Quand
j'ai vu le disque 'Enrico (Macias) Experience' pour
la 1ère fois au milieu du rayon musiques électroniques, j'ai d'abord
pris mon disquaire pour étourdi, voir blagueur (mais ce n'était
pas un 1er avril...). A la lecture de l'autocollant promotionnel (le fameux "sticker",
indispensable outil marketing...), je comprenais déjà mieux. Enrico
Macias ne s'était pas converti en DJ (DJ Enrico !), mais c'est
la scène électronique qui revisitait son répertoire.
Le plus surprenant est de voir des artistes internationaux travailler sur
ce projet, Bill Laswell en premier. Certes
il nous avait habitué justement à ne pas nous habituer. On l'a
vu aux cotés de W.S.Burroughs (et
son groupe Material), ou l'année dernière
aux cotés de musiciens cubains à la Havane pour n'en citer que
2. Autre invité surprise, Mike Laad vient
de la scène hip hop (2 disques solos très recommandés par
le zata, et un projet avec the Infesticons).
Parmi les autres participants, on retrouve (plus logiquement) des gens de
la scène électronique française : le Grand
Popo Football Club (groupe d'Ariel Wizmann), Concorde
Music Club (groupe de l'excellente maison lilloise b pourquoi b
?) etc
La réussite de ce projet est à la hauteur de
son originalité.
Les titres originaux passés au mixeur électronique relèvent
une saveur particulière. Les instruments traditionnels orientaux ne sont
pas broyés et sont toujours présents (la flûte, la sitar,
violons, les percussions...). La voix d'Enrico Macias est
subtilement utilisé quelques fois manipulé. Les phrases sont répètées,
mais souvent les refrains sont conservés. Quelques morceaux sont en langue
arabe et sont empruntés au répertoire traditionnel maghrébin.
Certains ont utilisé différemment un même
titre, 'l'oriental'
et 'le mendiant de l'amour'. Mon préféré reste
le travail de Mike Laad sur 'le vent
du sud' ('il enflamme les jardins de Buenos Aeres, il arrête
les soldats dans le désert...'), où les cuivres se mêlent à une
rythmique renforcée.
Ce disque est bien loin des clichés que l'on peut avoir
sur Enrico
Macias (le rare souvenir que j'en avais avant cela était ses
prestations sur les plateaux de Michel Drucker !).
La musique orientale indienne était déjà passé aux
mains des bidouilleurs de sons (Talvin Singh en
tête), c'est au tour du Maghreb avec ces superbes morceaux pour qui veut
bien laisser de coté ses préjugés... (la beauté de
l'Orient n'est elle pas cachée...).
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