La fin des années 50 voyait arrivé
un nouveau genre de cinéma, ce que l'on appelle "la nouvelle
vague", avec Jean-Luc Godard, Claude
Chabrol, Alain Tanner ou François
Truffaut. Au même moment, de l'autre coté de
l'Atlantique un jeune homme bouleverse les habitudes d'Hollywood.
Il tourne sans financements de ces compagnies, hors studio, avec une
caméra
16 mm et un enregistreur Nagra (célèbre dans le monde
du radio-journalisme). John Cassavetes est
un cinéaste libre, et peu importe les imperfections techniques,
le plus important se situe dans les relations humaines.
Shadows est à la base
une série d'improvisations mais possède tout de même
une histoire. C'est celle de Hugh et Benny, deux frères
noirs et leur jeune soeur métisse Leila, vivant ensemble
près de Broadway à New York. Hugh connaît
des difficultés dans sa carrière de chanteur de jazz (la
musique omniprésente est signée Charlie
Mingus) et doit faire des compromis avec son manager. Benny traîne avec une bande de copains, dans les cafés,
les rues ou encore au MOMA et se moque de tout. Leila aspire
elle à
une carrière d'écrivain et fréquente un jeune
intellectuel, David, avant de rencontré Tony...
John Cassavetes réalisait
ce film sans avoir connaissance de ce qui se passait en Europe, Truffaut sortait "les
Mistons" en 1957, "les 400 coups" en
1959, la même année que "le beau serge" de Chabrol, "A
bout de souffle" de Godard arrivera
en 1960. Ces deux mouvements cinématographique se rencontreront
et s'influenceront mutuellement plus tard ("Jules et Jim" de Truffaut n'est
il pas un héritier de Leila et ses deux prétendants
de "Shadows"). Quarante ans plus tard, le cinéma
libre de Cassavetes marque toujours
spectateurs et cinéastes (Jean-François Stévenin est
de ceux là). 
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