Jérôme,
personnage de Nylso, existe
depuis quelques années, il est né dans la revue
‘Chez Jérôme comix’,
lancée peu après la naissance d'Alphagraph,
une librairie indépendante rennaise, tenue par
Jérôme (de son nom Saliou,
voir cet article de l'Oeil
électrique). Nylso
a poursuivi les aventures de Jérôme
sur plusieurs volumes, édités par Flblb,
‘Jérôme et Sultana’
est le 4e, écrit avec la complicité de Marie Saur
depuis le 3e. (‘Jérôme et le
lièvre’).
Le Jérôme de Nylso est
lui aussi libraire, enfin apprenti libraire ; nous ne sommes pas
à Rennes, mais au Moyen-Orient et le petit jeune homme est
coiffé d'un fez, chapeau traditionnel égyptien. Jérôme
a posé sa roulotte tractée par la mule Bourrique
(avec qui il converse régulièrement) dans la
campagne, non loin de la ville de la librairie où il se
forme. Le libraire
plutôt ronchon a bien concédé de le
prendre sous son aile, cela lui permet de se délester
des basses besognes et de s'absenter plus librement. Autre personnage,
le grand maître vient éclairer (enfin, il est
supposé le faire) Jérôme.
Dans ‘Jérôme
et
Sultana’, Jérôme
quitte les sous-sols de
son lieu de travail, il est promu libraire, suite au
départ de son patron parti reprendre une librairie
à la capitale. Jérôme
continue de
s'interroger sur son métier et sur sa passion,
l'écriture ; est-ce possible et comment concilier les deux
... Il essaye de puiser des réponses dans les livres (ici Witold Gombrowicz
et Soseki,
Nylso
étant aussi nourri de littérature, notamment avec
Paul Nizan
et Robert Walser,
lire son entretien dans Comix Club
#4). Son quotidien et sa relation avec Sultana
(qui n'apprécie guère Gombrowicz ...)
le font progresser lentement
dans sa quête infinie.
Nylso
avait fondé le
Simo, une structure d'édition avec sa
revue, avec la regrettée Joëlle
Manix. Après plusieurs comics, Nylso a
trouvé
en Jérôme plus qu'un
fidèle compagnon de récit, un
véritable double. Le lecteur s'identifiera aussi, nous
sommes tous des apprentis en quête de réponses
... Avec quelques traits simples, le dessinateur brosse ses
personnages, dresse la végétation, pose les
ombres avec quelques hachures. Il adopte une composition libre en
supprimant parfois les cases, ou encore en déroulant
l'action dans le temps dans un décor unique. C'est un
véritable plaisir de lecture, à tous niveaux. A
noter pour les retardataires, que Flblb
réédite les deux premiers tomes en un seul
ouvrage, intitulé ‘Jérôme
d'Alphagraph’

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