Tsaï Ming-Liang - I don't want to sleep alone (Taïwan, 2007)
Des travailleurs bengalis à
Kuala Lumpur, des
logements taudis, un malade aphasique sous perfusion, une
employée de bar et accessoirement aide soignante, logeant
dans un grenier, le chantier interrompu d'un immeuble qui prend
désormais l'eau, un matelas
récupéré
à l'autre bout de la ville, un feu de forêt
gigantesque
provoquant une épaisse fumée en ville...
Voilà
quelques éléments de ‘I
don't want to sleep
alone’. Le film reprend la structure en
morceaux qui s'assemblent, le morceau étant exclusivement
un plan fixe souvent étiré dans le
temps. Tsaï
Ming-Liang, exilé
à Taïwan, revient dans son pays d'origine, la
Malaisie. Il
fait le voyage avec son acteur fétiche Lee Kang-Sheng.
Il ne
manque pas d'épingler le gouvernement, le matelas
étant
une référence à une affaire de
corruption, étant porté au tribunal comme
pièce à conviction !
Un sans-abri muet erre dans la ville. Mal lui en prend de suivre
un arnaqueur, sans un sous pour payer les soi-disant bons
numéros du loto, il se fait rosser. Il est recueilli par un
groupe de bengalis transportant un matelas dans leur taudis ...La suite
ne manque pas de liquides sous de nombreuses formes (sueurs,
sécrétions, eau de lavage, fuites, etc). Nous
sommes bien
chez Tsaï
Ming-Liang. Les dialogues sont rares, le rythme
lent et les êtres souvent seuls ; avec toutefois un espoir
plus marqué ici, avec une envolée lyrique en
guise de final.
[10 Juil. 07, Jean-Marc]
1 autre article sur Tsaï Ming-Liang : • Et là bas, quelle heure est-il ?
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Raphaël Nadjari - Tehilim (France, 2007)
Le marseillais Raphaël
Nadjari poursuit sa série
israélienne, après la trilogie new-yorkaise.
Après ‘Avanim’
(2004), tourné à Tel Aviv, il filme à
Jérusalem la famille Frankel,
confrontée
à la disparition aussi soudaine que mystérieuse
du père Eli. ‘Tehilim’
(psaumes) est construit autour de Menahem,
le fils aîné, délaissant ses amis
lycéens pour glisser vers son
grand-père paternel qui étudie le talmud et son
oncle. Sa mère Alma
s'inquiète de cet intérêt religieux,
veut
préserver son jeune fils David et
s'isole de sa belle famille.
On retrouve les thématiques
de Raphaël
Nadjari,
la famille, l'isolement et la judéité. Il sait
aussi faire rentrer le
spectateur dans l'histoire et les lieux comme peu de
réalisateurs. Il
faut aussi souligner la musique, ici de Nathaniel
Mechaly, toujours importante et
intégrée dans les films de Nadjari.
Après avoir été
sélectionné
à Cannes pour un certain regard et la quinzaine des
réalisateurs, Nadjari
accédait à la sélection
officielle avec ‘Tehilim’.
[18 Juin 07, Jean-Marc]
2 autres articles sur Raphaël Nadjari : • Apartement #5C • I am Josh Polonski's brother
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Sarah Polley - Loin d'elle (Canada, 2007)
Fiona
et Grant sont mariés depuis 45 ans. Il y
a 20 ans, Grant avait quitté
l'Université où il enseignait pour sauver son
couple après une liaison avec une étudiante. Une
nouvelle épreuve les touche, la maladie d'Alzheimer de Fiona.
Elle décide de partir en maison
spécialisée. Fiona se
rapproche d'un autre pensionnaire ... Grant est du
genre persévérant, et ne s'éloigne pas
pour autant ... bien au contraire ...
La maladie est abordée à
travers l'histoire de ce couple, loin d'un seul aspect clinique. Le
film avance entre un présent et des flash-backs, reprenant
la fragmentation de la mémoire. Le spectateur tisse
l'histoire complète au fur et à mesure. Les
thèmes, un couple dans un âge avancé,
la mort approchant, la culpabilité, renvoient aux films d'Ingmar Bergman.
‘Loin d'elle’ nous vient du
Canada, d'une comédienne de 29 ans réalisant son
1er long métrage, Sarah
Polley. Son parcours de comédienne
avait commencé à 4 ans, avec ‘les
aventures du baron de Münchausen’ de Terry Gilliam,
et continue depuis avec Atom
Egoyan (‘Exotica’,
‘de beaux lendemains’), David
Cronenberg (‘eXistenZ’),
Isabelle Coixet
(‘ma vie sans moi’), ainsi que
certaines productions plus hollywoodiennes (comme ‘Dawn
of the dead’ de Zack
Snider). Sarah
Polley choisit un sujet loin d'être
évident, en adaptant une nouvelle d'Alice
Munro
(‘l'ours qui traverse la montagne’).
Elle pioche
dans une large palette de sentiments, toujours au bon instant,
accrochant larmes et sourires aux spectateurs. La
réalisatrice n'imaginait pas faire son film sans Julie Christie,
elle respire le personnage. Gordon
Pinsent est lui aussi très juste dans
son rôle. Sarah
Polley gagne son passeport de
réalisatrice de 1er ordre.
[23 Mai 07, Jean-Marc]
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Jacques Rivette - Ne touchez pas la hache (France, 2007)
Armand de Montriveau (Guillaume Depardieu),
général français retrouve sur une
île espagnole la femme qu'il cherche depuis cinq ans. Antoinette
de Navarreins (Jeanne
Balibar), épouse du duc de Langeais
vit cloîtrée dans un monastère, elle
est devenue soeur Thérèse. A Paris, ils avaient
joué un jeu dangereux de séduction et de refus
... où chacun avait franchit une frontière ...
où chacun à sa manière avait 'touché
la hache' ...
Jacques
Rivette adapte 'la duchesse de Langeais'
de Balzac avec une économie de moyen
(peu de décors différents), mais avec une grande
richesse des personnages. Il nous présente les
stratégies de chacun pour arriver à leurs fins
(un thème associé à son
réalisateur) ; le film est une véritable bataille
émotionnelle.
Rivette déplie avec
habileté l'histoire en commençant par les
retrouvailles sur l'île avant de dévoiler le
début de leur relation, pour terminer encore un peu plus
tard ...
Rivette
fait de nouveau appel à Jeanne Balibar
(‘va savoir’) avec un nouveau
partenaire (G. Depardieu).
Il soigne également les seconds rôles (Bulle Ogier,
Michel Picolli,
Marc Babe
...). Tout comme Eric
Rohmer avec ‘l'anglaise et le
duc’, Jacques
Rivette réussit,
différemment, un film en costumes atypique.
[09 Mai 07, Jean-Marc]
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