Lilli Carré - the Lagoon (Fantagraphics, USA, 2009)
Une mystérieuse créature vivant au fond d'un
lagon pousse la chansonnette certaines nuits et provoque de curieuses réactions
auprès de la population voisine. Le grand-père d'une famille
est pris de bien-être, sa fille est elle envoutée, son beau-fils
alerté court après le danger. La petite fille de la famille,
personnage centrale, observe tout ceci ne sachant quoi en penser ...
Après plusieurs participations à des collectifs
(dont la revue Mome),
des formats courts (dont ‘les histoires de
Woodsman Pete’
édité en français par La Pastèque), Lilli
Carré,
propose un récit plus long.
La dessinatrice originaire de Los Angeles, vivant à Chicago (ville de Daniel
Clowes, Chris
Ware ...) développe l'histoire en plusieurs instants discontinus.
De nombreux passages muets marquent le rythme et les ambiances de ‘the
lagoon’.
Le dessin très
noir au trait blanc dans les nombreuses scènes nocturnes et aquatiques,
évoque celui de Charles
Burns (également par l'introduction du
surnaturel) ou encore le travail de Hope Larson.
La force du livre tient dans le travail laissé au lecteur, le laissant
intérpréter le récit (on peut par exemple mettre un nom
sur cette créature
du lagon qui transforme les adultes ... ) jusqu'à la fin ouverte.
L'imaginaire part dans différentes direction au
fil des relectures, car la lecture en appelle de nouvelles, en attendant d'autres
histoires de Lilli Carré. [21 Mars 09, Jean-Marc]
|
Charles Berberian - Sacha (Cornélius, France, 2009)
Après Philippe
Dupuy et son ‘hanté’,
Charles Berberian (celui qui porte des
lunettes) dévoile
un récit monocéphale, hors du célèbre couple de
dessinateurs. L'histoire de ‘Sacha’ se déplie
en 3 parties, les 2 premières
sur une même période contemporaine vue des deux côtés
d'un couple égaré dans leur vie avant un retour dans les années
70 pour la dernière partie. Charles Berberian nous
fait voyager dans le temps en douceur. La transition se situe parfois dans
un seul dessin (la majeure partie est sans case), ou par le biais d'un rêve. ‘Sacha’ est
réalisé en
noir et blanc, au crayonné qui conserve la fraîcheur du trait.
Outre le couple en crise, on croisera Buzz Aldrin,
Michael Jackson, Pierre Schaeffer,
un vieillard ronchon, le chat Sacha (brièvement ...), un
chien hybride (une sorte de "batdog")
et ses compagnons à 4
ou 2 pattes. On ira au musée Grévin, dans un Paris aux
allures de village. Charles
Berberian lie tous ces éléments et tisse un subtil
récit
métaphysique. [12 Mars 09, Jean-Marc]
|
|
Gauthier - Peau de lapin (Misma, France, 2009)
Pour conserver l'intensité émotionnelle du
récit de cet ouvrage, je resterai volontairement évasif sur le
sujet. Levons un coin du voile, en disant que “peau de lapin” traite
de l'enfance et de ses difficultés, rejoignant par son titre et ses
thèmes le film “peau d'homme, cœur de bête” d'Hélène
Angel ...
La dessinatrice Gauthier avait livré deux épisodes
de cette histoire dans les Dopututto #10 et #13.
Le récit
complet, succession d'épisodes, révèle toute sa force
et bouleverse littéralement son lecteur. Le dessin est réalisé au
crayon, outil fragile, outil de l'enfance ...
Pour
ouvrir les boîtes présentes en couverture de ce livre carré édité par
Misma, direction leur site web ou les libraires
les mieux achalandés
et attention au choc ! [27 Fev. 09, Jean-Marc]
|
Frédéric Fleury - C'est triste 2 (Employé du moi (l'), France, 2009)
Avec ‘c'est triste 2’, Frédéric Fleury remet une seconde fois le couvert. La couverture nous met en bouche avec son auteur à la coque. Dans l'assiette du lecteur, c'est plat unique, la personne de l'auteur assaisonné avec une bonne dose d'auto-dérision, avec des ingrédients puisés dans les souvenirs d'enfance ou plus frais dans le temps. Il sait monter en sauce un petit événement, trouver le burlesque d'une situation et lui donner une saveur insoupçonnable à la base.
L'ouvrage est très digeste, avec un rythme soigné, des histoires plus ou moins denses (toujours en une page et sans cases), parfois en dessin unique, ou encore muettes (voir l'hommage à Snoopy de Peanuts de Charles M. Schulz). Ce 2e. volume complète l'autoportrait singulier de Frédéric Fleury, et l'ensemble constitue un formidable garde-manger dans lequel on viendra régulièrement picorer. [26 Janv. 09, Jean-Marc]
|
|