couleurs pour le régal du spectateur (sans lui nuire [cf une déclaration de Tati ...]). Le film contient les thèmes récurrents de Miyazaki, la métamorphose, le double, des enfants seuls et responsables, ainsi que l'amour salvateur. On retrouve également des éléments graphiques d'anciennes de ses oeuvres (les machines volantes proches de celles de "Porco Rosso" ou du "Château dans le ciel", les monstres gluants et visqueux de "Chihiro"...). Miyazaki puise aussi dans le monde de l'animation japonaise, le personnage de Hauru a un petit air d'Albator... C'est aussi un maître dans l'art de la récupération, à l'image du château ambulant, assemblage de bric et de broc (un croisement entre une sculpture de Jean Tinguely et de Jan Svankmajer). Joe Hisaishi (auteur des bandes sons des Kitano) signe de nouveau la musique de cette fresque visuelle animée. Malgré toutes ses analogies, Miyazaki livre une nouvelle oeuvre originale. Le film surprendra ses fidèles spectateurs, petits et moins petits avec qui il partage sa flamme intacte!
A noter jusqu'au 13 mars, une exposition Miyazaki
- Moebius à la Monnaie de
Paris. [18 Janv. 05, Jean-Marc]
|
|