Aki, une jeune femme vit avec Tetsuro d'âge
plus mur dans une maison moderne de la banlieue de Tokyo. Cette relation est
plutôt insouciante jusqu'au jour où Tetsuro doit recueillir
sous leur toit son fils Shun de 7 ans de son ancien mariage, son ex
femme se retrouvant immobiliser un mois à l'hôpital. Jusqu'alors
celle-ci n'avait pas souhaiter la rencontre de son fils avec la nouvelle compagne
de son ex-mari. La présence du petit garçon au sein de la maison
est donc totalement nouvelle pour Aki (pas pour la maison puisqu'elle
gardait des traces de son passage, comme des gribouillures sur la tapisserie...).
En jeune femme moderne et indépendante (elle travaille dans une agence
de PAO), elle est contrariée que Tetsuro lui impose ce choix
sans la consulter. Cette malaise s'estompera en même temps qu'une certaine
complicité naîtra entre elle et Shun... Elle devra d'ailleurs
s'en occuper plus que Tetsuro lui avait promis, étant pris par
des obligations professionnelles... Mais cette complicité ne fera que
compliquer les sentiments d'Aki et les relations du couple.
Le titre du film parle très bien de cette complexité d'Aki,
bien sur les sentiments de mère ("mother") qu'elle
peut éprouver le trouve pas écho auprès du petit Shun qui
voit en elle une grande sur (il l'appelle d'ailleurs comme-ceci...).
C'est aussi les relations avec les autres ("other") qui s'en
trouvent affectées, avec Tetsuro bien sûr, mais d'autres
personnes extérieures comme dans la scène d'anniversaire avec
un autre couple et d'autres enfants... La présence de Shun relève
au couple qu'ils ne se comprennent pas mutuellement. Aki ne se renseigne
jamais sur les (mauvaises) affaires de Tetsuro, comme lui n'arrive pas à capter
les désirs de sa compagne.
La réalisation de Nobushiro Suwa illustre
parfaitement ces relations, filmant les scènes d'intérieur, hors
de la maison, à travers les fenêtres. Comme ses confrères
japonais, il privilégie l'action au dialogue, assez minimaliste. La
caméra est souvent fixe et prenant l'action dans sa durée. La
vision du spectateur est toutefois étonnamment élargi par les
sons et discussions hors champs. On pourrait croire que le travail de mise
en scène est extrêmement précis avec cette caméra
fixe. C'est tout le contraire, le réalisateur a laissé une grande
part d'improvisation à ses comédiens. Les passages d'une scène à la
suivante sont un mélange de mouvement de caméra rapide (un genre
de scratch, non pas sur un vinyle mais sur la pellicule) et d'écrans
noirs plus ou moins longs. La lumière elle aussi est traitée
de manière originale, comme dans une scène de repas, où la
cuisine jusqu'alors très lumineuse s'assombrit en même temps que
l'ambiance autour de la table... ou encore au bord d'une plage où Aki rayonne...
Et puis j'aurais pu aussi vous parler du rôle de la
maison, véritable
caractère du film, mais je vous laisse en découvrir un peu plus
devant le film...
"M/other" est une superbe réussite,
trop discrètement arrivé sur nos (trop rares) écrans,
mais croyez moi, il mérite amplement un effort pour le trouver
près de chez soi (et puis aller, le zata irait même
jusqu'à vous remboursez dans le cas d'une déception !).
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