Durant
sept ans,
Robert Crumb
s'est appliqué à adapté en bande
dessinée le premier livre de la bible
Hébraïque et Chrétienne, ‘la
Genèse’. Ce n'est pas
uniquement un travail d'illustration, le texte intégral
(source Bible du roi Jacques) est ici présent à
travers des cases, des légendes et des
phylactères. Pour les non-initiés, et sans
rentrer dans les détails théologiques, la
Genèse (étymologiquement l'origine, la
source) relate la création de la Terre, son peuplement avec Adam
et Eve et leur illustre descendance Noé,
Abraham, Isaac, Jacob
et enfin Joseph.
Nombreux se sont posés la
question de
ce choix du dessinateur sulfureux, à l'oeuvre pas
“très catholique”, plus globalement
anti-conformiste. On le savait intéressé au
passé, mais pas aussi lointain, à une
époque où n'existaient pas les 78t. Crumb n'a
pas voulu passer du guru Mr Natural
embêtant Flakey Foont,
à un prétendu original en devant
croyant. On comprend mieux ses motivations en le lisant, tout
simplement.
Le texte (en fait les spécialistes s'accordent sur le
caractère oral de cette épopée, avant
d'être transcrit, comme Homère
pour sortir d'un cadre purement religieux) possède tous les
ressorts de l'âme humaine (ruses, trahisons, domination,
racisme etc). Avec l'expression commune "tout a
été
déjà dit auparavant", on peut remonter
jusqu'à ‘la
Genèse’ ! On y trouve
également l'origine (autre sens étymologique du
mot) des plaies toujours ouvertes
entre les religions monothéistes et des tensions autour de
la terre d'Israël. Les intérêts sont donc
multiples auxquels il faut ajouter le regard du dessinateur sur le
passage d'un matriarcat à un patriarcat. Il dresse quelques
portraits de femmes fortes, aux sens propre (très Crumbiennes) comme
au figuré, influantes auprès des hommes. Crumb
explique ceci dans des notes de fin d'ouvrage (à
lire en parallèle).
Le travail est colossal et
époustouflant. La rigueur historique a
nécessité une large documentation. Quant
à sont trait on le voit s'améliorer au fil des
chapitres. Il déclare être revenu sur ses premiers
dessins dont il n'était pas pleinement satisfait, un
travail monastique ! Cette version de ‘la
Genèse’
est l'oeuvre moderne d'un (autre ?) grand créateur (barbu).

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