Si l'on voit de nombreux personnages d'une famille entre
un mariage et un enterrement, le réalisateur Edward
Yang ne filme qu'un seul et même personnage...
NJ est un père de famille à la cinquantaine, à la
tête d'une entreprise de logiciels recherchant des capitaux et
des idées nouvelles... Sa fille Ting-Ting culpabilise
sur l'accident de sa grand mère plongée depuis dans le
coma. Son beau frère place son destin enre les mains de l'astrologie
entre 2 disputes avec sa nouvelle femme et ses visites à son
ex-compagne. Sa femme Min-Min se retrouve impuissante et muette
devant sa mère qui poursuit son coma à la maison, alors
que le médecin lui avait conseiller un dialogue pour stimuler
son éveil. Du coup elle prend la fuite dans une retraite spirituelle
et religieuse dans un monastère. Yang-Yang s'interroge
lui aussi sur la vie, comme un enfant de 8 ans peut le faire et constitue
un fil rouge comique dans ce film.
Vous l'aurez compris dans ce film quelque soit leur âge, tout le monde
est confronté au doute. Quand NJ rencontre par hasard Sheryl son
amour de jeunesse, qu'il avait abandonnéé 30 ans plus tôt,
les questions s'accumulent. Il essaiera d'y répondre en partant au Japon,
avec d'autres interrogations dans ses valises sur l'avenir de sa société.
A Tokyo, il se rappelle de son flirt avec Sheryl alors qu'au même
instant sa fille reproduit les mêmes scènes d'un 1er flirt avec
une génération de décalage.
Le spectateur ne peut être qu'ému face aux personnages qui se
cherchent tout au long du film. Le scénario est habile, et à aucun
moment ne tombe dans la niaiserie. Ce n'est pas non plus un hasard si Edward
Yang est reparti de Cannes avec le prix de la mise en scène.
Il sait saisir des instants magiques et captiver son public comme l'homme d'affaire
japonais le fait en prenant le piano d'un club de karaoké (indispensable
dans un film asiatique). La ville d'Edward Yang ressemble à celle
de Playtime de Jacques Tati et
filme des scènes à travers les vitres des appartements. La comparaison
ne s'arrête pas là, on peut la poursuivre avec l'utilisation d'un
comique très visuel (Yang-Yang refuse de manger au mariage et
se retrouve attablé dans un fast food le plan suivant...).
Le film est d'une richesse incroyable, j'aurais pu tout aussi vous parler de
l'entreprise de NJ, de ses associés, de Ato qui plagie
les produits de Ota, du rapport Taiwan/Japon (ce n'est pas un hasard
si NJ part au Japon...), de la voisine bruyante, des amours de Lili et
de Fatty... Il faut bien vous laisser quelques découvertes...
Sans être autobiographique, Edward
Yang livre
beaucoup de lui même dans ce film, ne serait ce que dans Yang-Yang,
apprenti photographe qui déclare dans une scène finale vouloir
devenir réalisateur et montrer des choses que les gens ne voient pas...

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