 Charles Burns - El Borbah (Cornélius, USA, 2008)
Cornélius ré-édite ‘El Borbah’ de Charles Burns. Né dans les colonnes du magazine Raw en 1982, puis dans Heavy Metal, il avait été édité en France aux Humanoïdes Associés en 85 et sous le titre utilisé pour son édition américaine (Pantheon books), ‘Defective stories’ chez Albin Michel en 89. Cornélius conserve la traduction originelle de Jean-Luc Fromental, avec une bonne galerie d'injures et des expressions en argot que l'on ne trouvera pas dans le Larousse !
‘El Borbah’ est un catcheur reconverti en détective privé, sans avoir rangé son costume au placard. Charles Burns imagine un univers semi-réaliste, semi-fantastique peuplé d'androïdes, de chercheurs fous, de sectes secrètes ... un univers aussi noir que son dessin. Inspiré par les catcheurs mexicains, lecteur avide du magazine "lucha libre" (lire le dossier en fin d'album), Charles Burns présente un personnage très politiquement (et religieusement) incorrect, ingurgitant du tex-mex, des alcools et des cigarettes à longueur de planches et ne se fiant qu'à sa voiture rutilante, sa pouliche. Bienvenue dans les entrailles des bas-fonds, qu'ouvrent avec la méthode forte ‘El Borbah’. Bienvenue dans cet album sorti des entrailles de l'édition par Cornélius avec son professionnalisme légendaire. [14 Oct. 08, Jean-Marc] 
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 Laurent Dandoy - Hypoxie (Employé du moi (l'), Belgique, 2008)
Autobiographique, ‘Hypoxie’ nous
entraîne
dans les dédales
de l'hôpital, aussi bien architecturaux que mentaux. Victime d'essoufflements, Laurent
Dandoy, membre de l'employé du moi, auteur du ‘crépuscule
des ballons de foot’, doit
s'en remettre à l'hôpital bruxellois.
L'hypoxie, un manque d'apport d'oxygène aux cellules musculaires, est
alors diagnostiquée.
Il doit
garder la chambre pour une observation et des examens et décide de consigner
ses mésaventures
sur des carnets. Son séjour se déroule à côté d'un
vieux monsieur maghrébin habitué à l'établissement et à toutes
les bonnes combines ...
Dessiné au fil du traitement, l'ouvrage
traverse les interrogations de l'auteur sur sa santé, le fonctionnement
de l'hôpital, ses aberrations, avec une bonne dose d'humour venant
de son voisin malgré son état, ou encore du burlesque (voir le
branle-bas pour les examens). Le dessinateur reprend ses esquisses
au lavis, et s'affranchit de la mise en page sans délimitation
de cases. Le récit
respire ainsi, gardant la fraîcheur de l'instant (tout le contraire
de l'hypoxie !). Si Laurent Dandoy ne
sort pas tout à fait
le même de ce court séjour,
il en va de même pour le lecteur (sans les odeurs d'éther ...),
tout ce que l'on attend d'un bon livre ! [06 Oct. 08, Jean-Marc] 
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 Sean Ford - Only skin (Auto-édité, USA, 2008)
Cassie revient avec son jeune
frère Clay dans la station-service que
tenait son père Sam avant sa disparition
mystérieuse. La police enquête sans
succès sur une série de cas similaires, avec
quelques indices plutôt macabres à
l'orée de la forêt voisine. Un journaliste, Paul,
et son ami Albert mènent des recherches
de leur côté. Clay
reçoit la visite d'un curieux fantôme ... Une
jeune femme revient de la forêt avec des
révélations attendues. Il s'agit d'autant plus de
l'ancienne compagne de Sam, qui provoqua la rupture
familiale et le départ de Cassie et Clay
avec leur mère ...
‘Only skin’
se déroule dans une atmosphère à la David Lynch,
pas très loin de la forêt de Twin Peaks. On le
doit à Sean Ford,
récent diplômé du Center Cartoon
Studies (CCS) dans le Vermont, avec des enseignants et intervenants de
rêve : James Kochalka,
Jordan Crane,
Kevin
Huizenga, John
Porcellino, Ron
Rege Jr et bien d'autres. Côté
bancs de l'école, Sean
Ford était également en
bonne compagnie, avec Alex Kim
(lauréat d'une bourse Xerix), ou encore Joseph
Lambert, autant d'auteurs à surveiller de
près (on les retrouve au sein des anthologies Sundays).
Auto-édité dans un format "grand comics" en noir
et blanc, couverture couleur, ‘Only skin’
comporte actuellement 3 numéros, le 4e étant
imminent. On pourra rapprocher le style graphique de Sean Ford au
travail de Paul
Hornschemeier. La force de ‘Only
skin’ tient autant du visuel, avec de puissants
aplats noirs, que de sa narration. Vous pouvez
devez commander ces comics auprès de Secret
Acres.
[26 Aou. 08, Jean-Marc] 
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 Gilles Rochier - Temps mort (6 Pieds sous Terre, France, 2008) ‘Temps
mort’
débute sur les bancs d'une cité de Colombes (92)
où discutent deux potes. L'un raconte qu'il vient de perdre
son boulot après 12 ans de boîte et qu'il compte
utiliser cette rupture de temps imposée pour assouvir sa
passion du dessin. Il s'agit de Gilles
Rochier,
dans un exercice autobiographique. Il nous raconte son parcours dans ce
nouveau chapitre de vie. On le voit construire sous nos yeux son projet
autour de son quartier et de ses habitants.
Le lecteur est placé en vue
subjective, Gilles Rochier
se dessinant de dos, tout au plus de 3/4 arrière. Outre sa
personne qu'il dévoile, il livre des portraits de ses potes,
des jeunes occupant le temps au basket ou sur leur skate, des
commerçants ou encore de sa famille. Il est aussi bien
l'observateur aguerri de son quartier que de lui même. Il
trouve le juste ton, la bonne distance ; loin des clichés
;
proche des gens ; avec une grande sincérité. Ses
carnets de
travail, avec notamment une série de tags ‘Igor’,
sont intégrés à son récit,
hors cases et teintés brun clair. L'ouvrage
entier, utilise d'ailleurs la
bichromie, très réussie (bravo JP
!), hors mis un passage de deuil resté en noir et blanc.
Le lecteur refermera ‘Temps
mort’ tout aussi secoué que
l'auteur dans sa dernière mésaventure. Ce temps
n'a pas été vain, Gilles
Rochier mérite ses galons (sa veste
le permet !) de dessinateur humaniste.
[19 Juil. 08, Jean-Marc] 
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