Après le remarquable ‘Lafrance’
(2001), Alain Gomis
revient avec ‘Andalucia’,
portrait d'un personnage en quête d'identité. Yacine,
trentenaire, vit dans une caravane d'un camp de cirque près
de Paris. Lorsqu'il rend visite à sa famille
restée dans la cité où il a grandit,
il ne se sent pas chez lui et n'a pas réglé les
troubles du
passé (la conversion au catolicisme de son père
ancien du FLN entre autres). Ce n'est pas mieux avec les anciens amis
de la cité qui lui reprochent de les avoir
abandonnés. Yacine lutte
également avec des désirs de violence.
Côté professionnel, Yacine ne
veut pas se fixer et
multiplie les boulots d'intérims dans le milieu
socio-éducatif. Yacine n'est bien nul
part, il se glisse partout en étant
caméléon, se fondant aux personnages de cire du
musée Grévin, ou se nourrissant de multiples
influences (voir les murs de sa caravane), mais n'arrive pas
à trouver sa propre couleur ... Sans dévoiler la
fin du film, les peintures du Greco à
Tolède en Andalousie, trait d'union entre l'Europe et
l'Afrique du nord, seront la réponse, une réponse
là encore emprunt de poésie.
Lors de cette recherche personnelle, Yacine
croisera différents personnages, autant de moments de pur
poésie. Il faudra écouter ce clochard philosopher
à partir d'un enregistrement musical dans une soupe
populaire, voir une femme modèle pour des cours de peinture
traverser les nuits de Yacine, voler dans les airs
avec une funambule au cirque etc.
Tourné avec très peu de
moyens, le franco-sénégalais Alain Gomis
réussit une oeuvre magnifique sur une recherche de soi et
filme la découverte d'un instant magique, le geste parfait
que recherche Yacine. ‘Andalucia’
est un instant magique dans le cinéma, une
réponse différente à une
même question posée par d'autres,
l'identité des immigrés
déracinés, comme Abdellatif
Kechiche dans
‘la graine et le mulet’
1 autre article sur Alain Gomis : • L'afrance
|
|