
Le festival cinéma tout écran de Genève 7ème édition
vient de baisser son rideau. Avant de s'attarder plus en détails sur
quelques films, je vous propose un tour d'horizon et une présentation
des différentes catégories :
la
'compétition officielle' présente une sélection
internationale de productions de fictions produites par et pour la
télévision. C'est en quelque sorte la crème
de la crème des téléfilms, des uvres originales
par leur sujet, leur traitement, où l'on retrouve des réalisateurs
du 7ème art (Claire Denis primée
en 1999 pour 'beau travail' pour
n'en citer qu'une car la liste serait longue !).
Au niveau tête d'affiche 2001, on trouvait Catherine
Breillat avec 'brève traversée' (1er volet
d'une nouvelle collection produite par Arte, masculin/féminin) et Danny
Boyle avec 'Strumpet'. Le zata vous en parle
plus longuement en fin de page...
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taxi brousse |
'International
series', comme son nom l'indique s'attache aux séries. A noter
la présence cette année d'une série africaine, 'Taxi
brousse' d' Ignace Yechenou & Claude Balogoun,
aux cotés d'épisodes inédits d'Absolutely fabulous.
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Angela |
les
'court métrages' (avec une nuit uniquement consacrée à ce
format). On y retrouve de nombreux courts d'animation (certains vus à Annecy)
ou encore 'Angela' d'Amos Kollek,
réalisé pour une série de la ZDF, 'Erotic
tales'
qui a largement inspiré 'Queenie in Love'...
Un mot sur 'Dialogue à une voie' de Joelle
Isoz, dessinatrice genevoise qui avait déjà réalisé un
clip-vidéo pour les Maniacs,
histoire de re-dire que les passerelles entre les arts sont nombreuses,
et que l'animation du bout du lac est fameuse (Georges
Schwizgebel, Claude Luyet...).
Sont également
présentés hors compétitions, quelques 'nouveautés'
téléfilms parmi lesquels on citera 'l'héritière'
de Bernard Rapp, ou encore 'Come
quando fuori piove' de Mario Monicelli,
monstre du cinéma italien, voir 'le pigeon'
des
'avant-premières' cinéma, avec 'L'emploi
du temps' nouveau film de Laurent Cantet,
'Ma femme est une actrice' d'Yvan
Attal, 'Potlach' de Pierre
Maillard, film suisse tourné avec une troupe d'étudiants
d'une école d'art dramatique (l'ESAD)
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Photo fest.Cannes |
une
rétrospective, sous le nom de 'grand cinéaste sur
petit écran'. Cette année David
Cronenberg était à l'honneur. Le 1er programme
rassemblait les plus anciennes réalisations (1971-76), des court-métrages, tourette',
'letter from Michelangelo', 'Jim Ritchie Sculptor',
ainsi que 3 téléfilms 'Secret weapons', 'the
Lie chair' et 'the italian machine'. Ce dernier
nous fait découvrir un David Cronenberg surprenant
(les autres le sont un peu moins...), avec un certain humour et une réalisation
qui garde encore de la fraicheur malgré son âge. On y voit
un groupe de motards à la recherche d'une moto mythique, une Ducatti
Super Sport, qui se retrouve au beau milieu du salon d'un collectionneur
d'Art singulier ! Ils se feront passer pour des reporters-photographes
pour approcher l'objet de leur convoitise... Ils s'associeront à un
jeune apollon, propriété du collectionneur (je vous avais
dit qu'il était singulier !), pour acquérir cette moto...
Le 2ème programme couvre une période plus récente avec 'Regina
vs Horvath', 'Regina vs Logan' et 'Camera'.
Un
autre hommage était rendu en marge du festival à Michel
Soutter. Ce réalisateur suisse décédéen
91 avait été l'assistant d'Alain
Tanner ou
de Claude Goretta avant de réaliser
ses propres films. Il était également le promoteur du 'groupe
5' qui instaurait une formule de financement de films par la
télévision. 'Les arpenteurs' que Soutter réalise en
1972 (récompensé à Cannes avec le prix du jury)
est issue de ce fameux 'groupe 5', tout comme 'Charles
mort ou vif' de Tanner ou
encore 'le fou' de Claude Goretta...
Une époque fantastique pour le cinéma helvète (c'était également
les débuts de Jean-Luc Bideau),
ces films restent trop peu connus... Un hommage judicieux donc pour ce
festival qui ouvre les passerelles entre le petit et le grand écran.
Signalons enfin pour être complet l'organisation de conférences
pour débattre sur les relations entre le petit écran et le cinéma.
Voilà pour les présentations, je vous propose de développer
quelques films et séries projetés :
'Strumpet' était
une tête d'affiche de la compétition officielle. Danny
Boyle revient de Hollywood ('la plage') et signe
un téléfilm très british pour la BBC. Il
s'agit d'une rencontre entre deux marginaux. Strayman est un poète
vagabond introverti. Comme il l'avait fait pour une meute de chiens,
il recueille une jeune fille, Strumpet. Elle trouvera l'inspiration à la
guitare sur les paroles de Strayman., Les oreilles d'un autre
marginal vont passer par là, et il va s'improviser imprésario.
Ils partent à Londres pour signer sur un label et suprême
récompense finir à Top of the Pops, la célèbre émission
de la BBC...
Le film est très rythmé, tourné en DV, l'interprétation
est irréprochable. On ne s'attendait pas du tout à un Danny
Boyle très social, avec un sujet et des personnages que ne
renieraient pas totalement Mike Leight ou Ken
Loach. Une bonne surprise donc !
Secret
tears (Bimiil) du Coréen Park
Hi-Hyung. Ku-Ho et deux collègues rentrent un petit
matin après une soirée arrosée (alcool et karaoké :
on est en Asie !), lorsqu'il heurtent une jeune fille sous une pluie diluvienne
au milieu de la route. Ils retrouvent quelques mètres plus loin, le corps...
toujours en vie, sans une seule blessure visible. Il ramène la jeune fille, Mijo,
muette chez Ku-Ho. Une étrange relation s'installe entre les 2,
ils communiquent sans se parler dans la plus grande incompréhension de
leur entourage, voyant là une histoire d'amour impossible entre cet employé divorcé et
cette jeune adolescente. Enfin la différence d'âge n'est pas seul
en cause, Ku-Ho va découvrir le fil des évenements qui ont
précédé leur rencontre singulière...
Park Hi-Hyung est un réalisateur
coréen de 35 ans. Il maîtrise parfaitement les effets visuels,
particulièrement des ralentis superbes, ou des fondus enchaînés
magistrales qui traduisent la relation particulière entre les
deux personnages... Le titre 'thank you for earing me'
de Sinned O'Connor est également
de circonstance ! Voilà donc un emballage très réussi,
le contenu est également intéressant, le coté surnaturel
n'est pas sans rappeler Himitsu, film japonais du festival
2000... C'est certain vous ré-entendrez parler de ce Park Hi-Hyung !
Keep
away from the window de Jan Jakub Kolski .
Le film est produit par Canal + ... Pologne. Tout commence sous
l'occupation allemande de la seconde guerre mondiale dans un petit village
polonais. Barbara et Jan, jeunes mariés désespèrent
obtenir un enfant. Le couple va pourtant connaître la venue d'un
3ème personnage ..., Regina une jeune juive qu'ils décident
de cacher. Rapidement Regina tombe enceinte (son hébergement était-il
désintéressé ou non ?...). La grossesse n'est pas
des plus sereine, elle doit se cacher dans l'armoire lors des visites
et Barbara doit simuler elle même une grossesse pour ne
pas éveiller les soupçons après l'accouchement...
S'installe une étrange relation à trois... Je n'en dit
pas plus sinon que le film couvre plus d'une vingtaine d'année.
Jan Jakub Kolski s'était déjà fait
remarqué en 98 avec un prix au festival cinéma tout écran
pour 'the history od the cinema Popielawy'. Confirmation
donc pour ce réalisateur très doué !
on
termine par une série réalisé par le canadien Ken
Finkleman, déjà remarqué en 99 avec une
autre série 'Foolish heart'. 2 épisodes étaient
présentés :
un réalisateur en voyage à Venise se souviens d'un reportage lors
du conflit en Bosnie.
'the body' met en scène une nouvelle d'Italo
Calvino. Une femme perd son maillot de bain en nageant et n'ose pas
revenir sur la plage... Cette dame timide, enfin ce n'est pas seulement de la
timidité n'est autre qu'Arsinée Khanjian (Mme Egoyan)
avec quelques dialogues en français, charming ! Ken
Finkleman sait raconter des histoires avec style !
Le reste n'etait pas moins intéressant,
ce festival est une mine de perles à découvrir. Il existe des
réalisations pour la télévision de qualité, ce
festival le prouve, les téléspectateurs exigeants peuvent trouver
matière sur le petit écrans. Reste à espérer que
les programmateurs de chaînes ont pris des notes...
Ne jetez pas encore votre télévision,
elle peut (parfois) servir !
N.B. : mille mercis à l'organisation du festival pour
son accueil et sa confiance au zata ! 
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