Chantal Ackerman
clôt le 3ème volet de son triptyque après Est (1993)
et Sud (1999). Elle est partie en équipe très réduite
au Mexique, près de la frontière américaine, une
frontière qui n'est pas simplement un trait sur une carte mais
un mur et des barbelés dans le paysage...
Elle alterne des témoignages avec des plans fixes,
très longs, tous en rapport avec les propos des personnes interrogées.
Une pancarte battue par un vent violent illustre ainsi la dureté
du climat évoquée par le consul mexicain. Ceux ci doivent
désormais suite aux contrôles renforcés près
des villages, entreprendre une longue marche dans un désert inhospitalier.
Un autre plan fixe montre des jeunes mexicains jouer au base-ball, tout
un symbole...
L'équipe
du film traverse la frontière et passe de l'autre coté par
un poste de douane (cette scène est magnifique, tournée
dans une voiture). Chantal Ackerman
poursuit son travail de documentaliste en interrogeant les américains
sur le phénomène de l'immigration. Elle "piège"
(elle lui ment lorsqu'il demande si la caméra tourne...) un tenancier
de bar qui ne veut pas de mexicains dans son pays. Le discours est le
même chez des propriétaires terriens qui n'hésitera
pas à se défendre au cas où l'un d'eux traverse sa
propriété... Nous ne somme plus à l'époque
du far-west, mais les esprits n'ont pas vraiment évolué.
Les américains semblent avoir oublié qu'ils viennent tous
de l'immigration...
Ce film prend encore une autre dimension avec les événements
du 11 septembre (survenus en cours de tournage...), on voit ainsi les
bannièresétoilées dans de nombreux plans, et la crainte
des immigrés mexicains rejoint et se mélange à la
psychose ambiante.
'De l'autre coté' laisse une grande
part de réflexion au spectateur, Chantal
Ackerman montre avec sobriété (des plans fixes,
des témoignages laissés dans la continuité), et une
grande efficacité. Le travail sur ce film continue bien après
sa projection...

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