La 6ème édition du festival cinéma
tout écran de
Genève vient de s'achever. Ce festival s'intéresse aux travaux
de cinéastes destinés au petit écran, en quelque sorte
la crème des téléfilms. Sont également projetés
en marge de la compétition des court-métrages (qui faisaient
l'objet de 2 nuits spéciales) et quelques avant-premières cinéma
('Brother' de Takeshi Kitano ,
'le tableau noir' de Samira Makhmalbaf également
au jury aux cotés, entre autres d'Arsiné Khanjian-Mme Atom
Egoyan et
du producteur franco-portugais Paolo Branco).
Le festival rendait également un hommage à Rainer
Werner Fassbinder avec l'adaptation d'un roman d'Alfred
Döblin, 'Berlin, Alexanderplatz' en une série
de 13 épisodes pour la télévision.
Le festival pousse cette année encore plus loin les frontières,
et affirme de plus en plus son caractère international. Si l'on regarde
les provenances des 16 films en compétition, c'est un tour du monde
des écrans que l'on fait, de France, Suisse, Allemagne, Pays-Bas (particulièrement
récompensé au palmarès), Grande-Bretagne, Croatie aux
USA en passant par le Tchad, Japon et le Mexique. Parmi ces films, on notera
'Nationale 7' de Jean-Pierre Sinapi produit
pour Arte pour sa série 'petite caméra' (téléfilms
tournés en DV), 'Asi es la vida' du réalisateur
mexicain Arturo Riptsein. Je vous propose
de s'arrêter plus longuement sur les films que j'ai vu :
• 'Fail
Safe' [1] renoue avec les productions
télévisions en noir & blanc, du temps des productions en direct
(on se souvient d'une telle expérience il y 2, 3 ans sur une chaîne
française). C'est donc un film tourné (18 caméras sur plusieurs
plateaux), monté et diffusé en direct, une réalisation de Stephen
Frears qu'on eu droit les téléspectateurs de CBS.
Ce (télé)film bénéficie d'un casting impressionnant
: George Clooney (également coproducteur
du projet), Harvey Keitel ou encore Richard
Dreyfuss. Durant la guerre froide, un groupe de bombardiers reçoit
du système informatique défaillant, l'ordre de bombarder Moscou...
• 'Himitsu'
(le secret) [2] de Yojiro
Takita est une comédie sur la mort. Suite à un accident
de la route, une mère investit le corps mourant de sa fille. Le père
doit donc vivre avec sa femme incarnée dans le corps de sa fille. Les
situations sont donc cocasses, la mère se retrouve à l'Université et
découvre le flirt, le père tombe amoureux d'une enseignante de
sa fille (enfin de sa femme...). C'est très drôle et habilement
tourné. A noter les expressions des acteurs parfois exagérées,
proches du manga.
• Si
vous connaissez les publicités suédoises vous savez
que ces nordiques pratiquent un humour corrosif et singulier. Et
bien 'Screwed in Tallin' [3] de Thomas
Alfredson ne déroge pas à la règle
et ce durant les 59 minutes du téléfilm. Tourné à la
manière d'un documentaire, des suédois partent faire
du tourisme sexuel. Si certains prennent l'avion pour la Thaïlande
(Roland se fait vacciner en conséquence suite à un
malentendu de son docteur), nos protagonistes traversent la Baltique
en ferry pour la Lestonie...
On poursuit notre tour d'horizon avec des programmes hors compétitions
:
• Didier
Le Pêcheur présente 'La peur au ventre' [4],
un thriller hospitalier sous fond de manipulations génétiques,
avec Laurence Côte dans
le rôle principal (production M6).
Preuve supplémentaire que l'Asie inspire de plus
en plus les productions occidentales (même le cinéma hollywoodien
est touché !), 2 réalisations sous influences nippones
• Commandé par une chaîne allemande dans le
cadre d'une série 'Erotic tales', Hal
Hartley réalise 'Kimono' [5].
Une japonaise en robe de marié s'effeuille lentement dans une forêt,
orchestré par 2 nymphes.
• Romain
Slocombe est un nipponophile notoire et ami du photographe Nobuyoshi
Araki, on connaît ses dessins et ses photos de japonaises
plâtrées. Son court-métrage 'Week-end à Tokyo'
est une correspondance filmée entre Jean-Michel et Yuka où seul
le spectateur se rend compte du malentendu entre les 2 personnes...
Parmi les nombreux autres courts-métrages, on retiendra
particulièrement 'Amanita Muscaria' du sud coréen Jeong-Seok
Yeum, un anniversaire bien singulier, où un frère
tente de maintenir en vie sa sur... 'Jusqu'à la nausée'
de Jean Charruyer met en scène
le malaise dans une famille rurale, où victimes et témoins
de l'inceste se taisent... 'Le terrain' réunit Israéliens
et Palestiniens devant et derrière l'écran. Un court que l'on
pourrait qualifier d'utopiste aux seules vues de l'actualité récentes...
'Bofetada' (La baffe) d'Aron Bencherit réunit
un macho qui zozote et une femme masochiste. Cela vient bien entendu d'Espagne.
Voilà, un aperçu
de ce que l'on pouvait voir dans cette 6ème édition d'un festival
qui nous prouve que la télévision peut être intéressante
lorsqu'elle ne tombe pas dans la facilité. Justement un débat
traitait du problème de la diffusion de ce genre de films et de la
case prime-time. En attendant la 7ème édition de cinéma
tout écran, le téléspectateur exigeant devra jongler
avec les programmes pour trouver son bonheur.
N.B. • le festival ouvre un concours de court-métrages sur le
net de janvier à mai 2001.
• une formule offrait
une journée de projection combinée au transport depuis n'importe
quelle ville suisse (Train+Tramway-Bus) pour moins de 14 € !
Une formule que l'on aimerait voir plus souvent dans d'autres festivals...
• Milles remerciements
au festival cinéma tout écran pour sa confiance au zata.
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