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Seth
poursuit dans un travail d'autobiographie fictionnelle après
le portrait à tiroirs multiples de ‘Wimbledon
Green’. Son nouveau sujet d'étude se
nomme George Sprott,
ancien explorateur des terres glacées devenu
présentateur d'une émission
télévisée, Northen Lights.
S'il reprend le "système" de
témoignages qui éclairent différemment
son personnage, la construction est basée sur ses derniers
instants en 1975; le lecteur progresse vers son dernier souffle avec
des retours dans son passé, réflexions intimes,
interviews (Seth nous présente une belle brochette de
personnages annexes) et un épilogue contemporain (2007/9)
ainsi que des photos de maquettes en carton des lieux
évoqués (une salle de conférence, le
siège de la tévé CKCK ... ).
Le dessinateur canadien adopte un style graphique
rétro pour les épisodes les plus lointains, avec
un monochrome sépia et un trait plus anguleux. D'autres
pages sont composées de petites cases en gaufrier, parfois
regroupées pour une plus grande, toutes en monochromie,
plusieurs couleurs pouvant être utilisées dans une
même page. Le livre respire avec ses différents
styles et rythmes. Le lecteur est aspiré dans la vie de George
Sprott avec un récit assemblé
avec précision et minutie par Seth,
reprenant ces thèmes de prédilection comme une
certaine nostalgie ainsi que la difficulté de "saisir" une
personne.
‘George Sprott, 1894,
1975’ a connu les colonnes du site web du
New-York Times (section "funny pages")
avant d'être complété et repris pour
cette édition magnifique chez Drawn &
Quarterly, un mastodonte regorgeant d'astuces de fabrication
(dorures,
encre pigmentée changeant de couleur suivant
l'éclairage, quadruple page en rabat
... à rendre jaloux Chris Ware,
l'orfèvre en la matière). On ne pourra
être que nostalgique de l'édition papier si le
futur se limite qu'à l'écran ;
profitons en tant qu'il est encore temps ...

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