
crédit photo : S.Louis, Polystyrène |
Une jeune femme française arrive à
Trieste pour enquêter sur un écrivain qui n'a jamais écrit
de livre. Son parcours la mènera bien entendu dans tous les lieux
littéraires que compte la ville (bibliothèques, librairies),
mais aussi des lieux plus inattendus, comme un hospice où réside
une ancienne poète. La jeune femme étrangère est
bien seule dans ses recherches et face aux questions qui restent sans
réponses...
Le personnage de l'écrivain sans livre
a bien existé, il s'agit de Roberto
Bazlen. Il a vécu à Trieste, traduit Kafka en
italien et fréquentait James Joyce. Matthieu Amalric reprend quant à
lui pour son 2nd long métrage, un roman de Daniele
Del Guidice qui a imaginé cette (en)quête, avec
quelques adaptations (le personnage du roman était un homme,
et plus fourni en références littéraires). Si le
scénario n'est pas original, le sujet lui est très personnel. Amalric se
cache derrière
cette histoire mais on sent ce même état d'ésprit
et ses mêmes doutes. Le personnage féminin est son double,
un double particulier, puisqu'il s'agit également de "sa
moitié", Jeanne Balibar accompagne aussi Amalric dans la
vie (réel)...
Il filme un personnage en constant décalage
avec son environnement (en maillot de bain dans
un bar au milieu de
consommateurs habillés, sur une plage réservée
aux hommes...). On la voit également aux coté d'un géomètre
qui effectue des mesures, d'un employé qui trace les lignes d'un
terrain de tennis... alors que sa pensée et à mille lieux
d'un cheminement rectiligne... On retrouve aussi des "traces",
laissée par un avion dans le ciel azuréen ou par un surf
sur la mer...
Le film a été réalisé
sur une longue période, selon les disponibilités de chacun.
"Le stade de Wimbledon" joue sur son titre,
le film est à mille lieux de l'évocation sportive, mais
bien une quête intérieure, une réflexion d'auteur.
Je vois déjà les protestations, "oui encore un
film prise de tête...", mais non justement, il est tout
sauf ennuyeux, ponctué d'humour ou de passages légers,
comme des interludes.
Voir la chronique sur "Humour" de Pajak,
réflexions dessinée autour de James Joyce,
de Trieste, de quêtes et autres réflexions.. |