 Baudoin - Le petit train de la côte bleue (6 Pieds sous Terre, France, 2007)
Si vous voulez rejoindre Marseille à
Miramas, certes il existe la ligne qu'emprunte les trains à
grandes vitesses, mais la ligne de la côte bleue est bien
plus pittoresque, à bord d'un train micheline jaune et
rouge, aux sièges en skaï, il y a quelques
années. Si l'autorail est désormais plus moderne,
le temps de cette ligne s'écoule plus lentement qu'ailleurs
et vous aurez tout le loisir d'admirer les paysages de la cote, les
calanques, les pinèdes, les étendues sauvages. Ce
temps-là est inestimable, il vaut bien plus que le temps de
la vitesse. Précisons pour être honnête
que les derniers kilomètres à travers les
industries de Fos sur Mer sont moins bucoliques.
Baudoin,
méditerranéen (niçois plus
précisément), a découvert cette ligne
lors d'une résidence à Vitrolles. Il y est
retourné avec ses carnets à dessins qu'il a
rempli, le temps d'un trajet aux multiples haltes. Il nous restitue
avec toute sa poésie, les paysages et portraits humains
croqués de son siège ou des alentours de la voie.
Alors, je vous propose sans tarder d'embarquer ... quai n°6
(celui des 6 pieds sous terre bien sur).
[11 Mai 07, Jean-Marc] 
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 Robert Crumb - R. Crumb's heroes of blues, jazz & country (Abrams, USA, 2007)
On connaît l'attirance de Robert Crumb
pour certains genres musicaux, si possible sur 78 tours qu'il
collectionne. Il visite souvent le thème dans ses
dessins. Il n'est pas rare qu'il illustre un disque et compile
même des titres comme pour 'hot women singers'. R. Crumb est
aussi un joueur de banjo (instrument favori des dessinateurs ...). Terry
Zwigoff, qui signe l'introduction de ce livre, nous
dépeignait
ce collectionneur compulsif dans son documentaire 'Crumb'.
Restons sur
les écrans avec 'American Splendor' de Robert
Pulcini où l'on voit R. Crumb
avec Harvey Peykar
autour de la musique.
Il est arrivé que R. Crumb
échange un dessin d'artiste pour acquérir une
galette convoitée. Il a continué de
faire des portraits musicaux imprimés sur des cartes, avec
une biographie de l'artiste au verso, édités dans
des boîtes cartonnées. Trois boîtes ont
ainsi vu le jour, 'heroes of blues', 'Early
Jazz Greats' et 'Pioneers of Country Music'
chez Kitchen Sink Press dans le milieu des
années 80.
Rapidement
épuisées, ces 'trading cards' revoient le jour
dans ce petit livre cartonné rassemblant les trois
séries. R.
Crumb utilise le style hachuré pour
les séries country, hachures plus grosses pour le
blues et un style gouaché rarement utilisé par R. Crumb pour
le jazz. Les dessins sont déjà
suffisamment expressifs mais une bande-son est fournie avec
l'ouvrage, non pas en 78 tours, mais disque compact !
[16 Avr. 07, Jean-Marc] 
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 Blanquet - La vénéneuse aux deux éperons (Cornélius, France, 2007)
Blanquet
a récemment ouvert sa panse (titre d'une exposition), et
l'on peut dire que son univers est torturé,
peuplé de personnages masqués,
enfermés ou fantomatiques
(à ce sujet, 'le fantôme des autres'
sera
réédité au Drozophile
cette année
avec ses encres luminescentes) ... 'La
vénéneuse aux deux éperons'
ne nous dépayse pas. Le lecteur devra relire plusieurs fois
le
livre pour remettre de l'ordre dans les différents
éléments. Le mystère du dessin, on y
reviendra, est
décuplé par un récit labyrinthique
à
plusieurs niveaux ; on se retrouve ainsi parfois dans un conte que lit
un
personnage.
Le dessin est dans la lignée de 'la
nouvelle aux pis',
tout en lumières et en ombres, noir ou blanc pas
d'intermédiaires. Le récit est
entièrement graphique ; comme son
prédécesseur ce nouvel ouvrage est muet.
Le lecteur se
retrouve devant un théâtre d'ombres muettes. Cette
approche nous
renvoie aux papiers découpés des tableaux
traditionnels confectionnés durant les longues
soirées d'hiver en Suisse, plus particulièrement
par les
paysans dans 'le pays d'en haut', mettant en scène leurs
vaches.
Le bestiaire de Blanquet
penche lui plus du côté porcin, un
bestiaire dont vous ne ressortirez pas indemne...
[03 Avr. 07, Jean-Marc] 
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 Mahler - Flaschko 2 (L'Association, Autriche, 2007)
L'homme à la
couverture chauffante [qu'il ne quitte jamais], Flaschko
est de retour. Son quotidien se limite au salon au décor
minimaliste mais autosuffisant pour notre homme à savoir sa
couverture branché à une prise
électrique, son
fauteuil, sa télévision et sa maman (en fait, il
se
passerait volontiers de ce dernier élément). Vous
croyiez
avoir fait le tour de ses aventures trépidantes,
c'était
mal connaître Mahler
son géniteur dessinateur. Dans ces nouveaux
épisodes, la mère de Flaschko
découvre son journal intime (qu'il a
arrêté au bout
de trois jours). Elle doit quitter son fiston pour une intervention
à l'hôpital, que l'on suivra plus tard
à son retour
dans le salon : décor unique, je vous disais !
Mahler
dessine le
minimum, mais l'effet est maximum et vous risquez la crise
d'hilarité à sa lecture. Flaschko
a raison : une couverture chauffante suffit ...
enfin dans les mains de Mahler,
expert en drôleries, et en personnages aux grands nez, qui
dépasse de sa couverture pour son héros
nihiliste. Le
dessinateur autrichien nous livrera bientôt
'poèmes'
à sortir chez la Pastèque,
une série d'illustrations habillées d'un seul
titre, du haïku graphique !
[08 Mars 07, Jean-Marc] 
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