Cette série en 5 tomes est
centrée sur la relation entre deux adolescents joueurs de ping
pong,
Hoshino (Peko) et Tsukimoto (Smile). Peko aborde
son sport et la vie avec une certaine nonchalance encore enfantine, il faut
dire que tout lui réussit.
Smile lui est introverti et reste toujours dans la défensive.
Ces deux garçons se sont connus au gymnase tenu par une vieille dame
(Mémé).
L’amitié qui les lie parait inébranlable jusqu’au
jour où Peko délaisse le ping pong après
une cinglante défaite au championnat interlycée. Smile va
s’adjoindre
les conseils d’un entraîneur stakhanoviste, Koïzumi (surnommé
Butterfly Joe lorsqu'il pratiquait les compétitions). Son
jeu se transforme et devient une machine à gagner
ne laissant plus aucune place à des émotions.
Mais Peko veille toujours sur son ami Smile et
entreprend de le sauver en reprenant le ping pong, jusqu’à l’affronter
en finale du tournoi inter lycée ...
Taiyou Matsumoto reprend à son compte un genre
très
répandu
au Japon, le manga sportif destiné à un jeune public masculin.
Il utilise le sport pour en montrer les limites, casser la logique de la compétition,
valeur matraquée aux jeunes nippons. L’important ici n’est
pas le ping pong mais les rapports entre les personnages à la recherche
d’eux-mêmes, une constance dans le travail de ce mangaka à savoir “Frère
de Japon”, “Printemps bleu” et son chef d’oeuvre “Amer
Béton” (en 3 tomes) parus en éditions françaises.
Autre point commun on retrouve deux garçons aux caractères opposés
mais liés par une forte amitié. Peko et Smile ont des airs
de Blanco et Negro de “Amer Béton”. La bienveillance et
l’enseignement de personnes âgés est également présents
dans les deux séries, ici avec Mémé et Koïzumi.
Le mangaka de 35 ans se déclare très
influencé par Moebius (il
a même placé des graffitis le mentionnant avec Schuiten et
Bilal), influences que l’on retrouve dans son trait.
La mise en case est inventive, fait recourt à la métaphore, fait
des “cut-up” entre
le présent et le passé, le réel et l’imaginaire.
Il nous fait rentrer dans les matchs grâce à des angles de vue
les plus fous.
L’édition française est soignée,
couvertures gaufrées,
papier de bonne facture (qui ne laisse pas la page suivante en transparence
comme trop souvent en édition manga...). Elle respecte aussi le sens
de lecture original (de droite à gauche), et éclaire le lecteur
occidental avec des indications sur des notions ou des références
nippones en fin de chaque volume.
Vous êtes prévenu, ping pong est une oeuvre
magistrale, indispensable d’un véritable auteur au langage d’une
richesse rarement atteint quoiqu’il en dise en déclarant dans
une note qui clôture son travail, que face aux auteurs qu’il admire,
il doit améliorer
son dessin. Voilà un maître du manga bien humble!
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