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  | Mario Monicelli Le pigeon (i soliti ignoti) (Italie, 1958) |  |
Après une tentative
de larcin bien maladroite, Cosimo se retrouve à la prison
de Rome. Un bon coup parvient à ses oreilles, il essaye d'endosser
sa peine à un "pigeon", Peppe (Vittorio
Gassman) un boxeur qui ne gagne pas souvent. Du coup tous deux
se retrouvent derrière les barreaux et Peppe réussit à connaître
le fameux bon plan. A leur sortie, le décidément maladroit Cosimo finit
sous un tramway coursé après un vol à la tire. Peppe peut
donc se consacrer à sa petite entreprise. Il monte pour cela une équipe, Tiberio (Marcello
Mastroianni) un photographe qui nourrit sa famille en attendant
la sortie de prison de sa femme, Ferribotte un sicilien, Mario un
orphelin (qui s'intéresse d'avantage à la sur du sicilien...)
et Dante Cruciani (Toto) un
expert en coffre-forts. Le butin convoité est celui du mont-de-piété,
accessible par à un appartement mitoyen. Pour cela Peppe est
chargé de séduire la bonne de ces lieux. C'est plutôt
une équipe de "bras cassés" que de véritables
voleurs. La route jusqu'au coffre-fort est semé d'embûches
et les scènes comiques s'enchaînent avec une limpidité remarquable.
Sans trop dévoiler l'issue, la fin passera (Italie oblige) par une
bonne assiette de pâtes (et même là leur maladresse
reprendra le dessus...)

Le pigeon est une uvre charnière du cinéma
italien à plus d'un titre. Il préfigure la série des "comédies à l'italienne" des
années 60 ("la vielle dame et son argent" de Luigi
Commencini et "Affreux, sales et méchants" d'Ettore
Scola pour ne citer qu'eux). Certes on rit beaucoup dans ces comédies,
mais elles dénoncent une réalité sociale et politique. Le
sujet du pigeon n'est autre que des pauvres qui volent d'autres pauvres,
des "habituels inconnus" (le titre en italien), sous-entendu
ceux qui occupent les pages faits-divers des journaux. Elle montre une Italie
qui souffrait à la sortie de la guerre (voir 'Mon frère' à ce
sujet), et la volonté d'en sortir (c'est également le sujet du
plus dramatique 'voleur de bicyclette', autre chef d'oeuvre...).
Les personnages de ce film pourraient sortir des 'nouvelles romaines'
qu'écrivait Moravia quelques années
auparavant.
Ce film est aussi la révélation de Vittorio
Gassman imposé par Monicelli à une
production qui n'en voulait pas. On connaît la suite de sa carrière,
un géant !. C'est également les quasi-débuts de Claudia
Cardinale (la sur de Ferribotte, amoureuse de Mario).
Toute cette jeune génération (Marcello
Mastroianni avant ses films felliniens) se retrouvait aux cotés
de l'expérimenté Toto (une
sorte de passage de témoin).
Monicelli déclarait que
ce film avait été monté comme une parodie d'un
film français de l'époque 'Du rififi chez les
hommes' de Jules Dassin,
qui lui montrait un casse parfait. Avec Age et Scarpelli,
qui scénarisaient jusqu'alors des films sans autre prétentions
que de faire de l'argent, tout ce petit monde signait là un
bijou du cinéma, et plaçait l'Italie aux devants du
7ème art...

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