 |  |  | Date de sortie française : 17 déc. 2003 |  | |
Dans les années 50, un institut
de recherche suédois entreprend des travaux pour trouver la
cuisine idéale (nous sommes bien dans l'après guerre
et sa recherche d'idéal...). Près d'une vingtaine
d'enquêteurs se voit attribuer une caravane aménagée
(avec toute l'ingéniosité que l'on connaît au
suédois, voir la célèbre marque de mobilier
jaune et bleue...). Direction la Norvège voisine, plus rurale,
où se trouve plus d'hommes célibataires, puisque c'est
le cur de cible de cette étude. Folke investit
donc la cuisine d'un vieux fermier, Isak qui ne se montre
pas très coopératif... La situation s'inverse même
quand Isak perce un trou dans le plancher du 1er étage
pour observer l'observateur perché au sommet de sa chaise,
un croisement entre une chaise d'arbitre de tennis et une chaise
pour bambin. Folke se réfugie et se console avec des
colis alimentaires de sa tante qu'il déguste dans
sa caravane installée dans la cours de la ferme ... Mais bientôt
les deux hommes vont apprendre à se
connaître, à se comprendre et devenir de véritables
amis. Folke descend de sa chaise pour s'asseoir à table
avec Isak, et déroge à la rigueur de l'observation
demandée aux observateurs (il ne faut pas influencer ce que
l'on étudie, c'est une règle scientifique !).
Sur le papier, ce film ne semble pas très excitant...
une enquête scientifique dans les années 50 dans un milieu rural,
exclusivement masculin... Et bien il faut pas se fier au papier, le film est
d'une drôlerie très bien dosée avec une certaine poésie.
Les différents personnages sont tous haut en couleur. On voit ainsi le
chef de l'institut venir relever les résultats à bord d'un avion
plus dévolu à la fête qu'à la recherche scientifique.
L'humour de Kitchen stories est nordique (on est pas loin de l'univers
de Aki Kaurismaki), sur des situations coquaces,
voir absurdes, peu de dialogues, des gags purement visuels. La poésie
n'est jamais très loin, nichée dans de petits détails, comme
le décor du paravent de Isak lorsqu'il prend son bain.
Le film aborde l'amitié masculine, la volonté d'uniformisation.
On voit aussi en arrière plan les relations entre les deux pays voisins,
la Suède apparaissant comme arrogante face à la Norvège
moins développée. Ce film n'est pas simplement un bon moment, il
est bien plus riche que cela. Son interprétation est magnifique, les deux
acteurs tiennent le film sur leurs épaules (nb Tomas
Nostrom (Folke) a un petit air de ressemblance avec Jimmy
Corrigan de Chris
Ware , vérifiez par vous-même en passant la souris sur
l'image de
l'acteur...).
Ben Hamer livre ici
son 3ème film après un très remarqué "Egg" (présent à la
quinzaine en 1995). Il a monté sa société de production
pour mener à bien son projet dans un pays où le cinéma reste
marginal.
A la sortie de "Kitchen stories",
ne vous fiez donc pas à son résumé. Vous savez désormais
que les cuisines norvégiennes révèlent de véritables
trésors cinématographiques, et méritent bien les 3 toques
au guide du zata !

 1 autre article sur Bent Hamer : • La nouvelle vie de Mr Horten
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