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Les frères Dardenne ne changent pas de forme. "Le fils" est filmé
à la manière de "Rosetta". Ici le
personnage qui occupe tous les plans est Olivier, un menuisier
devenu instructeur dans un centre de formation pour jeunes délinquants
suite à un problème de dos. Il suit de près l'arrivée
d'un nouvel apprenti, mais l'observe en prenant soin de l'éviter..
Prétextant d'abord des effectifs complets, il le refuse dans sa
section, puis change d'avis, et va lui apprendre le métier qu'il
enseigne...
Je reste volontairement silencieux quant au lien
entre Olivier et Francis, le nouvel apprenti, je ne voudrais
pas dévoiler en quelques mots, ce que les frères Dardenne amènent de manière subtile et progressive. Ici, l'analogie
entre les personnages et leur activité dans le bois, n'est pas
innocente, les métaphores sont nombreuses. Olivier est un
spécialiste de la mesure à l'oeil, sans mètre. Il
sait aussi juger et corriger la distance qui le sépare de Francis.
La première chose qu'il enseigne à ses élèves
est de fabriquer leur caisse à outils. On voit également
Olivier se faire souffrance en pratiquant des exercices pour son dos,
avec une ceinture qu'il serre, desserre, recloue...
Le
film est d'une très grande humanité, à l'image du
personnage d'Olivier... L'acteur Olivier
Gourmet, fidèle compagnon des Dardenne (également remarquable dans "de l'histoire ancienne"
d'Orso Miret), mérite amplement
son prix d'interprétation. Les frères Dardenne franchissent encore un niveau, avec un cinéma cru (cela commence
par un générique des plus sobre), du cinéma qui travaille
comme le bois...