 |  |  | Date de sortie française : inconnue |  | |
Mahmut, un
photographe indépendant à la quarantaine vit seul dans
son appartement à Istanbul. Un jeune cousin, Yusuf arrive
d'un petit village où l'usine principale vient de fermer pour
se faire embaucher comme marin au port de la grande ville. Mahmut est
en pleine crise existentielle, et se serait bien passé de devoir
partager son appartement. Le photographe est du genre solitaire depuis
le départ de sa femme. Il apprend que celle-ci projette de partir
au Canada et lui demande une clarification de leur divorce. Il voit épisodiquement
une femme, mais la relation est vouée à l'échec...
Les relations sont aussi difficiles avec sa mère malade. Sa sur
le sermonne en lui demandant de l'aider. La cohabitation avec Yusuf n'est
pas simple, Mahmut est très maniaque, et son séjour
s'éternise, il n'y a pas de travail au port ...
Vous allez me dire à la lecture de ce qui précède
que 'Uzak' ne doit pas être un film très drôle
et que la dépression guette son spectateur. Certes l'humour n'est pas
sa caractéristique principale, le film est avant tout introspectif, mais
il n'en est pas dénué. Nuri Bilge Ceylan affectionne
les longs plans fixes, avec une action parfois suggérée par le
seul son. La suggestion est très importante dans son cinéma, ce
qui nécessite une attention particulière du spectateur, une fois
la porte d'entrée trouvée vous ne devez plus en sortir.
Vous
resterez même dans le film en quittant la salle. 'Uzak' interpelle
et
questionnera longtemps le spectateur attentif.
Nuri Bilge Ceylan réalise ce film
avec
une très grande économie de moyens. L'appartement de Mahmut est
l'appartement du réalisateur. Les acteurs sont de sa famille. L'interprète
de Yusuf est véritablement son cousin, décédé depuis
dans un accident de voiture, sa femme est aussi présente, et Mahmut est
joué par un ami, un acteur non professionnel. Ceylan s'est
nourri d'un certain cinéma, particulièrement Tarkovski et Ozu (voir
ses plans fixes). Il se déclare aussi influencé par la noirceur
de Tcheckhov.
'Uzak' nous parle des difficultés
d'un homme en crise, de la dualité de l'homme (Mahmut n'est pas
seulement égoïste, il tend par exemple la main à son cousin
en l'embauchant comme assistant le temps d'un reportage à l'extérieur).
Le film nous montre aussi une ville qui piège ses habitants (comme une
souris dans la cuisine de l'appartement de Mahmut...). Les thèmes
sont ici universels et devraient parler à chacun d'entre nous.
Voilà donc une très agréable découverte
(enfin demi, puisque le festival d'Angers l'avait déjà remarqué avec
son 1er long métrage, 'nuages de mai'), la seule
de
cette compétition, ne manquez pas de découvrir à votre tour
ce
cinéaste
singulier, 'Uzak' sera prochainement distribué en France.
Double prix d'interprétation masculine pour (Muzaffer Özdemir et Mehmet
Emin Toprak,
Prix du Jury 
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