
Un homme
et une femme évoluent sous nos
yeux dans un décor théâtral, le plan s'élargit,
on aperçoit alors des fils. Ce sont des poupées qui jouaient,
manipulées par un marionnettiste, Craig très éprouvé par
le coté dramatique de la scène. La sueur coule sur son front,
l'homme est passionné ! Voici la scène d'ouverture de ce film.
Le décor est planté, le spectateur est avertit, le maître
des lieux est habile, il sait trompé son monde (il faut bien 1 à 2
minutes pour se rendre compte qu'il s'agit de marionnettes). Ce marionnettiste
donc se trouve confronté à la dur loi de l'artiste ne pouvant
vivre de son art. Sa femme Lotte qui élève une petite
ménagerie (bien vivante, il n'y a pas de fils au bout de son chimpanzé et
autres perroquets...) le pousse donc à trouver un travail plus alimentaire.
C'est chose faite, il sera archiviste au 7ème étage et demi d'un
immeuble new-yorkais dans une société dont la localisation n'est
pas plus énigmatique que ses activités... Il y tombe amoureux de sa collègue de travail, Maxine sans être réciproque.
Ce ne sera pas son unique découverte sur son lieu de travail, il trouve
en effet une porte donnant sur un tunnel qu'il s'empresse d'explorer ... pour
se retrouver dans l'esprit de John Malkovich durant une quinzaine de
minutes pour être expulser à la porte du New Jersey... Il s'empresse
de révéler son secret à Maxine qui devient un peu
plus amical et intéressée... (dans le sens dollar$)...
Voilà le premier 1/3 du film, je ne vous en dévoile
pas plus... Ceci se révélerais une entreprise fastidieuse, car
le film est un assemblage de pistes diverses. L'intrusion dans l'esprit et
le corps de John
Malkovich donne lieu à une multitude de scènes suivant les
configurations des protagonistes visiteurs... Tout ceci bouleverse le spectateur
bien sûr, mais aussi les personnages du film, décuplant sa richesse.
On ne s'ennuie pas une seconde et pas avec des effets visuels comme le passé du
réalisateur pouvait le laisser craindre bien au contraire. Spike
Jonze vient en effet du monde du clip vidéo (Björk,
Sonic Youth, R.E.M. etc ...) et de la culture skatter. Ce jeune
réalisateur trentenaire s'est associé avec Charlie
Kaufmann qui s'est vu refusé son scénario par tout
Hollywood.
C'est véritablement un coup de fraîcheur qui débarque
sur les écrans. Je vous dirais que cela ressemble à un film de Woody
Allen (Spike Jonze est aussi
un new-yorkais invétéré, les interrogations existentielles
sont là, les jeux de pistes psychologiques nombreux, les rapports hommes-femmes,
la sexualité etc ...) réalisé par Terry
Gilliam (la musique utilisée pour la bande annonce est d'ailleurs
celle de 'Brazil' !). Heureux les acteurs qui ont dit oui à ce
projet, John Malkovich bien sûr dans
son propre rôle, mais aussi John Cusak (Craig)
et Camerone Diaz (méconnaissable
dans le rôle de Lotte), et Catherine
Keener (en femme fatale moderne, Maxine).
A noter aussi que Spike Jonze est
l'heureux mari de Sophia Coppola, qui présentait à Cannes
dernièrement son premier long métrage, 'Virgin suicide'...

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