Si vous ne connaissez rien de la Factory,
de Manchester des années 80, du mouvement mad'chester et de la
Hacienda, ce film sera un bon cours de rattrapage. Pour les autres,
c'est un bon cours de perfectionnement !
24 hour party people est un film
tourné à la manière d'un faux documentaire sur Tony
Wislon, le patron égocentrique de Factory. Le
faux Tony Wilson nous guide à
travers le film et les époques, dès le début il nous
plante le décor, en nous présentant les différents
protagonistes. Le ton emprunte à ses émissions qu'il réalisait
pour la télévision, des sujets sur des personnages atypiques
de la région. Les Monty Python
ne sont pas très loin non plus, l'humour très british et
le décalage accompagnent tout le film, Steve
Coogan qui interprète le rôle principal possède
d'ailleurs un air d'Eric Idle.
Pour l'histoire du film, c'est très simple
c'est l'histoire de Factory. Petit rappel pour ceux qui auraient
loupé cet épisode musical. Tout commence par un concert
mémorable des Sex Pistols de
passage à Manchester. Cette prestation bouleversera la vie des
43 spectateurs, parmi lesquels (aux coté du chanteur des Simply
Red, véridique !), Martin Hannet,
Alan, Ron
et Tony Wilson (alors présentateur
d'un show tv 'So it does'), qui deviendront les piliers
de Factory, une maison de disque et un lieu de concert. Le fonctionnement
du label est couché sur papier du sang de T.Wilson,
avec un principe simple, pas de contrats, une répartition 50/50
et les oeuvres appartiennent aux groupes ! Premiers à sortir sur
le label et à se produire sur la scène de la Factory,
le groupe Warsaw se renomme rapidement
Joy Division. Le reste du groupe survivra
au suicide de Ian Curtis (annoncée
par le crieur d'une cathédrale de Manchester, voir la chronique
sur
Mix & Remix pour en savoir plus sur cette fonction !), et deviendra New
Order. La fin des années 80, changement de lieu, la
Hacienda accueille la vague Mad'Chester, les Happy
Mondays en tête, avec jamais très loin du groupe,
la nouvelle drogue du moment, l'ecstasy. Factory sombrera dans
les dettes, avec deux fiascos financiers, l'album des New
Order enregistré à Ibiza, et celui des Happy
Mondays aux îles Barbade. Le film s'arrête sur
la fermeture de la Hacienda en 1992, lors d'une fête géante,
où Tony Wislon non seulement
autorisait mais encourageait le pillage des lieux et du matériel,
pour que renaissent des dizaines de Factory.
Bon ceci n'est qu'un résumé très
rapide, le film revient bien plus en détail sur chaque épisode,
en intégrant toutes les anecdotes et autres légendes de
la Factory et de ses membres. Le faux Tony
Wilson cite à un moment John Ford, "entre
la réalité et la légende, choisi la légende".
24 hour party people présente donc la réalité
et la légende du Manchester des années 80. Allez je ne peux
m'empêcher de vous en révéler une, Bez (danseur
et membre indispensable des Happy Mondays)
emprunte son pseudonyme à une 'inscription sur l'Ovni qui a croisé
un jour sa route !
Je vous laisse découvrir le reste sur vos
écrans, puisque je vous le dis, allez voir ce film, et ce quel
que soit votre rapport avec Factory. Le choix de Winterbottom
s'est porté sur une reconstitution des événements,
des acteurs jouent les membres des différents groupe, avec quelques
apparitions de vrais musiciens (Mark E.Smith
des Fall ou encore Viny
Reilly des Durutti Column
qui ne sera présent que sur le Dvd, comme l'annonce le faux Tony
Wilson). Seule la scène du concert des Sex
Pistols est un mélange de tournage (le public, avec
les comédiens) et d'images d'archives, le groupe sur scène.
Michael Winterbottom livre là
un film très rythmé et fluide. Les enchaînements entre
les différents épisodes sont très travaillés
du très bon travail, certainement sous-estimé à Cannes.
La croisette est peut être plus habituée au cinéma
anglais social qu'à cet objet musical à l'humour très
british. Dommage, le devant de la scène du palais aurait été
idéal pour un pogo géant lors de la projection... à
vous de pogoter dans vos salles de cinéma !
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