 Claudia Llosa - Fausta (Pérou, 2009)
Une vielle dame chantonne sur un lit. Elle y relate son
viol, vingt ans auparavant, alors qu'elle est enceinte de sa fille Fausta,
qui écoute son chant. La vielle dame s'éteint ... Vivant dans
un bidonville sur les hauteurs de Lima chez son oncle, Fausta veut ramener
sa mère dans son village pour l'y
enterrer. Pour payer le voyage, elle se fait engager dans une demeure bourgeoise
de la ville, tenue par une concertiste en crise.
Le film fonctionne avec le non-dit, une mémoire épineuse
non résolue (la guerre civile qui a secouée le Pérou entre
1970 et 1990),
des rapports violent set complexes entre les personnages. La totalité du
film est centrée sur Fausta, résignée (telle
une ‘Rosetta’
des Dardenne) à ramener
sa mère au village, et de se libérer de son lourd héritage,
transmis par le lait maternel (‘la teta asustada’,
titre original du film, nom que l'on donne à cette "maladie").
La transmission est multiple : entre la mère et la fille donc, outre la "maladie",
Fausta chantonne également
pour faire face à ses peurs ; chants repris et utilisés par la
concertiste ; entre le jardinier et Fausta ... Des scènes
plus légères contrebalancent le sujet grave du film, avec les interludes
de mariages qu'animent l'oncle et les cousin(e)s. Claudia
Llosa travaille également
l'esthétique du film, avec la dualité du bidonville et de la ville
(reliés
par un grand escalier, qui rappelle les chemins des cités andines ...
) et les ambiances musicales et sonores, avec l'utilisation du dialecte Quecha.
‘Fausta’ est péruvienne, mais elle pourrait être d'un autre
pays ou d'une famille au passé non cicatrisé : ‘Fausta’ est
universelle !
‘Fausta’ est le 2e. long-métrage de Claudia
Llosa, après ‘Madeinusa’, déjà avec la même
interprète, Magaly Solier qui improvise ici une bonne partie des chants.
Le film est reparti de Berlin cet hiver avec l'ours d'or. On connaissait la richesse
et la qualité du cinéma argentin, voilà de nouveaux talents
dans cette partie de continent ! [02 Juil. 09, ] 
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 Festival de Cannes - menu 2009 (Festival de Cannes, France, 2009)
Le festival de Cannes a dévoilé le cru 2009.
Le zata vous propose une sélection parmi les sélectionnés.
Représentants asiatiques, Tsaï Ming-Liang présentera ‘visage’, l'histoire
de Salomé tourné au musée du Louvre (sortie le 11.11),
Lou Ye défendra ‘spring fever’ et Park
Chan-Wook ‘thirst’.
Côté européens,
on verra Eric Cantona chez Ken
Loach dans ‘looking
for Eric’ (sortie
le 27.05), le couple Sabine Azema / André Dussolier chez Alain
Resnais dans ‘les herbes folles’ (sortie
le 21.10) et Pedro
Almodovar viendra
avec ‘les étreintes brisées’ déjà dévoilé en
Espagne (sortie le 20.05). Isabelle Coixet,
canadienne protégée
du réalisateur / producteur espagnol proposera ‘map of the
sound of Tokyo’ avec Sergi Lopez.
Le palestinien Elia
Suleiman fera son retour
avec ‘le temps qu'il reste’ (sortie 28.10).
Michel Gondry sera présent hors de la compétition,
avec ‘l'épine dans le coeur’, un documentaire sur sa tante, tout
comme Terry Gilliam avec ‘the
imaginarium of Dr Parnassus’ (sortie le 11.11).
Signalons enfin que Nuri Bilge Ceylan fera partie
du jury présidé par Isabelle Huppert.
Ce 62e. festival se déroule
du 13 au 24 mai, sélection complète, avec d'autres mastodontes
(M. Haneke, Q. Tarantino, L. Von Trier, J. Campion ...), sur le site
du festival. [24 Avr. 09, Jean-Marc] 
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 André Téchiné - La fille du RER (France, 2009)
L'agression antisémite inventée par une jeune
femme avait fait grand bruit en 2004, d'une dépêche AFP jusqu'aux
sommets de l'État. André Téchiné garde
le fait divers et imagine le reste, un avant et un après, reprenant
le
travail de Jean-Marie Besset qui avait
signé une pièce intitulée
‘RER’, que l'on retrouve comme dialoguiste de ‘la
fille du RER’.
Les deux parties sont distinctes dans le film, "les circonstances" et
"les conséquences" avec comme instant de bascule l'invention
du drame.
André Téchiné part de deux familles,
Jeanne (Émilie Dequenne) et
sa mère Louise (Catherine Deneuve)
et les Bleistein. Le réalisateur creuse chaque personnage, Jeanne filant à la
capitale en RER et en roller, Louise veuve de militaire dans un pavillon
de banlieue aux papiers peints fleuris, Franck, le petit ami de Jeanne, orphelin
lutteur professionnel, Samuel Bleinstein (Michel
Blanc) avocat médiatique,
son fils Alex (Mathieu Demy) cherchant
sa voie, son ex belle fille Judith (Ronit
Elkabetz)
attachée aux traditions juive et son petit-fils Nathan qui n'échappera
pas à sa Bar Mitsvah. La multitude d'histoires individuelles inventées,
ainsi que les nombreuses combinaisons à deux (Louise et Samuel, Samuel et Alex, Alex et Judith etc)
s'imbriquent naturellement. Les wagons se décrochent,
se raccrochent, au fil des aiguillages et
le film avance comme (le devrait) un train de
RER. [1er Avr. 09, Jean-Marc] 
 5 autres articles sur André Téchiné , les 3 plus récents : • Les témoins • Les temps qui changent • Les égarés
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 Nuri Bilge Ceylan - Les trois singes (Turquie, 2008)
Les personnages du 5e long-métrage de Nuri
Bilge Ceylan, comme dans la fable des ‘trois
singes’ de Confucius,
se masquent les yeux, se bouchent les oreilles et bâillonnent leur
bouche. Un couple marié et leur fils évoluent au rythme des
non-dits, des secrets, du tacite, dans une atmosphère orageuse.
Atmosphère,
parlons atmosphère : Nuri Bilge Ceylan est
un virtuose pour capter l'impalpable sur pellicule ; la chaleur à travers
la transpiration, une brise par un mouvement de rideaux. Le son participe
complète cette richesse de ''climats'', intérieurs et extérieurs,
avec le bruit de respiration, miaulements de chat, l'appel du mueslin ...
Nuri Bilge Ceylan filme
les tourmants de l'âme humaine, les fissures de la famille qui se creusent avec
les interventions d'un homme politique peu scrupuleux en affaire et en sentiments,
dans un cadre
toujours magnifiquement photographié (il faudrait parler longuement de
cet immeuble en front de mer près d'une voir ferrée ...). Il poursuit
une oeuvre singulière entre Michelangelo
Antonioni, Andreï Tarkovski et Alexander
Sokourov, récompensé à Cannes par un prix de
la mise en scène. [09 Fev. 09, Jean-Marc] 
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