Ce journal est une autobiographie fictive d'un romancier à la trentaine, habité par le doute. C'est une succession de scènes de vie à Lyon, une dizaine d'«autres jours». On rentre dans ce personnage et son environnement petit à petit, au fil des jours. On le saisit un peu plus après ce concert où il a du mal à se concentrer. La fête de la musique est une autre occasion de se rendre compte de sa difficulté à s'amuser malgré les amis et la fête. Mais tout le monde joue son rôle, sans surprises, sans entrain. Il lui est difficile de trouver de la motivation dans ces scènes de la vie quotidienne, comme cette soirée vidéo où personne n'a vraiment envie de regarder une vidéo...
L'ambiance de ce journal est donc teinté de désarroi, d'incommunicabilité, de doutes, d'angoisses ou encore de dépression pour Michel le libraire, le plus atteint. Le titre nous avait placé dans l'ambiance, mais ce loser finalement 'c'est lui, c'est toi, c'est moi, c'est nous' (je recycle une formule de William Desbois déjà utilisé pour une chronique d'un album d'Arab Strap. Mais il y a bien plus que la noirceur apparente dans ce journal, il nous aide en quelque sorte à vivre avec nos propres angoisses...
Les superbes dessins à l'acrylique et à la plume d'Ambre servent parfaitement les textes de Lionel Tran. La photographie est également utilisé. Lionel Tran, l'écrivain nous prouve que la bande dessinée est un média approprié pour des récits autobiographiques (je le répète encore là, même s'il est fictif !), qu'il apporte autre chose que le roman. Ce journal avait été publié en partie dans la revue Jade. L'album dans sa continuité lui donne toute sa force. A noter que les 2 lyonnais, outre leur implication dans Jade, travaillaient déjà ensemble pour une revue 'Hard Luck' et qu'ils sont également éditeurs en compagnie d'une photographe V.Berge avec les éditions Terre Noire.

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