Andy Goldsworthy
est un artiste écossais d'une cinquantaine d'années qui
travaille dans la nature, avec la nature. Très tôt il a
décidé de recourir à la photographie pour fixer
ses œuvres et les faire découvrir. Ses travaux étant
souvent éphémères, ou difficiles d'accès,
en tout cas peu transportables dans des musées ou dans des galeries,
le recours à la photographie était logique. Pourtant,
beaucoup des œuvres de Goldsworthy ont une dimension temporelle
évidente : exploitation du mouvement du vent, des rivières
et des marées pour faire vivre ses sculptures ; utilisation des
gels nocturnes, de la chaleur du soleil, des lumières changeantes...
La fixité photographique semble donc retirer une dimension essentielle
à l’œuvre.
Dans son livre "Pierres" (Editions Anthèse),
Goldsworthy s'explique sur son choix de la photographie. Paradoxalement
il la justifie par son aspect ... temporel : "Il me convient bien
d'utiliser un médium qui dépende aussi étroitement
du temps. Une photo s'enracine dans l'instant où elle a été
prise et fonctionne, à ce titre, différemment d'une peinture
ou d'un dessin. La photo est le temps. Si je devais décrire mon
oeuvre d'un mot, ce serait le temps."
Dans son beau film "Rivers and Tides - Andy Goldsworthy
et l'œuvre du temps", Thomas Riedelsheimer
a quant à lui choisi de restituer directement le mouvement naturel
qui entoure les œuvres de Goldsworthy : processus de création,
interactions avec l'environnement, permanence dans les saisons, processus
de destruction naturelle. Des mouvements de caméras très
étudiés, assez discrets, et certainement techniquement
très compliqués à réaliser (surtout en pleine
nature), viennent approfondir l'ensemble. L'effet final est souvent
très fort. L'attention portée par Goldsworthy à
la nature est palpable. Comme l'est son émotion quand les rivières
et les marées s'emparent finalement de ses créations,
pour les submerger, pour les faire dériver.