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Lisbonne. Le quartier « Bairro das Fontaínhas » est voué à la démolition. La famille Duarte vit dans ce quartier. Vanda Duarte était Clotilde dans Ossos , le précédent film de Costa. Elle est le sujet central de ce long documentaire, 3 heures tirées des 130 heures filmées.
Longue présence de Costa (un an de tournage).
Longs plans fixes attentifs à une forme singulière de vie : la vie dun corps abîmé par la drogue, dans un quartier quon détruit tranquillement mais sûrement, maison par maison.
Longs plans fixes : il me semble en effet quil ny a aucun mouvement de caméra pendant tout le film. Les fictions de Costa en contenaient pourtant de magnifiques. Je pense en particulier à toute la scène du bal dans Le Sang, et à lincroyable travelling de Ossos sur le jeune père marchant, courrant, obstiné.
Uniquement des plans fixes donc. Respiration du film.
Sinon la magie Costa est toujours là : lumière, couleurs, montage des vues. Et on retrouve les mêmes thèmes que dans les précédents films : des corps qui seffondrent, des corps qui se soutiennent, des êtres qui « combattent et qui participent ».
Le film explore en de multiples allers et retours la chambre, la maison, le sinueux quartier de Vanda. Il happe le spectateur par son rythme lent, simple, posé. Il autorise une espèce dintimité avec ce quil montre, laccès au monde de Vanda.
Vanda habite le film comme son quartier : entièrement. Les bulldozers font leur travail, les habitants du quartier sadaptent ; « cest la vie quon a choisie », rappelle Vanda à son ami. Pedro Costa nous montre une population étrangement forte dans son impuissance, une jeunesse à lantipode des canons occidentaux, une jeunesse « sans avenir », et déjà bien au-delà de lidée de résignation.
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