 Gilles Rochier - Temps mort (6 Pieds sous Terre, France, 2008) ‘Temps
mort’
débute sur les bancs d'une cité de Colombes (92)
où discutent deux potes. L'un raconte qu'il vient de perdre
son boulot après 12 ans de boîte et qu'il compte
utiliser cette rupture de temps imposée pour assouvir sa
passion du dessin. Il s'agit de Gilles
Rochier,
dans un exercice autobiographique. Il nous raconte son parcours dans ce
nouveau chapitre de vie. On le voit construire sous nos yeux son projet
autour de son quartier et de ses habitants.
Le lecteur est placé en vue
subjective, Gilles Rochier
se dessinant de dos, tout au plus de 3/4 arrière. Outre sa
personne qu'il dévoile, il livre des portraits de ses potes,
des jeunes occupant le temps au basket ou sur leur skate, des
commerçants ou encore de sa famille. Il est aussi bien
l'observateur aguerri de son quartier que de lui même. Il
trouve le juste ton, la bonne distance ; loin des clichés
;
proche des gens ; avec une grande sincérité. Ses
carnets de
travail, avec notamment une série de tags ‘Igor’,
sont intégrés à son récit,
hors cases et teintés brun clair. L'ouvrage
entier, utilise d'ailleurs la
bichromie, très réussie (bravo JP
!), hors mis un passage de deuil resté en noir et blanc.
Le lecteur refermera ‘Temps
mort’ tout aussi secoué que
l'auteur dans sa dernière mésaventure. Ce temps
n'a pas été vain, Gilles
Rochier mérite ses galons (sa veste
le permet !) de dessinateur humaniste.
[19 Juil. 08, Jean-Marc] 
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 Pierre Maurel - 3 déclinaisons (Employé du moi (l'), France, 2008)
Un jeune sans emploi n'explique pas ses hallucinations de
nature dans son quotidien urbain. Une libraire souhaiterait obtenir un
C.D.I., mais la patronne ne l'entend pas ainsi. Elle rencontre un
membre
activiste dans un groupe "terroriste de proximité" ... Un
couple
vit de petits boulots, lui aux espaces verts de la ville, elle dans une
librairie ... Ces ‘3 déclinaisons’
tournent autour des mêmes questions
sociales, la place du travail dans notre époque
contemporaine.
Les trois récits correspondent à trois
chapitres mais le destin de chacun croise subtilement celui
des autres ... Le dessin de Pierre
Maurel est riche
en détail, hors-mis les cases
représentants seules
les personnages, pour mieux se
concentrer sur eux. Son trait réaliste sert le
réalisme du propos. Le propos justement n'est pas commun
dans la bande dessinée, en dehors de ses
précédents travaux ou du travail de Naz
(voir ‘le
nouveau journal de Judith et Marinette’
aux Taupes de l'espace et son comic ‘le
vol c'est la
propriété’ à la
Chose ). Il n'existe pas genre
"social" dans la bande dessinée, comme on peut le trouver
dans le cinéma. Pierre
Maurel est en
quelque sorte un Ken
Loach du 9e Art. [27 Juin 08, Jean-Marc] 
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 Max De Radiguès - Jacques Delwitte, Little White Jack (Employé du moi (l'), Belgique, 2008) Parmi les spectateurs, Bruxellois et touristes, d'un musicien de rue à la barbe blanche, Max de Radiguès s'est arrêté plus longtemps, laissant travailler son imagination. ‘Jacques Delwitte, Little White Jack’ est ainsi né. Dans les pages de cette fiction inspirée d'un personnage bien réel, le musicien prend le chemin d'un studio d'enregistrement tenu par son beau-fils pour travailler avec un jeune groupe de rock anglais. Son passé se révèle au fur et à mesure des discussions avec la chanteuse et sa fille, ou de vieilles photos. Jack Wight menait une carrière musicale outre-atlantique avec sa compagne May Wright jusqu'à son retour précipité en Belgique ... Max de Radiguès nous raconte une nouvelle histoire bruxelloise, ou plutôt internationale, comme l'était ‘Antti’. Le riche passé du musicien de rue se révèle petit à petit en monochrome, alors que le présent se déroule en bichromie marron et verte. Comme on peut le trouver dans un album musical, les pages muettes fonctionnent comme des respirations instrumentales. Ce livre nous parle également de ponts entre générations qui peuvent se révéler salvateurs ... Après sa lecture, vous ne regarderez plus ni écouterez les musiciens au coin de votre rue de la même façon. [16 Juin 08, Jean-Marc] 
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 Collectif - Drozophile #7 (Drozophile, Suisse, 2008) Voilà 6 ans que le Drozophile, gigantesque (30x40 cm) animal de papier et d'encre, ne s'était montré. Ce nouvel opus rassemble une vingtaine de dessinatrices (avec deux intrus masculins, Poussin et Exem) autour du thème de la liberté. On pourra ainsi voir un poème de Prévert adapté par la libanaise Zeina Abirached, ou encore la réalité briser la liberté des palestiennes Faten & Fida Fawzi.
Les contributions sont internationales : d'Israël (Meirav Shaul, Michal Baruch), Slovénie (Ajda Mavser, Petra Prezelj, Sasa Kladnik), Madagascar (H Manga), Espagne (Julia Pelletier), Belgique (Géraldine Servais), France (Nancy Peña, Olive, Nathalie Desforges), mais aussi de Suisse (Anna Sommer, Louise Bonnet, Laura Jurt, Nadia Raviscioni, et Joëlle Isoz). Toutes les pages sont soigneusement sérigraphiées sous le contrôle de Christian Humbert-Droz, véritable sorcier imprimeur. A vous de libérer un des 550 exemplaires chez les meilleurs libraires. [10 Juin 08, Jean-Marc] 
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