Une dame âgée est prévenue
que l'on a retrouvé la trace de sa fille Miwa disparue
un certain 11 juillet après avoir accouché d'une fille.
Mais les retrouvailles ne sont pas simples, en effet la femme retrouvée
sous une autre identité (Masako) est devenue amnésique.
Les bribes de mémoire semblent tout de même coïncider
avec sa supposée mère. Natsuki rentre des USA où
elle travaille pour assister sa grand-mère qui l'a élevée,
et découvrir sa mère qu'elle n'a jamais connue. Toutes
trois partent à Hiroshima, là où est née
Miwa peu après guerre, un 11 juillet... Elle n'a que peu
connu son père, docteur à l'hôpital d'Hiroshima
qui avait été irradié lors du bombardement tristement
célèbre. Avant de décéder, il n'avait que
peu de contact avec elle dû à la maladie, et la regardait
jouer à travers les panneaux de papier de la maison. Le voyage
à Hiroshima n'est pas totalement concluant, la mémoire
ne revient pas à Miwa. La curiosité est plus grande
chez Natsuki qui en profite pour en savoir plus sur son grand-père,
aidée par une journaliste qui enquête sur l'explosion de
la bombe d'Hiroshima...
Kiju Yoshida a longtemps
hésité avant de traiter ce sujet qui lui tenait à
cur, il revient même après une pause cinématographique
de 14 ans. Son film est très beau, très émouvant.
Les cadres sont magnifiquement découpés, la lumière
superbe, du très bel ouvrage. Yoshida
met en scène trois générations de femmes, la grand
mère qui a connu les événements, la mère
qui veut les oublier, et la petite fille qui veut les redécouvrir.
Cette symbolique est fidèle au rapport des japonais avec leur
histoire, la plaie n'est pas refermée (comme les miroirs qui
restent brisés dans le film...). Le même phénomène
se retrouve dans le cinéma nippon (c'est un reflet de la société),
puisque ce sont deux générations qui séparent Kiju
Yoshida (il y a eu également Shohei
Imamura avec "pluie noire" et "Rhapsody
en août" d'Akira Kurosawa)
et Nobuhiro Suwa, le réalisateur
de H Story.
'Femmes en miroir' consacre aussi
les femmes (comme 'de l'eau tiède...' de Shoei
Imamura), ce sont elles qui font le travail sur la mémoire...
Le film présente également trois générations
d'actrices, Mariko Okada, l'épouse
de Yoshida (50 ans de carrière,
et des débuts chez Ozu),
Yoshiko Tanaka actrice principale
de 'Pluie noire' d'Imamura
et enfin la jeune Sae Isshiki.
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