 Joel & Ethan Coen - No country for old men (USA, 2008)
Si ‘No
country for old men’ est l'adaptation
d'un roman de Cormac
McCarthy, le film est aussi un
concentré de l'univers des frères Coen.
Ce nouvel opus lorgne du côté de ‘Fargo’
(le magot, un(e) shérif vieillissant(e)) et de ‘Barton
Fink’ (le mal absolu, la dimension existentielle).
Les Coen font
appel à Javier
Bardem, le démon ultime du film,
incarné en tueur froid, acteur espagnol que l'on a vu chez Pedro
Almodovar (‘en chair et en
os’)
et Bigas Lunas.
Le shérif s'interrogeant sur une
société qu'il ne comprend plus, est
interprété par Tommy
Lee Jones
et le fuyard ne pouvant jamais sa valise remplie de dollars par Josh
Brolin, récemment vu en
inspecteur
véreux dans ‘American Gangster’
de Riddley Scott
et que l'on verra prochainement
chez Gus Van Sant.
Les frères Coen
exploitent également le paysage, la
frontière
entre le Mexique et les USA (que filmait Chantal
Ackerman dans ‘de
l'autre côté’).
Le film regorge de scènes d'action (d'anthologies), la
lenteur
le caractérise tout autant, avec quelques scènes
lynchiennes,
les fameux trous de serrures dans lesquels le spectateur se
doit se s'abandonner en suivant les frères Coen.
[29 Janv. 08, Jean-Marc] 
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 Cristian Mungiu - 4 mois, 3 semaines et 2 jours (Bac films, Roumanie, 2007)
En 1987, deux ans avant la chute de Ceausescu, Otilia
et Gabita, deux filles d'un pensionnat
universitaire se préparent pour un mystérieux
départ. C'est pourtant dans un (des rares) hôtel
de Bucarest qu'elles se rendent ... Pour que l'effet de surprise et de
découverte soit conservé si vous n'avez pas
encore vu le film, la raison qui les anime est illicite sous le
régime autoritaire de l'époque.
La caméra suit du début
à la fin, Otilia empressée,
prise entre le service qu'elle rend à son amie Gabita
(un service qui était alors rendu pensant comme si l'on
devait en avoir besoin à son tour), et le repas
d'anniversaire de la mère de son petit ami. . Le spectateur
est pris dans le tourbillon des personnages dans un Bucarest
âpre et sombre de l'époque, fort bien rendu.
Le réalisateur, Cristian
Mungiu signe là son 3e film. Il avait
déjà été
remarqué à Cannes (alors à la
quinzaine) pour ‘occident’
(voir le zata)
en 2002, cette année pour son
entrée en compétition officielle, il remporte la
palme d'or. Vous risquez de reconnaître certains seconds
rôles de ‘4, 3, 2’,
si vous aviez vu ‘la mort de Dante
Lazarescu’ de Cristi
Puiu, autre réalisateur
roumain à suivre de près. Les films roumains de
cette génération se caractérisent par
une critique sociale amère, non dénué
d'humour, n'épargnant personne, comme pouvaient
l'être certains films italiens des années 70, 80
(‘l'argent de la vielle’ de Mario
Monicceli ou encore ‘affreux,
sales et
méchants’ de Ettore
Scola
{il a son sosie dans ‘4, 3, 2’ avec le
père du fiancé !} ), voilà une bonne
filiation !
[19 Nov. 07, Jean-Marc] 
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 Jean-Daniel Pollet - Méditerranée (France, 1963)
[08 Aou. 07, Fabien] 
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 Apichatpong Weerasethakul - Syndromes and a century (Thaïlande, 2007)
Avec ‘Syndromes and a
century’, Apichatpong
Weerasethakul reprend une construction en deux parties et
clôture sa trilogie de dualités. Nous
passons ici de la campagne à la ville, d'une nature
verdoyante à une froideur blanche, du passé au
présent, du rustique au high-tech ... La trame narrative, si
l'on peut qualifier ainsi la trame d'un film qui se situe plus au
niveau des émotions et des sensations, tourne autour de deux
hôpitaux, l'un de campagne, l'autre urbain. Certains
personnages traversent les années et les parties du film,
comme un moine bouddhiste persécuté dans son
sommeil par des gallinacés. Certaines scènes sont
rejouées avec les mêmes dialogues, dans des
cadres différents. Il est question de karma, et de
ré-incarnation, comme dans ses
précédents films. Ici, un dentiste, chanteur de
variété à ses heures
perdues, croit reconnaître son frère revenu sous
les habits d'un bonze
apprenti DJ.
Le spectateur sera d'abord frappé par
la beauté plastique du film (visuelle et sonore) puis
construira son propre film, à partir des situations de
'déjà-vu'. Chacun fera son film. Apichatpong
Weerasethakul nous surprend avec des situations
étranges, inattendues ou décalées,
à l'image d'une séance de step-gymnastique sur un
titre pop, ou encore de la dégustation d'une
bouteille de whisky cachée dans une prothèse
médicale. Le réalisateur ouvre ses souvenirs
(certains éléments sont relatifs à ses
parents) et par jeu de miroir, ouvre notre imaginaire. [31 Juil. 07, Jean-Marc] 
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