André Téchiné - Les temps qui changent (France, 2004)
Les personnages des "temps qui changent" se cachent tous derrière une fausse façade pour masquer leurs soucis existentiels. A Tanger, Cécile (C. Deneuve) anime une émission de dédicaces à la radio mais ne communique plus avec son mari médecin (qui lui se réfugie dans sa piscine quand ce n'est pas avec l'alcool), ni avec son fils qu'elle accueille à l'aéroport avec sa compagne Nadia (Lubna Azabal). Lui cherchera à voir Bilal, son jeune amant tangérois dans la maison (véritable forteresse) qu'il garde à l'année. Nadia veut rencontrer sa soeur jumelle malgré le fossé qui les sépare (l'une mère célibataire toxicomane, l'autre ancrée dans la religion et ses traditions). Les candidats à l'immigration en Europe se cachent eux dans la forêt en attendant leur départ clandestin. Seul Antoine (G. Depardieu) déclare clairement ses intentions. Il vient d'obtenir sa mutation à Tanger comme responsable d'un vaste chantier. Il retrouve Cécile son premier (et seul) amour 30 ans après et lui annonce qu'il est déterminé à regagner son coeur...
André Téchiné retourne à Tanger (voir 'Loin') et réunit deux monstres du cinéma français pas si souvent à la même affiche (la dernière fois remonte à 1988 avec F. Dupeyron, mais on se souviendra plus du 'dernier métro' de François Truffaut en 1980). Cette affiche ne répond pas à une logique de production "commerciale" (ce n'est pas le genre de la maison Paulo Branco), mais renforce l'histoire du film. Il faut également dire que C. Deneuve était restée fidèle à Téchiné qui lui même n'est pas du genre infidèle (on retrouve à l'écran Lubna Azabal [loin] et à l'écriture un compagnon de longue date Pascal Bonitzer).
Alors un premier amour peut-il devenir un dernier amour? comme questionne l'affiche... [31 Dec. 04, Jean-Marc]
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Arnaud Desplechin - Rois et reine (France, 2004)
Nora (Emmanuelle
Devos),
une galeriste d'arts va se marier avec le 3ème homme de sa vie. Ismael (Mathieu
Amalric)
un violoniste dans un quatuor est en prises avec une série de déboires, poursuivi
par le fisc et par des infirmiers psychiatrique. Il est épaulé par un curieux
avocat junkie (Hyppolite [putain] Girardot)
et une non moins étrange psychiatre. Le film avance séparément sur ces deux
personnages pour se croiser lorsque l'on aborde le passé de Nora qui
refait surface à l'occasion de la maladie de son père (Maurice
Garrel) ...
Arnaud Desplechin réalise
une grande fresque où se mêlent tragédie et burlesque (Mathieu
Amalric le roi des boufons, et des danseurs hip-hop... et une
série
de personnages hauts en couleurs comme l'avocat ou son père [Jean
Paul Roussillon]), mythologie
et modernité (voir le "radio-guidage" de l'assistant de Nora).
Il nous montre la vie, ses "bulles" et ses "lignes droites" (voir
l'explication dans le film) et fait parler les morts ... Il maîtrise très
bien son sujet en rendant cet entrecroisement de personnages limpide, avec un
grand soucis du détail
et une galerie de personnages secondaires qui éclairent les sujets
principaux. Le film vient d'obtenir le prix Louis Delluc 2004. [20 Dec. 04, Jean-Marc]
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Vincente Minnelli - Intégral au centre Pompidou (Paris) (Centre Pompidou, USA, 2004)
Vincente Minnelli a
grandi dans un théâtre musical itinérant, le Minnelli
Brothers que dirigeait son père. Plus tard il devient metteur
en scène de spectacle sur Broadway, tremplin pour Hollywood. Il
y travaillera pour la Metro Goldwin Meyer. Il tourne son 1er
film, "Cabin in the sky" [1943] avec Louis
Armstrong. Il poursuivra dans la comédie musicale avec Fred
Astaire, Gene Kelly, Judy
Garland et Leslie Caron.
Le genre qui lui apportera la notoriété ("Un américain à Paris" [1951]),
mais ne s'y cantonne pas en passant à la réalisation de mélodrames
: "Les ensorcelés" [1952] dépeint l'univers
de pouvoir et de trahison à Hollywood, "Lust for life" [1956]
avec Kirk Douglas en Van
Gogh, "Some came runing" (comme un torrent)
[1958] réunit Dean Martin (“Dino”)
et Franck Sinatra. Vincente
Minnelli est
un réalisateur majeur, perfectionniste de la mise en scène jouant
et maîtrisant parfaitement la couleur alors à ses débuts.
Le centre Pompidou propose pour la 1ère
fois en France l'intégrale de ses films du 1er décembre au 17
janvier [voir
l'agenda des projection] [1er Dec. 04, Jean-Marc]
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Terry Zwigoff - Bad Santa (USA, 2004)
"Bad Santa" est une agréable surprise pour un "film de studio". Il faut dire que le studio en question n'est pas la caricature du studio hollywoodien, et que la réalisation du film est signée Terry Zwigoff apportant sa touche et son "équipe" dans cette comédie très politiquement incorrecte. "Bad Santa" nous montre un père-noël alcoolique et désabusé qui n'aime pas du tout son rôle d'amuseur forcé. Enfin ceci n'est qu'une couverture pour dévaliser le centre commercial qui l'emploie avec l'aide de son complice qui endosse lui pour la circonstance le costume d'elfe. Il trouvera une certaine rédemption (jusqu'où ?) en la personne d'un enfant souffre-douleur ... Le casting est un sans faute, que cela soit dans les rôles principaux emmené par Billy Bob Thornton ("the Barber", d'ailleurs les frères Coen sont à la production) et Tony Cox ou dans les personnages secondaires (Bernie Mac en responsable de la sécurité qui raquette les voleurs... ou John Ritter [son dernier rôle, décédé à l'automne 2003] en directeur de magasin puritain ...). Pour son prochain film, le 4ème, "Art school confidential", Terry Zwigoff retrouvera un univers bédé avec un scénario co-écrit avec Daniel Clowes, l'intérpète principal sera John Malkovich. [29 Nov. 04, Jean-Marc]
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