S. Doubinsky | EM | Profondo Rosso - Jours de lumière (Homecooking, France, 2009)
Billy Sherman prend la fuite après avoir
abattu sa femme et son amant, l'ami Jeff. Lors de sa cavale, il se souvient
de son passé avec
Susan, et décharge sa colère comme le fait l'orage avec
la foudre ...
On doit cette nouvelle, road-movie tumultueux et sanglant
à Sébastien Doubinsky.
Cet écrivain né à Paris a passé une
longue partie de son enfance aux USA d'où il tire des influences littéraires,
comme le roman noir. Il vit actuellement au pays de sa femme danoise. ‘Jours
de lumière’ a été écrit en langue
anglaise avant d'être traduit en français par l'écrivain.
Mais ‘jours de lumière’
n'est pas seulement une nouvelle rythmée en 51 coups de tonnerre, l'ouvrage
est illustré par
des dessins de EM (Eric Mahé) et
une bande-son de Profondo
Rosso,
des compléments
rénnais. EM (initiateur de la revue ‘dessins’ à la
Chose) ne
transcrit pas littéralement
le texte privilégiant
plus son imagination et celle du lecteur. Certains dessins sont si noirs que
l'on pensera aux cartes à gratter de Thomas
Ott. On pensera d'ailleurs
à la
‘soupe aux poulets’ de Ed McBain que le Suisse avait illustré pour
les éditions Desmoures.
Le groupe Profondo
Rosso accompagne la chevauchée motorisée
de
Billy Sherman, ainsi que ses états d'âme avec des ballades
instrumentales, entre calme (de la tempête) et déchaînement
des éléments. Le groupe fait à cette occasion une tournée
des librairies (à Paris, le 7 juillet au Monte en l'air, le 8 chez Philippe
le libraire, voir les autres dates sur le site
du groupe)
On doit cet ouvrage à lire, à regarder et à écouter
aux nouvelles éditions rénnaises Homecooking.
On connaissait le roman ou la nouvelle illustrée (comme la collection
du même nom chez Futuropolis avec entre autres un Orson
Welles
/ Tardi,
Ed McBain / Gotting, Vilar
/ Baudoin ... ), la
bande dessinée
liée à une
oeuvre musicale (les collaborations de Baladi avec Ghostape et
Brice Catherin dans
la collection Morceau de la Cafetière), ‘jours
de lumière’
ajoute une troisième dimension.
[06 Juil. 09, Jean-Marc]
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Gabrielle Bell - Cecil and Jordan in New York stories (Drawn & Quarterly, USA, 2009)
Gabrielle Bell participe à de nombreux collectifs, comme la revue ‘Mome’ de Fantagraphics (elle signait la couverture du 1e numéro), l'anthologie ‘Kramer's Ergot’ chez Buenaventura Press ou encore ‘D+Q Showcase’ de l'éditeur anglophone de Montréal, Drawn & Quarterly. Elle y développe des histoires plus ou moins auto-fictionnelles (des fictions teintées d'autobiographie). Parfois l'autobiographie prend le dessus, comme dans ‘Lucky’, une série de comic, regroupé dans un volume (un 2e. est prévu). Comme ce présent ouvrage, cela reste en version originale, signalons que l'An 2 avait traduit en français un recueil, ‘quand je serai vieille et autres histoires’.
‘Cecil and Jordan in New York stories’ reprend des nouvelles graphiques parues dans les collectifs pré-cités, dans un registre plus fictionnel, tout en conservant un certain degré d'autobiographie . Gabrielle Bell est devenue new-yorkaise récemment, pour suivre son compagnon, après avoir résidé à San Fransisco. Cette même nouvelle, fantastique (une personne devient une chaise vivre sans ennuyer son entourage) a été utilisé par Michel Gondry dans son segment ‘interior design’ du film collectif ‘Tokyo !’. D'autres histoires nous entraînent dans le milieu de l'Art, en partant d'une école (comme ‘Art school confidential’ de Daniel Clowes, adaptée par Terry Zwigoff’ au cinéma).
Gabrielle Bell affectionne les histoires traitants de l'enfance, de l'adolescence et du rapport à l'autre. Son trait devient plus affirmé, plus mûr, avec dans ce recueil différentes techniques : couleurs (à l'huile ou aquarelle), bichromie et encre de chine. Gabrielle Bell confirme son talent pour poser des atmosphères sur des récits courts, l'ensemble (au-delà de ‘Cecil and Jordan …’) pouvant constituer une grande histoire aux multiples personnages. [15 Juin 09, Jean-Marc]
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Baladi - Encore un effort (L'Association, Suisse, 2009)
Aiguisé par feu la revue Eprouvette, Baladi reprend
le fil de ses réflexions sur
le sujet bande dessinée dans ‘encore un effort’,
dans la collection Eprouvette accueillant les essais consacrés au
9e Art. Les
contributions à la
revue sont reprises,
après une introduction sur la nécessité de continuer dans un ouvrage
entièrement dédié au sujet. Dans les nouveaux chapitres, Baladi nous
fait part de son cheminement dans
la bande dessinée, du premier aiguillage dans son enfance jusqu'aux choix
de
l'édition
indépendante
et au fanzinat. D'autres chapitres nous parlent de représentations (ou
non)
religieuses, journalistes reprenant les dossiers de presse sans lire les livres,
de formes évocatrices (comme celles de cartes géographiques), des
rapports avec les autres dessinateurs et artistes. Baladi s'accorde
un interlude musical avec une partition dessinée
(voir ses
livres ‘charge’ et ‘opus 69’) dans ses
réflexions Baladi rejoint
le trait à sa parole, la plaçant hors des
cases battues et rebattues.
Sincère (l'auteur s'y dévoile sans pudeur) et passionnant, cet
essai éclaire le lecteur que
vous êtes certainement sur l'abondante (on ne s'en plaint pas) production
du dessinateur genevois. [09 Juin 09, Jean-Marc]
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Alexandre Kha - L'attrapeur d'images (Tanibis, France, 2009)
Nemo Lowkat arpente le Monde un enregistreur d'images comme troisième
oeil. Il filme les révolutions, les luttes, visite les musées,
rencontre des cinéastes
du monde entier. Comme les chats qu'il affectionne et qui croisent son existence,
il erre la terre entière
en quête d'images, de souvenirs. Lorsqu'il
rentre dans sa tanière parisienne, il utilise un arsenal technologique
pour dérusher
et remonter le matériel récolté. Derrière Nemo
Lowkat se cache un personnage singulier. Il pourrait s'agir de Agnès
Varda,
glaneuse d'images, Nicolas Bouvier, genevois
arpenteur du Monde, ses pérégrinations
recoupent celles de Chris Marker, cinéaste,
documentariste, photographe, vidéaste,
artiste multimédia (à plus de 80 ans, le voilà sur 2nd life,
à se demander s'il ne possède pas 9 vies ... un hyper-artiste !).
Alexandre Kha (un chat
anglais à un "t" près)
parcourt avec poésie
l'oeuvre de Chris Marker, avec plusieurs
séries de tableaux commentés
mettant en scène son double, homme chat, comme
dans ses précédents ouvrages. La conception du livre (couverture,
des gravures en tête
de chapitre) évoque
l'univers de Jules Vernes, un imagineur d'images à l'aide de mots.
Le nom d'emprunt de notre aventurier vient bien entendu de son oeuvre. ‘L'attrapeur
d'images’constitue
un voyage extraordinaire dans la fiction (on croisera de nombreux cinéastes
comme A. Hitchcok, A.
Kurosawa, A. Tarkovski ...
) et le réel
. Une biographie imaginaire où tout est vrai. .Le lecteur pourra poursuivre
le voyage avec les notes de fin, vous n'êtes pas prêt de ranger vos
valises. [25 Mai 09, Jean-Marc]
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